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1 série, 1 destin > Desperate Housewives

Robin Girard-Kromas
Publié le 18/06/2012 à 16:38 Mis à jour le 03/12/2012 à 10:59

« Rien n’est éternel, et à un moment ou à un autre, nous devons tous dire adieu au monde que nous connaissions, à tout ce que nous tenions pour acquis, à ceux qui, le pensions-nous, ne nous abandonneraient jamais » concluait Marie-Alice après une saison de Desperate Housewives. Cette dernière ne pouvait mieux prédire l’histoire de la série, adulée à ses débuts, puis lentement désertée par ses fidèles... Retour sur le destin des femmes au foyer les plus célèbres de la planète.

Le 18 mars 2002, Andrea Yates est condamnée par la justice texane à la prison à perpétuité. Les médias sont aux aguets et l’émotion est très vive alors que la jeune maman de 38 ans est accusée d’avoir noyé ses 5 enfants dans sa baignoire. Devant sa télévision, un scénariste dans le creux de la vague est intrigué. À 40 ans, Marc Cherry n’a pas réussi à se reconvertir après la fin de l’âge d’or des sitcoms. Ancien scénariste des Craquantes, ce dernier a connu une année difficile. La sitcom qu’il avait créée, Some of My Best Friends, n’a pas reçu l’accueil espéré. Centrée sur deux amis, l’un hétérosexuel, l’autre homosexuel, cette copie de Will & Grace avec Jason Bateman est plutôt mal accueillie par les critiques et le public. Après seulement 5 épisodes, CBS a décidé d’arrêter les frais. Marc Cherry se retrouve à nouveau au chômage et reste aux côtés de sa mère.

Horrifié par les atrocités commises par Andrea Yates, Marc Cherry interroge sa génitrice : Comment peut-on arriver à un tel point de non-retour ? La réponse qu’il reçoit n’est pas celle qu’il attendait. Martha, sa mère, la « parfaite épouse et femme au foyer », lui indique avoir, elle aussi, connu de grands moments de désespoir au cours de sa vie. Pour Marc Cherry, c’est la révélation : les Desperate Housewives sont nées.

Le chemin de croix du scénariste ne fait que débuter. Habitué des sitcoms, Marc Cherry choisit dans un premier temps d’écrire Desperate Housewives comme une dramédie au format 22 minutes. En avril 2002, le premier script est finalisé et Cherry propose son idée à un maximum de diffuseurs : des grands networks (CBS, NBC, Fox), des chaînes câblées premium (HBO, Showtime) ainsi qu’à la chaîne câblée préférée des femmes, Lifetime. Sans succès.

Personne ne semble croire en son projet et l’argent commence à manquer. Son agent vient d’être condamné et emprisonné pour détournement de fonds. Marc Cherry va alors prendre l’une des meilleures décisions de sa vie : faire appel à l’agence Paradigm Talent Agency pour le représenter. Marc Cherry raconte : « J’étais dévasté par la condamnation de mon agent. Je suis arrivé à Paradigm et ils ont lu et adoré mon script de Desperate Housewives. Mais ils m’ont clairement dit « Personne ne sait quoi faire d’une dramédie, vous devriez faire quelques changements pour en faire un soap » ». Un excellent conseil qui va permettre à Desperate Housewives de passer une nouvelle étape.

Plus d’un an après sa première idée, Marc Cherry propose le script remanié à ABC. La chaîne est enthousiaste et décide d’acheter un script plus développé, rejoint par un ancien de Melrose Place, Chuck Pratt, qu’elle pourrait produire via sa filiale Touchstone Production. Et déjà, Desperate Housewives se distingue des autres : fait extrêmement rare, la chaîne s’exprime sur le projet alors même que seul un script a été commandé. Dans un communiqué de presse, le chef du développement des dramas d’ABC Thom Sherman qualifie ainsi la première ébauche de script de « très croustillant et très drôle » tandis que le chef du développement à Touchstone affirme qu’il se dégage du scénario « un ton complètement nouveau ». Desperate Housewives est alors décrite comme un mélange d’American Beauty et de Côte Ouest. La machine est enclenchée.


Trois mois plus tard, le 9 janvier 2004, Desperate Housewives franchit une nouvelle étape avec la commande d’un épisode pilote. Intervient alors une nouvelle période de développement, elle aussi marquée par bon nombre de rebondissements. Le premier réalisateur engagé par ABC décide ainsi de quitter le navire apparemment après avoir appris que le choix du casting serait une décision de groupe et non la sienne. Le Britannique Charles McDougall, intervenu par le passé sur Sex and the City, est finalement choisi pour réaliser le pilote. Ce dernier racontera par la suite la difficulté de son rôle : concilier son propre avis avec celui des scénaristes, des producteurs, du studio Touchstone et de la chaîne ABC.

Février 2004, les Upfronts approchent et Desperate Housewives n’a toujours pas trouvé ses acteurs. Démarre alors un grand casting où plus de 150 femmes vont s’affronter pour seulement quatre rôles très convoités. Eva Longoria, apparue dans Les feux de l’amour, est la première à décrocher son précieux sésame. Celle-ci racontera par la suite son audition « C’était mon cinquième casting de la journée, je n’avais eu le temps de lire que les dialogues de Gabrielle et pas le reste du scénario. Marc Cherry m’a demandé ce que je pensais du script, je lui ai dit que je n’avais lu que ma partie, et il m’a dit « Je sais que vous êtes faite pour ce rôle car c’est exactement ce que Gabrielle dirait » ! ». Par la suite, on apprendra que Roselyn Sanchez (FBI : portés disparus) avait également auditionné pour incarner ce personnage.

Seulement 24 heures après Eva Longoria, Felicity Huffman obtient le rôle de Lynette en parlant de sa propre expérience de mère. Deux ans plus tard, l’actrice Alex Kingston (Urgences) affirmera avoir été rejetée en raison de sa corpulence. « Je n’ai pas eu le rôle car j’étais trop grosse. Selon moi, toutes ces actrices ne ressemblent pas à des femmes au foyer désespérées, mais à des mannequins désespérés ! », déclarera-t-elle ainsi. Si Gabrielle et Lynette ont été castées rapidement, les hésitations sont bien plus nombreuses pour Susan et Bree. Marc Cherry souhaitait en effet avoir Courteney Cox et Dana Delany, sans succès. Teri Hatcher, convoquée par ABC afin d’auditionner pour la sitcom Hot Moms, décroche finalement son précieux sésame, coiffant au poteau (selon plusieurs rumeurs) Calista Flockhart, Mary-Louise Parker, Sela Ward ou encore Julia Louis-Dreyfus.

