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90210, Melrose Place... ces remakes boudés par le public

Claire Varin
Publié le 27/04/2011 à 10:44

À Hollywood, le recyclage est une chose commune et très développée, depuis toujours ou presque. Ici, il ne s’agit pas de protéger l’environnement, mais de nourrir la nostalgie du public tout en économisant sur un coût de créativité. Le remake fait partie intégrante de l’industrie du cinéma hollywoodien, comme celui de la télévision. Bien sûr, Il y a deux types de remakes : l’adaptation culturelle (The Office, Skins, Ugly Betty, Shameless, En Analyse) et le revival de nos tendres années. Et c’est la pertinence de cette deuxième catégorie qui pose davantage question.

La fin des années 2000 a vu son lot de remakes de séries télé proposés. Manque de créativité ? Refus de prise de risques ? Volonté, par ses temps de crises, de rassurer le public avec des fictions qu’il connait déjà et de produire au rabais ? La période a ainsi réanimé des classiques et offert des séries que le public a déjà oubliées ou n’a même pas eu le temps de voir : Knight Rider (remake de K2000), Bionic Woman (remake de Super Jamie), The Prisoner (remake du Prisonnier)... Cependant, il y a aussi les nouvelles versions un peu plus heureuses, même si le succès reste relatif et leur survie fragile : V, 90210,...

Déjà en 2004, Chandler Bing (Matthew Perry) déclarait « I miss Melrose Place » (« Melrose Place me manque ») dans l’épisode 16 de la saison 10 de Friends. Alors que la sitcom était sur le point de faire ces adieux, la référence culturelle avait de quoi faire sourire et rendre nostalgique toute une génération. Une pause sur le passé et l’évocation heureuse d’une époque révolue. Les appartements de l’hacienda, la piscine, Billy, Allison, Jake, Jo, Michael, Kimberly et Amanda Woodward... Avec Beverly Hills, dont elle est le spin-off, Melrose Place a massivement et durablement marqué la première moitié des années 90. C’est donc assez naturellement que l’idée du remake de ce soap déjantée fait suite à la création de 90210 en 2008.

Les deux séries sont construites comme des continuités aux œuvres originales et offrent aux téléspectateurs la possibilité de revoir certains de leurs héros. Autour de sa nouvelle génération de comédiens interprétant des lycées, 90210 se paye deux actrices majeures de la série originale Jennie Garth (Kelly) et Shannen Doherty (Brenda), dès les premiers épisodes, et également deux grandes figures des séries des années 90 : Rob Estes (Les dessus de Palm Beach, Melrose Place) et Lori Loughlin (La fête à la maison, Summerland). Pour Melrose Place - nouvelle génération, l’effet n’est pas le même. La production rappelle Michael Mancini (Thomas Calabro) et ressuscite Sydney (Laura Leighton) de manière peu cohérente par rapport à la série originale. Les nostalgiques peuvent alors déserter. Une nouvelle arrivée de Heather Locklear au dixième épisode ne sauve pas le show, annulé après seulement 18 épisodes.


En France, alors que Beverly Hills et Melrose Place sont aussi fortement associées à TF1, leurs remakes ont été acquis et diffusés par M6. (Aux États-Unis, les deux séries étaient diffusées sur la FOX, contre The CW pour les séries nouvelles générations.) Certes, le public a grandi et changé, mais si le but de ces séries est bien la nostalgie, le paramètre de diffusion sur une chaîne doit probablement avoir une importance. Quoi qu’il en soit, le public français n’a pas suivi. D’abord programmée en access le samedi, puis diffusée le mercredi après-midi, 90210 avait achevé sa première saison avec seulement 815 000 téléspectateurs et à peine 9% de part de marché. Puis en janvier dernier, la seconde saison a été proposée par bloc de cinq épisodes, le mercredi entre 13h40 et 17 heures. Avant que la chaîne ne déprogramme deux épisodes face à son manque d’audience satisfaisante (750 000 fidèles en moyenne, pour une part d’audience à 8.6%).

En mars 2011, M6 lançait Melrose Place - nouvelle génération le mercredi après-midi et encore une fois, les taux d’audiences ont montré que la nouvelle génération ne passionnait pas les foules, puisque seulement 600 000 téléspectateurs l’ont apprécié (8.2% du public). Au bout de deux semaines, la chaîne a pris la décision de déprogrammer la série, avant de l’expédier de manière très confidentielle en matinée chaque jour de la semaine. Un cinglant revers entre 2 et 3% de part de marché.

Mais le ballet des remakes ne s’arrête pas là... Ce samedi 23 avril, 3 millions de Français ont accueilli favorablement le lancement de Hawaii 5-0 (remake d’Hawaï Police d’État) sur M6. Dans quelques temps, ils seront appelés à regarder la série Nikita achetée par TF1, mais qui n’a pas encore été renouvelée par The CW. Tandis qu’aux États-Unis, le tournage d’une nouvelle adaptation de Wonder Woman par David E.Kelley fait débat. Bien que le nom du créateur d’Ally McBeal suscite la curiosité, une partie de l’Amérique n’est pas disposée à ce que l’on touche à certaines de ses icônes, en l’occurrence Lynda Carter alias Diana Prince. Le résultat est ainsi doublement attendu, mais comme toujours, l’audience aura le dernier mot. Car à défaut de savoir garder les nostalgiques, les remakes doivent pouvoir séduire de nouveaux publics.