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A votre service : Rencontre avec Barbara Cabrita, l’ex-flic de R.I.S.

Claire Varin
Publié le 09/12/2012 à 19:16 Mis à jour le 17/12/2012 à 11:12

Adolescente, elle se rêvait gymnaste de haut niveau mais une opération du genou ratée l’a privé de cette carrière. Elle est finalement devenue actrice. A 30 ans, Barbara Cabrita est surtout connue pour son rôle dans R.I.S, mais elle n’est pas que ça. Il y a deux ans, la jeune femme a repris des études d’anthropologie, qu’elle mène en parallèle de ses activités de comédienne. A l’occasion de la diffusion d’A votre service, sur TF1 lundi 10 décembre 2012, Toutelatélé a rencontré l’actrice. Barbara Cabrita évoque ici le téléfilm, son départ de R.I.S, ses débuts dans Le groupe, mais aussi ses origines portugaises et ses projets...

Claire Varin : En quoi la comédie A votre service vous a-t-elle séduit ?

Barbara Cabrita : C’est d’abord le choix du casting. Ils prennent le risque de prendre pour héros des jeunes trentenaires. Sébastien Knafo, Bartholomew Boutellis et moi, nous ne sommes pas des « Ingrid Chauvin ». Même si on a fait des séries pour TF1, on a aussi fait d’autres choses. Ça permet au public de voir d’autres comédiens. Après, je marche beaucoup à l’humain. J’ai passé le casting avec Sébastien, le courant est vite passé entre nous. J’ai senti que nous nous amuserons et que nous trouverions des choses à jouer ensemble en étant naturels. Sans bataille d’ego comme ça peut arriver parfois. Et puis, ce projet de comédie me permettait vraiment de sortir de mon rôle de flic dans R.I.S.

Comment avez-vous abordé ce rôle ?

Les dialogues étaient très écrits, mais sur une comédie comme celle-ci, on peut broder et improviser. En accord avec le réalisateur et les comédiens, on a pu faire un travail ensemble. On a eu une liberté totale sur le fait de pouvoir changer le texte si ça ne nous convenait pas ou d’en rajouter. Parfois, j’ai essayé de trouver des choses un peu drôles à jouer pour ne pas à avoir à seulement servir le plat, sans pour autant polluer la scène. Sébastien et Bartholomew sont vraiment les deux héros. Mon personnage est beaucoup plus en retrait. Mais ce genre de rôle, il faut essayer de le rendre intéressant malgré la difficulté. Je voulais vraiment la rendre attachante, en la faisant participer davantage.

Si le téléfilm est un succès d’audience, est-il prévu qu’A votre service devienne une série ?

Oui. Il est prévu que l’on fasse quatre épisodes par an. C’est un bon rythme, ça nous permet de faire d’autres choses à côté, tout en faisant partie de cette série dans la joie et la bonne humeur.

Au moment de Fortunes, la série d’Arte, vous avez déclaré « avoir eu plus de liberté qu’en cinq ans de R.I.S. sur TF1 ». Cette phrase a été beaucoup reprise dans la presse. Puis, vous êtes revenue sur vos propos, comme si vous n’assumiez pas votre franchise…

J’ai parlé très naturellement à cette conférence de presse sans pointer du doigt l’une ou l’autre de ces chaînes. Le lendemain, on lisait sur internet « Sur TF1, on est censuré de partout ». Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’avais seulement énoncé ce qui était, sur R.I.S. c’était très professionnel. On tourne à trois caméras, il y a un scénario auquel on ne peut pas déroger. Ce qui est radicalement différent sur Arte, effectivement. Cette histoire m’a énormément embêté parce qu’on a cru que je préférais une chaîne à une autre et un tournage à un autre. Ce n’était pas du tout le fond de ma pensée. Ça m’a peiné parce que j’ai fait R.I.S. pendant six ans, ça m’a offert une expérience incroyable et ça m’a permis de faire plein de choses.

PARTIE 2 : Barbara Cabrita revient sur la disparition de son personnage dans R.I.S.


Le genre policier en France offre peu de place à l’évolution d’un personnage, n’est-ce pas contraignant pour un acteur ?

À partir du moment où l’on signe pour une série, on sait vers quoi l’on va. Si on est surpris en cours de route, on arrête. Je suis vraiment partie en bons termes avec eux. On a quand même l’opportunité de travailler neuf mois par an et d’avoir une vie très confortable. Certains acteurs ont pu avoir un discours désabusé que ce qu’ils faisaient. Mais, dire ça à côté de vos amis comédiens, qui ne travaillent pas et ne sont même pas intermittents du spectacle, ce n’est pas correct et un peu insultant. On fait un métier de rêve et on fait rêver les gens, alors même si les conditions ne sont pas toujours idéales, il faut avoir conscience de la chance que l’on a. R.I.S, j’ai arrêté au moment où il fallait. Julie Labro, je ne savais plus trop quoi en faire et je ne voulais pas que les gens se lassent de ce personnage. Quand on est malheureux, ça se voit aussi à l’écran.

En six ans, avez-vous pu demander des évolutions pour votre personnage ?