Ce n’est que près d’un mois après le casting d’Eva Longoria que Marcia Cross est choisie pour interpréter le personnage de Bree. Cette dernière avait auditionné au départ pour le rôle de Mary-Alice, et Nicolette Sheridan pour celui de Bree. Les choix enfin arrêtés, ABC n’est pas satisfaite. La chaîne souhaite en effet absolument une actrice asiatique dans le casting ! De nouvelles auditions sont organisées, mais aucune candidate ne se distingue et Marc Cherry parvient à convaincre la chaîne de ses choix. Par la suite, le réalisateur Charles McDougall dépeindra cette difficile période de casting, déclarant : « Une fois que nous avons enfin choisi, nous devons présenter les acteurs au studio de production puis à la chaîne. Encore une fois, les acteurs doivent se « vendre » devant eux (...), mais à chaque étape, leur jeu se détériore alors que les enjeux sont de plus en plus importants. Finalement nous avons tout de même réussi à nous entendre malgré plusieurs désaccords... »

Le casting achevé, place au tournage du dit pilote. La production dépense près de 700 000 $ afin de créer une partie du décor de Wisteria Lane. Une nouvelle fois, Charles McDougall raconte : « Le tournage s’est bien passé. Les quatre actrices forment un groupe soudé en restant toutefois très individuelles. Mais nous sommes satisfaits de notre casting ». Le pilote monté, les producteurs, les scénaristes, les représentants du studio et de la chaîne se donnent rendez-vous face au panel test. 124 personnes, moitié hommes, moitiés femmes, sont observées. Toutes leurs réactions sont ainsi étudiées à la loupe. « Les émotions du public masculin ont été plus fortes que celle du féminin une seule fois durant tout le pilote, quand Eva Longoria enlève le haut ! » révélera par la suite Charles McDougall.


Après visionnage du pilote, ABC est séduite. À l’époque, la chaîne vit une période de transition très difficile alors qu’elle vient de chuter à la quatrième position auprès des 18-49 ans, derrière CBS, NBC et FOX. L’arrêt soudain de Qui veut gagner des millions ? a laissé une grille des programmes chaotique et la chaîne a un besoin de renouveau certain. Le dimanche soir, Alias connaît de plus en plus de difficultés à 21 heures, passée de 10 millions de fidèles en début de saison à 7.6 millions de présents pour le dernier épisode de la saison 3.

Le 18 mai 2004, ABC annonce finalement sa grille des programmes pour la saison 2004/2005. Parmi les nouveautés figure Desperate Housewives en lieu et place d’Alias, le dimanche à 21 heures. Les jours qui suivent, les chaînes concurrentes annoncent également leur programme : Desperate Housewives sera opposée au film du dimanche soir sur CBS, des comédies sur FOX et New York Police Criminelle sur NBC. Une rude concurrence.

En commandant la série, ABC a toutefois exigé plusieurs changements. Exit Sheryil Lee dans le rôle de Mary-Alice, Kyle Searles dans le rôle de John Rowland et Michael Reilly Burke dans celui du mari de Bree, Rex Van de Kamp. Ces derniers sont ainsi mis à la porte et remplacés par Brenda Strong, Jesse Metclafe et Steven Culp. Pour le second, le but aurait été de rendre le jardinier de Gabrielle plus « sexy ».

Durant l’été, ABC et l’agence de publicité OMD lancent une immense campagne de promotion. Début septembre, près d’un million de sacs en plastique pour le nettoyage à sec sont ainsi distribués à New York et Los Angeles. Sur chacun d’eux, on retrouve les quatre actrices principales et l’inscription « Everybody has some dirty laundry » (tout le monde a du linge sale). La campagne est un immense succès. Mike Benson, l’un des responsables du marketing à ABC, affirmera par la suite : « Cette campagne sortait de l’ordinaire et nous permettait de toucher notre cible, mais aussi de les faire parler du show à d’autres personnes ». En plus de ces sacs, de nombreuses publicités sont proposées sur la chaîne et dans les magazines féminins. Autre excellente publicité pour Desperate Housewives, les critiques sont quasi unanimes sur la qualité de la série. De ce fait, le lancement du programme le dimanche 3 octobre 2004, une semaine après le début de la saison, est un vrai évènement...

Pour les premiers pas des Housewives sur ABC, le public répond présent. Près de 21.4 millions de téléspectateurs sont au rendez-vous, soit le meilleur démarrage pour un drama de la chaîne depuis 11 ans. La série d’ABC est très largement devant le film de CBS (9.4 millions) et New York Police Criminelle sur NBC (11.0 millions). Auprès des 18-49 ans, public chéri des annonceurs, la série fait aussi un carton avec un taux de 8.9%. Ainsi, près d’un américain sur dix (de cette tranche d’âge) était devant le programme ! Surtout, le show n’a pas été aussi segmentant que la chaîne pouvait le craindre. Steve McPherson, président d’ABC Entertainment à l’époque, indiquait ainsi sa surprise à propos des résultats : « Le public est extrêmement varié. Les hommes étaient aussi au rendez-vous ! » s’exhalte-t-il. En effet, Desperate Housewives était ce soir-là le programme le plus suivi par les hommes de 18 à 34 ans, très loin devant la concurrence.


Le succès de Desperate Housewives lui attire toutefois quelques ennuis : une association conservatrice de parents lance une campagne de protestation auprès des annonceurs afin qu’ils retirent leurs publicités du programme pour protester contre le contenu de la série. Si certains répondent à cet appel, le plébiscite de Desperate Housewives est trop important pour passer à côté et nombreuses sont les marques prêtes à payer les 400 000 dollars nécessaires pour un spot de 30 secondes.

L’effet de curiosité passé, les analystes craignent un effondrement des audiences. Mais pour son second épisode, la série voit seulement partir 1.4 million de téléspectateurs (-7%), une performance honorable pour une nouveauté. En effet, ces dernières perdent généralement entre 10 et 20% de leur audience lors du second épisode. De plus, dès la semaine suivante, fait rare, Desperate Housewives retrouve le public et affiche près de 20.9 millions de curieux. La série se classe ainsi parmi les 5 programmes les plus regardés de la semaine.

Le 24 octobre 2004, seulement trois semaines après son lancement, Desperate Housewives bat déjà son record d’audience avec 21.5 millions de téléspectateurs. La série était pourtant opposée à du Baseball, suivi par près de 25.5 millions d’Américains sur FOX ! Par la suite, à chaque semaine son nouveau record, notamment le 7 novembre avec 24.6 millions de téléspectateurs au rendez-vous.

Sans surprise, dès le mois de novembre, ABC annonce la commande d’une saison complète de Desperate Housewives. Dans un communiqué la chaîne indique que la série affiche en moyenne un taux de 9.0% sur les 18-49 ans, de quoi en faire très largement la nouveauté la plus regardée sur ce public.

À mesure que les semaines passent et que le mystère autour de Mary-Alice s’épaissit, le public se fait plus nombreux. En novembre, Desperate Housewives créé à nouveau le scandale avec la diffusion d’un spot mettant en scène Eddie Britt, vêtue d’une simple serviette, séduisant un joueur de football américain (ABC diffusait le match de football du lundi, ndlr). Le 28 novembre, Desperate Housewives bat une nouvelle fois son record d’audience en l’absence de New York Police Criminelle. 27.2 millions de fidèles sont présents pour découvrir les conséquences de la conduite irresponsable d’Andrew et de l’accident de Mama Juanita. Une semaine plus tard, face à la finale de l’institution Survivor (Koh Lanta) sur CBS (19.7 millions), Desperate Housewives ne désemplit pas et remporte le duel malgré une certaine baisse d’audience (21.6 millions).

Quand la série quitte l’antenne le 19 décembre 2004, ses 10 premiers épisodes affichent ainsi une moyenne de 22.6 millions de téléspectateurs. Desperate Housewives rapidement de retour, l’addiction du public à Bree, Susan, Gabrielle et Lynette ne se dément pas. Golden Globes (17 millions), demi-finale du Superbowl (44 millions) : Desperate Housewives ne craint rien et se maintient au-dessus des 25 millions de téléspectateurs. En plus de ce succès auprès du public, la série est récompensée : un Golden Globe de meilleure comédie et de meilleure actrice pour Teri Hatcher (seule Eva Longoria n’était pas nommée dans la catégorie) !


Lorsque la série s’absente pour un break de plus d’un mois, l’attente des téléspectateurs n’en est que démultipliée et les belles audiences s’enchainent sans que la concurrence ne puisse rien y faire. Desperate Housewives monte en puissance à mesure que le mystère du suicide de Mary-Alice semble proche de se résoudre. Deux semaines avant le grand final, près de 26 millions d’Américains sont scotchés devant leur écran. Et même face à la finale de Survivor, plus personne ne décroche : la série se maintient à un niveau extrêmement élevé.

Mais en coulisse, le succès de Desperate Housewives créé de nombreuses jalousies entre les actrices. En avril 2005, la couverture de Vanity Fair se fait ainsi l’écho des premières tensions sur le plateau de tournage. Invitées pour un photo shoot exclusif, les cinq stars de la série étonnent par leur comportement, qui va même pousser le magazine à publier un article sur l’envers du décor. On y apprend ainsi les détails surprenants du shooting photo. Dès le début de la séance, un représentant de la chaîne ABC serait ainsi intervenu pour demander que « Teri Hatcher ne soit pas la première à choisir sa tenue et ne soit pas au centre de la photo ». Mais problème, l’ex-héroïne de Lois & Clark avait déjà étudié la garde-robe du shooting avec sa styliste quelques jours plus tôt. Réaction alarmée du représentant d’ABC : « Ce n’est pas possible ! Je reçois des sms d’Eva (Longoria), ça ne va pas ». Autre souci pour les actrices : le placement sur la photo. Marcia Cross se serait ainsi emportée en découvrant que Teri Hatcher serait au centre de la photographie, lançant des jurons au représentant d’ABC. Les autres actrices n’auraient ainsi pas apprécié la plus forte exposition (et le Golden Globe) donnée à l’ex star de Lois & Clark. De son côté, Teri Hatcher se serait effondrée en larmes, cherchant du réconfort au téléphone... un vrai soap !

Les tensions ne viennent toutefois pas perturber l’affection du public pour les femmes au foyer désespérées. Le 22 mai 2005, tout semble ainsi fait pour que Desperate Housewives décroche un nouveau record. La concurrence est inexistante : CBS et NBC proposent des rediffusions. Côté intrigues, Carlos s’apprête à apprendre la relation extra-conjugale de sa femme, le mari de Bree est en danger tandis que Susan est retenue otage par Zach ! Mais surtout, le public est sur le point d’apprendre enfin le point de départ de toute la série, le suicide de Mary-Alice. Sans surprise, Desperate Housewives crève le plafond et atteint une audience phénoménale : 30.6 millions de téléspectateurs sont sans voix face au dernier épisode explosif de la saison 1. Le taux sur les 18-49 ans est lui aussi exceptionnel : 13.4%, tout comme la part de marché de 31%. Desperate Housewives réalise ainsi la meilleure audience pour la fin de saison d’une nouvelle série depuis 10 ans et Urgences. De plus, il s’agit de la plus forte performance pour un drama d’ABC depuis septembre 1991 !

La barre est très haute et maintenant que le mystère du suicide de Mary-Alice est révélé, les scénaristes doivent impérativement trouver un moyen de retenir le public en introduisant une nouvelle intrigue aussi forte. En attendant, ABC ne compte pas se reposer sur ses lauriers et mise une fois de plus sur les sacs de linge. La chaîne voit désormais plus grand en étirant le dispositif à 2 villes supplémentaires (Philadelphie et Chicago) et en doublant le nombre de sacs à 2 millions. Mais Desperate Housewives va surtout bénéficier des nombreuses cérémonies de récompenses se déroulant entre la saison 1 et 2.


Dès le mois de juillet, Desperate Housewives se distingue avec pas moins de 14 nominations aux Emmy Awards. Quelques jours plus tard, la série est élue « programme de l’année » aux Television Critics Association Awards. En septembre, peu avant la reprise de la série, Felicity Huffman décroche l’Emmy de « meilleure actrice » devant Marcia Cross et Teri Hatcher. Une fois encore, Eva Longoria n’était pas nommée. Cette dernière peut toutefois se consoler avec un Teen Choice Awards reçu un mois plus tôt... Le casting dans sa globalité est lui-même récompensé d’un Emmy tout comme Kathryn Joosten pour son interprétation de Karen McCluskey. Outre cette dernière, plus jamais personne ne remportera d’Emmy grâce à Desperate Housewives après 2005...