On l’a tous fait. Mais quand on fait une série comme celle-ci, avec plusieurs personnages, on ne peut pas tout le temps vouloir au-devant de la scène et être le personnage à qui il arrive quelque chose tous les trois épisodes. J’ai fait soixante-dix épisodes de R.I.S. Pour Julie, il y a eu trois scénarios vraiment sur le personnage. Il m’est arrivée d’exprimer mon sentiment d’être un peu mise de côté, mais les autres personnages, aussi, doivent exister.

Êtes-vous satisfaite de la sortie réservée à votre personnage ?

Oui. Je leur avais demandé que ce ne soit pas un départ comme ceux de Jean-Pierre Michaël et Philippe Caroit, qui se tiennent la main et se disent au revoir. Pour moi, le départ d’un personnage est important, et j’espère que ça l’est aussi pour les téléspectateurs. J’ai demandé que Julie meure pour ne pas être tentée de revenir. Je voulais une belle sortie et ça a été cas.

Avez-vous craint l’étiquette « actrice de R.I.S. sur TF1 » ?

On a toujours peur des étiquettes télé, surtout lorsqu’on tourne longtemps dans une série. Il faut être réaliste, ça bloque des portes aussi. Mais, c’est un choix. Il faut l’assumer. Après R.I.S., je me suis demandé si j’allais retravailler. Puis, on m’a proposé de jouer dans la pièce Le gang des potiches. Je n’avais jamais fait de théâtre, mais je ne me suis pas posée de questions et j’ai accepté. C’était une grosse comédie et un rôle de strip-teaseuse naïve, vraiment à l’opposé de celui de R.I.S. Le théâtre, ça n’a vraiment rien à voir avec le fait d’être devant la caméra. J’avais un trac monumental, mais ce rapport direct avec le public est une récompense énorme.

A votre service marque une nouvelle collaboration avec Jean-Luc Azoulay, qui était aussi le producteur du Groupe. Comment ça s’est passé ?

Ça été les retrouvailles. J’étais super contente de retrouver Jean-Luc. C’est un retour aux anciennes amours (rires). Nous étions restés en contact. Il m’a proposé plusieurs fois de faire un épisode de Camping Paradis, mais j’étais prise sur R.I.S. Avec A votre service, il m’a proposé quelque chose de qualité, qui me correspondait. Ça me fait plaisir qu’il ait pensé à moi pour ce projet.

PARTIE 3 : Du Groupe à Fortunes, Barbara Cabrita revient sur ses expériences


Que retenez-vous de votre expérience sur Le groupe ?

C’était pile au moment où la furie des sitcoms était passée. Je suis très contente de l’avoir fait, mais je suis aussi contente que ça n’ait pas marché. Le groupe m’a permis de démarrer et de vite passer à autre chose.

Êtes-vous restée en contact avec les autres comédiens du Groupe ?

Je suis restée très proche de Géraldine Lapalus, qui joue dans Camping Paradis, et Frank Geney. Ce sont des personnes très simples, qui n’ont pas les dents qui rayent le parquet et des bons vivants. Quant à Jérémy [Michalak, ndlr], il est dans son truc de production et d’animation. Je le vois très rarement.

Êtes-vous déçue du sort réservé à Fortunes ?

Nous le sommes tous. J’ai su seulement il y a quelques mois qu’il n’y aurait pas de saison 2. On espérait encore (rires). C’est une expérience de tournage particulière pour un comédien. C’était extraordinaire de faire face à de l’improvisation comme on ne l’avait jamais fait et de voir jusqu’où on pouvait aller. Stéphane Meunier a un réel univers. C’était une vraie découverte aussi bien dans le rapport humain, que dans la comédie et la technique. Je suis très heureuse d’avoir participé à cette série.

Dans Fortunes, vous interprétiez une jeune femme d’origine portugaise. Vous avez la double nationalité. Quels sont vos rapports avec la culture portugaise ?

Je suis très attachée au Portugal. J’y ai vécu. Ma grand-mère est là-bas. Mon personnage dans Fortunes m’a permis de renouer avec mes sources. J’ai tourné un long-métrage, La cage dorée, sur la communauté portugaise en France, avec Joaquim de Almeida, Roland Giraud et Chantal Lauby. Quand le réalisateur Ruben Alves me l’a proposé, j’ai été bouleversée parce que je m’y suis retrouvée. Je joue une avocate parisienne tiraillée entre ces deux cultures. Il y a des valeurs portugaises qu’elle porte et d’autres qu’elle rejette. On n’avait jamais fait un film comme ça sur les Portugais. Cette comédie permet de montrer aux gens qui nous sommes et quelle est la mentalité du peuple portugais en France. C’est important de pouvoir montrer cette diversité.

Quels sont vos futurs projets ?

On vient de me proposer une pièce. Mais, nous en sommes qu’à l’étape de lecture, donc on verra. La cage dorée sortira en mai. Si À votre service marche, on fera une suite au printemps. En attendant, je me consacre à mon documentaire. Depuis quatre ans, je travaille sur un film sur les enfants de Saint-Martin. Le côté français de l’île dépend encore de la métropole. Mais ce qui se passe pour ces jeunes est très différent de ce qui se passe en métropole. Certains meurent encore de faim, d’autres ont douze ans et ne sont jamais allés à l’école. La délinquance commence à onze ans. J’ai voulu comprendre les raisons de cette situation.