Unanimement saluée, Desperate Housewives démarre sa seconde saison sous l’œil critique de la presse américaine prête à souligner le moindre faux pas. La série n’a pas changé de case horaire et la concurrence n’a pas évolué par rapport à l’année précédente, tout semble donc en place pour un démarrage de saison record. Et le dimanche 25 septembre, cela ne manque pas. Plus de 28.4 millions de téléspectateurs découvrent les funérailles de Rex Van de Kamp et le nouveau mystère entourant la famille Applewhite. Desperate Housewives réalise ainsi le meilleur démarrage d’une saison depuis près de 9 ans sur la chaîne et affiche toujours d’excellentes performances auprès des 18-49 ans (taux de 12.1%). En face, la concurrence est laminée, notamment Cold Case sur CBS (13.7 millions).

Les premiers épisodes de la saison 2 s’enchainent et tous les téléspectateurs ne semblent pas y trouver leur compte. Chaque semaine, Desperate Housewives perd ainsi près d’un million de fidèles, chutant à 25 millions un peu moins d’un mois après son retour. Dans USA Today, Robert Bianco s’interroge alors sur la qualité de ce début de saison, reprochant à Marc Cherry de ne pas avoir écrit un seul épisode. Les critiques dans la presse commencent ainsi à se faire plus nombreuses. Mais les fidèles restent présents et la série affiche une moyenne de 26 millions de téléspectateurs jusqu’à la fin 2005.

De retour après un mois d’absence, Desperate Housewives poursuit sa chute. Le 8 janvier 2006, ils ne sont plus que 23.7 millions à assister au retour de Lynette, Gabrielle, Susan et Bree. Bien que la concurrence ne bouge pas d’un poil, le public tend à abandonner ses ménagères préférées. Absentes pendant plusieurs semaines, les péripéties de ces dernières intéressent de moins en moins. En mars, la moyenne de la série tombe ainsi sous les 22 millions de téléspectateurs.

En avril, Lifetime annonce avoir acquis les droits non exclusifs de rediffusions de Desperate Housewives pour un peu moins de 700 000 $ par épisode. En moins de deux saisons, fait rare pour une série feuilletonnante, le carton d’ABC a déjà trouvé un refuge. À partir d’août 2006, la chaîne câblée au public féminin pourra ainsi proposer les rediffusions des deux premières saisons. ABC espère de ce fait attirer un public toujours plus nombreux pour les inédits sur son antenne.

La vente de la série en syndication ne permet toutefois pas à ABC de retrouver le sourire : en avril, Desperate Housewives poursuit son inexorable chute dans les audiences. Le mystère des Applewhite passe au second plan tandis que des intrigues plus légères, telle que l’addiction au sexe du fils de Lynette, sont mises en avant. Le public ne s’y retrouve plus, les beaux jours arrivent avec le changement d’heure, habituellement dommageable pour les audiences de la télévision, et Wisteria Lane est de moins en moins rempli. Ainsi, le 16 avril, Desperate Housewives ne peut plus compter que sur 20 millions de téléspectateurs, la plus basse performance de son histoire.


Plus globalement, la baisse d’audience des Housewives s’explique aussi par la baisse d’intérêt du programme dominical entier de la chaîne. Ainsi, entre 20 heures et 21 heures, soit juste avant la série de Marc Cherry, le programme de divertissement Les Maçons du cœur perd du terrain : un peu plus de 13 millions de fidèles au rendez-vous en avril 2006 contre 16.3 millions de fans en 2005.

Pour la seconde saison, ABC a décidé d’offrir un final en beauté aux Desperate Housewives avec un double épisode évènement. Pour retrouver les fidèles perdus, la chaîne fait le choix de proposer ce dernier le 21 mai 2006, alors que la concurrence est affaiblie. En effet, CBS et NBC ont déjà proposé les fins de saisons de leurs programmes respectifs une semaine auparavant. Cette judicieuse stratégie permet à Wisteria Lane de faire le plein en réunissant près de 24.2 millions de fidèles, sa meilleure audience depuis janvier. Globalement, la seconde saison aura rassemblé 24.1 millions de curieux, soit exactement le même nombre de téléspectateurs que la saison 1. Ces moyennes ne sont toutefois que des trompe-l’œil, car elles ne prennent pas en compte l’évolution des deux saisons : alors que la première avait été marquée par un intérêt toujours plus vif du public, la seconde a démarré fort avant de voir le public se désintéresser. D’autant qu’à cette époque, l’excuse des visionnages en différé ne tient pas : le taux de pénétration des « DVR » (enregistreurs qui permettent de regarder la série en différé) est inférieur à 5% [il est aujourd’hui de 43%].

Malgré une baisse de forme de son programme de divertissement Les Maçons du cœur et de Desperate Housewives, ABC décide lors de ses upfronts de ne pas modifier son programme dominical de 20 heures à 22 heures pour la saison suivante. Il faut dire que la chaîne fait déjà un très gros pari avec le déplacement de Grey’s Anatomy, proposé auparavant après Desperate Housewives, au jeudi soir. En face, la concurrence évolue : New York Section Criminelle laisse place au match de football du dimanche soir sur NBC.

Pour son retour le 24 septembre 2006, Desperate Housewives est attendue au tournant. Les résultats sont très satisfaisants avec 24.1 millions de curieux au rendez-vous. Malgré tout, la série ne bénéficie absolument pas du changement de concurrence : les anciens téléspectateurs de NBC se reportent en effet sur Cold Case chez CBS, qui semble de plus en plus proche des Housewives. Après avoir pris connaissance du « mystère de la saison » concentré sur le personnage d’Orson Hodge, le public disparaît : 3 millions de téléspectateurs désertent dès le deuxième épisode. Quelques semaines plus tard, précédées par une rediffusion des Maçons du cœur et non un inédit, les Desperate Housewives sombrent sous la barre symbolique des 20 millions de téléspectateurs.

Pour retrouver les fidèles de la première heure, Marc Cherry et ses équipes ont la bonne idée de mettre en place un épisode « évènement » dans lequel l’un des personnages principaux perdra la vie. À grand coup de promotion, l’opération est un succès : « Bang », septième épisode de la saison 3, permet à la série de réaliser un excellent score avec 22.7 millions de téléspectateurs au rendez-vous pour la prise d’otage et la mort de Nora. Jamais la série ne parviendra à retrouver un aussi haut niveau.


Après avoir réuni en moyenne 21.6 millions de téléspectateurs pour ses 10 premiers épisodes, Desperate Housewives part en hiatus de près d’un mois et demi. À son retour en janvier 2007, NBC dégaine son nouveau show au public plus féminin que le football : Grease, You’re the One that I Want !. Cette nouvelle télé-réalité, des producteurs du carton Danse avec les stars, se propose de trouver les deux rôles principaux de la nouvelle version de la comédie musicale culte. Opposé à Wisteria Lane avant de laisser place à The Apprentice, Grease perturbe l’équilibre établi en affichant 12 millions de curieux, dont beaucoup de femmes. Entre absence et nouvelle concurrence, le retour de Desperate Housewives déçoit : 18.7 millions de présents seulement. Et face à l’arrivée de 24 la semaine suivante, c’est la désillusion : 16.8 millions de fans seulement.

De plus, les scénaristes n’ont pas souhaité intégrer la grossesse de Marcia Cross, annoncée en septembre 2006, à l’intrigue de la série. L’actrice a ainsi été congédiée de Desperate Housewives pour les 6 derniers épisodes de la saison. De ce fait, le fameux « mystère de la saison » autour de Monique et Gloria doit impérativement être résolu avant le départ de Bree. Le quinzième épisode de la saison marque ainsi la révélation du meurtre de Monique par Gloria et la paralysie générale de cette dernière. Des péripéties suivies avec attention par près de 18.5 millions de téléspectateurs, la meilleure audience de la série depuis son retour en janvier.

Cependant, Marc Cherry a cassé une mécanique qui avait jusque-là toujours très bien fonctionné : la saison n’est pas terminée et il n’y a plus de mystère. Pour remplacer Marcia Cross et Bree, le créateur décide de faire appel au personnage de Nicolette Sheridan, Edie. Pour ne rien arranger, pour ses derniers épisodes, Desperate Housewives doit affronter les ultimes épisodes des Sopranos sur HBO...

Ainsi, le 8 avril 2007, alors qu’ABC propose le dix-septième épisode de Desperate Housewives, les Sopranos font leur retour sur HBO. Et bien que les mafieux du câble soient moins en forme qu’autrefois, leurs 8 millions de fans n’aident pas les ménagères désespérées. Celles-ci tombent à leur plus bas niveau historique avec tout juste 15.9 millions de curieux au rendez-vous. Absence de Marcia Cross ? Fin du mystère de la saison trop tôt ? Edie Britt peu convaincante ? Retour des Sopranos ? Nombreuses sont les justifications de cette forte chute d’audience.

Les semaines passent et la baisse de régime de Desperate Housewives semble inexorable. Sans aucune vraie concurrence, le final permet toutefois à la série de retrouver quelques couleurs avec près de 18.8 millions de fidèles. Globalement, cette troisième saison aura vu le public une nouvelle fois déserter avec 19.2 millions de fans, soit 5 millions de moins que la saison 2. Surtout, les 7 derniers épisodes auront montré des signes de fatigue inquiétants avec une moyenne de 16.8 millions de curieux...

Une nouvelle fois, ABC décide de conserver ses soirées dominicales sans toucher à Desperate Housewives, ni aux Maçons du cœur. La chaîne a peur de précipiter encore un peu plus la chute de son hit d’antan et préfère maintenir les habitudes des téléspectateurs. De plus, la série ne peut désormais plus compter sur un soutien infaillible des critiques et les Emmys l’ont oubliée.


Marc Cherry a bien conscience de la perte de vitesse de sa série. Pour la quatrième saison, ce dernier décide de revenir à un « grand mystère » avec l’introduction du personnage de Katherine Mayfair, interprété par Dana Delany. L’actrice, que Marc Cherry souhaitait depuis longtemps voir dans sa série, est accompagnée par Nathan Fillion et Lyndsy Fonseca. En plus de cette nouvelle famille, le créateur de Desperate Housewives n’est pas passé à côté du succès de « Bang », l’épisode évènement de la saison 3, et compte bien réitérer l’opération cette année.

Porté par un cliffhanger très puissant dans lequel Edie Britt se suicide, le premier épisode de la saison 4 est un succès avec 19.3 millions de fidèles au rendez-vous, soit 500 000 de plus que pour la fin de la troisième salve d’épisodes. La concurrence habituelle du football et Marcia Cross sont de retour et le public retrouve ses habitudes. Desperate Housewives se maintient ainsi à un haut niveau avec plus de 18 millions de téléspectateurs en moyenne.

Alors que la série est sur la bonne pente après avoir affronté de plus vives critiques et l’absence de Marcia Cross l’année précédente, Desperate Housewives doit faire face à un nouveau challenge : la grève des scénaristes. Lancé le 7 novembre 2007, le mouvement se bat pour une meilleure rétribution de ces derniers notamment sur les nouveaux supports internet et sur le numérique. En effet, ceux-ci ne touchaient que 0.4% sur ces ventes. Devant l’avis de non-recevoir des grands majors, la grève avait débuté et les grandes chaînes américaines avaient vu leur stock d’épisodes inédits diminuer comme peau de chagrin. De leur côté, les acteurs avaient affiché leur soutien aux scénaristes, notamment Eva Longoria, Nicolette Sheridan et Felicity Huffman.

Alors que rien ne va plus en coulisses, ABC poursuit la diffusion de Desperate Housewives sur son antenne, bien que le nombre d’épisodes inédits se fasse de plus en plus réduit. Le 2 décembre 2007, la chaîne propose ainsi l’épisode « évènement » de la saison 4 à l’occasion de son départ pour le traditionnel hiatus d’hiver. La tornade, qui sera fatale à l’un des personnages, intrigue le public qui répond massivement présent. Desperate Housewives attire ainsi près de 20.7 millions de téléspectateurs, sa plus forte audience depuis plus d’un an.

Dès janvier, les téléspectateurs sont tout aussi impatients à l’idée de découvrir les conséquences de la terrible tornade. 19.8 millions de curieux sont ainsi au rendez-vous. Malheureusement pour ABC, la chaîne n’a plus d’inédits à proposer les semaines suivantes. Démarre alors une longue période de disette pour les fans de séries durant laquelle les grands networks américains ne proposent plus que de la télé-réalité et autre programme ne nécessitant pas la présence de scénaristes.


Bien que la grève s’achève en février 2008, le mal est fait. Le temps d’écrire et de produire les dits épisodes, Desperate Housewives n’est prête à revenir à l’antenne qu’à partir d’avril 2008. Près de 4 mois se sont ainsi écoulés depuis le dernier inédit et les téléspectateurs ont trouvé d’autres refuges pour leur soirée dominicale. Pour son retour, le 16 avril 2008, c’est la douche froide : seulement 16.4 millions de fidèles sont au rendez-vous, soit 3.4 millions de moins que pour le dernier inédit.

Au cours des semaines suivantes, Desperate Housewives ne parvient pas à remonter la pente. Et pour la première fois dans son histoire, la résolution du « mystère de la saison » n’intéresse même plus le public : le double épisode final n’attire en effet que 16.8 millions de téléspectateurs, soit à peine un peu plus que les derniers inédits. Pourtant, la concurrence est très réduite alors que la grève des scénaristes a touché tous les networks.

Si la grève des scénaristes peut être pointée du doigt, il faut également noter le développement des nouveaux modes de visionnages des séries. Ainsi, le taux de pénétration des « DVR » est désormais proche de 25%, contre moins de 3% deux ans plus tôt. En moyenne, cette quatrième saison aura réuni près de 17.8 millions de téléspectateurs, soit 1.4 million de moins que l’année précédente. Malgré tout, Desperate Housewives semble avoir limité la casse après la descente en flèche de la saison 2007-2008. ABC décide donc, une nouvelle fois, de ne pas déplacer les Housewives ni les Maçons du cœur afin de ne pas perturber les téléspectateurs.

Côté intrigues, Marc Cherry est beaucoup moins prudent et décide de proposer un bon de 5 ans en avant dans le temps. Une opération saluée quasi unanimement par la presse à l’époque. TV Guide, hebdomadaire télé culte aux États-Unis, donne ainsi un « A » aux premiers épisodes tandis qu’Entertainment Weekly les gratifie d’un « B+ ». Le risque pris par les créateurs de Desperate Housewives est ainsi salué.

Les téléspectateurs sont, eux aussi, intrigués par le choix de Marc Cherry et répondent largement à l’appel le 28 septembre 2008 pour le lancement de la saison 5. Desperate Housewives peut ainsi compter sur près de 18.7 millions de personnes, sa meilleure performance depuis l’absence causée par la grève des scénaristes. Mais, visiblement, les fans sont moins convaincus que les critiques et dès la semaine suivante, ils désertent massivement : Desperate Housewives subit ainsi une perte de 3 millions de téléspectateurs.


De l’autre côté de l’écran, les péripéties se poursuivent également. Nouveau personnage de la cinquième saison, Gale Harold est victime d’un accident en octobre 2008. Tout cela force les scénaristes à modifier l’histoire de son personnage, Jackson, avec Susan. Le retour annoncé de l’acteur passera finalement inaperçu et ce dernier ne sera pas invité à revenir pour la saison 6.

Alors que les audiences restent « désespérément » inférieures à 16 millions de téléspectateurs, les scénaristes font appel à leur botte (plus vraiment) secrète : un épisode « évènement » avec pour la saison 5, un incendie à Wisteria Lane. Malgré la promotion habituelle, le show n’arrive plus à mobiliser les fans et gagne tout juste un million de téléspectateurs pour cet épisode, suivi par 16.8 millions de curieux. Surtout, l’effet recherché est de très courte durée puisque dès la semaine suivante, la série repasse sous les 16 millions.

Les critiques sont de plus en plus fortes à l’égard de la qualité du show, et son retour en janvier 2009 est une terrible désillusion : seuls 14.4 millions de curieux sont au rendez-vous face à la nouvelle émission de danse de NBC, Superstars of Dance. Les fans semblent difficilement répondre aux nombreux changements occasionnés par le bond de 5 ans dans le temps, tandis que le « mystère de la saison » ne semble pas intriguer le public.

De plus, alors qu’elle y était plutôt insensible auparavant, Desperate Housewives fait de plus en plus les frais de toute concurrence inhabituelle. Le 11 janvier, face aux Golden Globes, Gabrielle, Lynette et les autres ne sont suivies que par 13.8 millions de curieux. Le 18 janvier, face à la demi-finale précédant le Superbowl (suivie par plus de 40 millions de fidèles), Desperate Housewives est au plus bas avec tout juste 13.1 millions de téléspectateurs.

À court de solution, alors que les audiences chutent sous les 14 millions, les scénaristes décident de se débarrasser de l’un des personnages forts de la série : Edie Britt. Desperate Housewives ne semble ainsi parvenir à faire parler d’elle qu’à travers divers « évènements coups de poing ». Le départ de Nicolette Sheridan est alors annoncé en février 2009. Malgré cela, la série ne parvient pas à redécoller et la disparition du personnage d’Edie est jugée plutôt ratée.

Après avoir sombré le 10 mai 2009, sans aucune concurrence particulière, à 12.3 millions de curieux seulement, Desperate Housewives conclut sa cinquième salve d’épisodes devant 14 millions de téléspectateurs, une déception. En face, la finale de Koh Lanta est proche de détrôner les ménagères avec près de 13 millions de fidèles tandis que Les Griffin sont menaçants auprès des 18-49 ans. Plus globalement, c’est toute la soirée dominicale de la chaîne qui bat de l’aile : Les Maçons du cœur ne dépassent plus les 10 millions de fidèles, Brothers & Sisters est en difficulté... En moyenne, la saison 5 de Desperate Housewives a ainsi séduit 3 millions de téléspectateurs de moins que la saison 4.


Entre temps, l’hypothèse d’un spin-off autour de Mme McCluskey se développe à Hollywood. Cette dernière mènerait ainsi l’enquête avec sa sœur Roberta, apparue dans la saison 5 de Desperate Housewives, dans un nouveau quartier des États-Unis. ABC rejette toutefois l’idée et le spin-off ne verra jamais le jour.

Malgré des signes de fatigue inquiétants, ABC refuse, une nouvelle fois, de changer quoi que ce soit pour la saison 2009-2010. De plus en plus menacée, la chaîne préfère se consacrer à d’autres soirées en péril comme celle du mercredi, laissant mourir à petit feu tous ses programmes du dimanche. La chaîne bénéficie toutefois d’une chance rare : ses adversaires ne sont absolument pas offensifs. CBS se contente des performances moyennes de Cold Case et FOX ne souhaite pas modifier son habituel carré sitcoms.

Bien qu’écrit par Marc Cherry en personne, le premier épisode de la saison 6 n’inverse pas la tendance avec tout juste 13.6 millions de fidèles. Un nouveau mystère est introduit avec l’arrivée d’Angie Bolen à Fairview et le public semble peu à peu retrouver un intérêt aux ménagères qu’il adulait autrefois. Pour la première fois dans l’histoire de la série, Desperate Housewives progresse ainsi après le lancement de la saison. Les résultats des premiers épisodes sont corrects avec près de 14 millions de fans.

Comme chaque année désormais, Marc Cherry compte sur son épisode « catastrophe » pour remonter encore un peu plus haut dans les audiences. Et pour la saison 6, ce dernier compte sur un crash d’avion pour épicer la vie quotidienne des habitants de Wisteria Lane. Une nouvelle fois, l’objectif escompté est atteint avec 14.9 millions de curieux au rendez-vous, la meilleure performance de la série depuis près d’un an. Ce dernier permet même à l’épisode suivant, proposé un mois plus tard, de séduire près de 15.4 millions de curieux.

Mais comme d’habitude, la stratégie de l’évènementiel obtient des résultats à court terme sans changer le fond du problème. Deux semaines après le retour de la série, opposée aux Golden Globes et au retour de 24, Desperate Housewives est plus basse que jamais avec tout juste 11.3 millions de téléspectateurs. Pire, Susan, Gabrielle, Lynette et Bree sont battues par Jack Bauer sur FOX !

Les semaines passent et rien ne s’arrange avec la nouvelle concurrence de la télé-réalité Patron Incognito sur CBS. Le 18 avril 2010, Desperate Housewives décroche à nouveau un triste record à la baisse avec seulement 10.6 millions de fidèles. Et si les fans accusent la diffusion « en gruyère » de la série, une locomotive faible avec des rediffusions des Maçons du cœur et la concurrence, Desperate Housewives n’est plus capable d’attirer par elle-même le public. De plus, les intrigues auxiliaires de la série sont de plus en plus pointées du doigt.


En coulisses, rien ne va plus non plus pour Desperate Housewives. En avril, Nicolette Sheridan attaque ainsi le créateur du show Marc Cherry, qu’elle poursuit pour « violences sur le tournage » qui auraient provoqué son départ précipité de la série. Cette dernière affirme ainsi que Marc Cherry l’aurait frappée violemment au visage avant de la supplier de lui pardonner. En plus d’écorner l’image du show, Nicolette s’en prend également à la chaîne, à qui elle reproche de ne pas avoir agi...

La fin de la saison 6 ne voit aucune amélioration et les dernières péripéties des ménagères doivent se contenter de 12.8 millions de curieux, soit moins que la finale de Koh Lanta sur CBS. Une nouvelle fois, Desperate Housewives a vu ses fidèles disparaître au fil des semaines. Les évènements de la concurrence (Golden Globes, Football) associés aux critiques de plus en plus vives quant à la qualité du show auront eu raison de nombreux fans. En moyenne, seuls 12.8 millions de fidèles auront ainsi assisté à la sixième saison, 2 millions de moins qu’un an auparavant, et 12 millions de moins que 4 ans avant...

Alors que sa soirée dominicale a du plomb dans l’aile, ABC ne souhaite toujours pas faire de modifications. Ainsi, lors de ses Upfronts, la chaîne annonce une programmation identique pour la saison 2010-2011 à celle des 4 années précédentes avec Vidéos Gag, Les Maçons du cœur, Desperate Housewives et Brothers & Sisters. Mais, encore une fois, CBS, NBC et FOX font de même et la soirée évolue très peu chez tous les networks.

Pour la septième saison, les créateurs de Desperate Housewives ont bien compris qu’il fallait revenir à ce qui avait fait le succès du show afin de remobiliser les fans de la première heure. Marc Cherry et ABC ont ainsi pris la décision de faire revenir Paul Young à Wisteria Lane ainsi que la diabolique Felicia Tilman. Pour ne pas être dans la redite, ces derniers ont également décidé de faire appel à Vanessa Williams alors que sonnait le glas pour Ugly Betty. Et ils n’ont pas fait les choses à moitié avec une promotion intense pour annoncer la nouvelle venue, placée au centre de toutes les affiches.

Ces multiples efforts sont récompensés dès le début de la saison avec 13.1 millions de curieux pour le premier épisode de la septième salve d’épisodes. Si Desperate Housewives est battue auprès du public clé des 18-49 ans par le dessin animé Les Griffin, la série conserve de belles performances pour ABC. La semaine suivante, Desperate Housewives progresse légèrement et réalise son meilleur score depuis janvier 2010. Au gré des soirées dominicales, la série évolue ainsi entre 11 et 13 millions de téléspectateurs. Et même l’épisode « évènement » de la manifestation ne parviendra pas à faire remonter nettement le show avec un mécanisme usé jusqu’à la corde.

En janvier 2011 démarre alors la traditionnelle période douloureuse des cérémonies et autres retransmissions sportives de la concurrence. Opposées aux Golden Globes, les femmes au foyer désespérées chutent ainsi lourdement avec tout juste 10.3 millions de fidèles, soit 2 millions de moins que la semaine précédente. Après un mois d’absence, le retour de Desperate Housewives face au Grammy Awards est une catastrophe. Alors que la cérémonie musicale bat des records chez la concurrence, Desperate Housewives est au fond du trou en sombrant sous la barre symbolique des 10 millions de téléspectateurs. Quelques semaines plus tard, nouveau record à la baisse face aux Country Music Awards : 9.1 millions de téléspectateurs.


Ainsi, face à la moindre concurrence inhabituelle, Desperate Housewives plonge. S’ils ont autre chose à regarder, les fidèles de la série n’hésitent plus à déserter alors que les intrigues sont chaque saison un peu plus sous le feu des critiques. Preuve du désintérêt du public, le double épisode final n’est même plus marqué par un retour du public : seuls 10.3 millions de téléspectateurs sont au rendez-vous, soit tout juste 250 000 de plus que la semaine précédente. Pour la première fois de l’histoire de la série, la révélation de l’intrigue de la saison n’a pas permis de mobiliser le public.

Pour autant, il convient d’inscrire la baisse d’audience de Desperate Housewives dans une modification plus globale du paysage audiovisuel américain. Ainsi, l’usage des « DVR » qui permettent le visionnage en différé s’est répandu. Si la moyenne de la septième saison de Lynette, Gabrielle, Bree et Susan n’affiche que 11.2 millions de téléspectateurs (-1.6 million sur un an), celle-ci grimpe à 13.2 millions lorsque les enregistrements sont comptabilisés.

Si Desperate Housewives reste l’un des poids lourds parmi les séries américaines (11e série la plus suivie pour la saison 2010/2011), celle-ci est chaque année un peu plus chère à produire. Elle décroche malgré tout son renouvellement pour une huitième saison, sans surprise. Et pour une fois, ABC a décidé de bouleverser entièrement sa soirée dominicale. Exit Les Maçons du cœur, chaque année un peu plus faibles, et Brothers & Sisters, place aux nouveautés Once Upon A Time et Pan Am. Le signal est clair : la chaîne s’attaque au dimanche soir en quête de renouveau, de quoi menacer les Housewives... Du côté de la concurrence, Desperate Housewives doit faire face à une nouvelle adversaire en la personne de The Good Wife.

Après avoir annoncé par le passé vouloir conclure sa série en 9 saisons, Marc Cherry doit se rendre à l’évidence : Desperate Housewives est sur sa fin. Dans des circonstances qui resteront inconnues, ABC et le créateur de la série officialisent le 7 août 2011 la fin de Desperate Housewives après huit saisons. Et si Marc Cherry affirme que tout a été fait d’un commun accord, nul ne sait les véritables négociations qui se sont déroulées en coulisse.

En annonçant longuement à l’avance la fin de Desperate Housewives comme elle l’avait déjà fait avec Lost, ABC est bien décidée à mobiliser à nouveau les fans de la première heure. Par ailleurs, tout a été mis en place afin de contenter les fidèles de la série : toutes les Housewives sont réunies autour d’une même intrigue, mise en place lors du dernier épisode de la saison 7.

Le dimanche 25 septembre 2011, le résultat du duel entre les Housewives et la Good Wife est donc très attendu. Et ce dernier est remporté par Julianna Margulies sur le public global. Quant aux très prisés 18-49 ans, Desperate Housewives termine 3e derrière le sport de NBC et les sitcoms animés de FOX. Seuls 9.9 millions de téléspectateurs ont ainsi assisté à ce dernier début de saison. Plus grande humiliation, la nouveauté Pan Am éclipse Lynette, Gabrielle, Bree et Susan à 22 heures en réalisant un meilleur score. Le message est clair : les Housewives ont pris un coup de vieux.


Les semaines suivantes, le duo d’ABC s’effondre : Desperate Housewives tombe toujours plus bas avec jusqu’à seulement 8.3 millions d’amateurs. De son côté, même désillusion pour Pan Am. Sans épisode « évènement » pour booster artificiellement ses audiences, Desperate Housewives ne parvient pas à remonter la pente. Pourtant, l’arrivée de Once Upon A Time à 20 heures est un très gros succès. Les Housewives ne sont ainsi plus n°1 de la chaîne le dimanche soir.

Malgré la mise en danger des ménagères préférées des téléspectateurs, le public ne répond plus. Et lorsque survient la période difficile du mois de janvier avec sa féroce concurrence, Desperate Housewives est désertée, chutant sous les 8 millions de téléspectateurs. Le 12 février 2012, alors que les Grammy Awards battent un record d’audience depuis 1984, Desperate Housewives est au fond du gouffre avec tout juste 6.4 millions de fidèles. Jamais la série n’avait si peu intéressé.

Si les audiences repassent au-dessus des 7 millions de fans, les derniers épisodes ont du mal à captiver le public. En revanche, les coulisses de la série continuent à passionner les Américains avec le procès de Nicolette Sheridan contre Marc Cherry, accusé de l’avoir frappée sur le tournage puis fait disparaître dans la série. Les actrices, attendues pour leurs témoignages, ne participeront finalement pas au procès. Quant à Nicolette Sheridan, elle tente toujours de faire valoir ses droits après avoir été débouté pour sa plainte pour violence.

Alors que les audiences ne grimpent pas et que la fin approche à grands pas, Marc Cherry a trouvé une nouvelle occasion de retrouver les fans en promettant la mort d’un des personnages principaux de la série. Manque de chance, l’identité de ce dernier est révélée quelques jours avant la diffusion lors du procès de Nicolette Sheridan... De ce fait, l’évènement imaginé par Marc Cherry tombe à plat et la mort de Mike ne permet aucun vrai sursaut avec tout juste 8.4 millions de téléspectateurs soit 200 000 de plus que la semaine précédente.

Le 13 mai 2012, les fans peuvent enfin dire adieu à Desperate Housewives. ABC diffuse ainsi le double épisode final dès 21 heures et espère bien faire le plein. L’objectif est à moitié réussi : les dernières aventures de Gabrielle, Lynette, Bree et Susan réunissent 11.1 millions de téléspectateurs, soit près de deux millions de plus que la semaine précédente. Par ailleurs, Desperate Housewives réalise sa meilleure performance depuis plus d’un an. Seule ombre au tableau : le final de la série est battu sur les 18-49 ans par Once Upon A Time une heure plus tôt. Preuve que les temps ont changé et que Desperate Housewives appartient désormais au passé.

En moyenne, la dernière saison aura ainsi réuni seulement 8.8 millions de fidèles, soit 2.4 millions de moins que l’année précédente. Malgré leurs nombreuses tentatives, jamais ABC et Marc Cherry n’auront donc été capables d’enrayer la chute des audiences de la série. Pas une seule saison n’aura ainsi permis à Desperate Housewives de remonter la pente.

Si Desperate Housewives a vu sa popularité se réduire fortement au fil des ans, la série reste un phénomène international et a gagné le prix de l’audience TV internationale à Monte-Carlo pour la septième année consécutive. Malgré cette popularité, aucune suite n’est encore envisagée. Eva Longoria déclarait ainsi récemment qu’il ne restait plus grand-chose à voir et qu’aucun film n’était en développement. Mais comme l’écrivait Marc Cherry dans les dernières lignes de Desperate Housewives, « les fantômes des personnages ayant pris part à l’histoire de Wisteria Lane » ne disparaîtront jamais vraiment...