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Adèle (Juliette Roudet) et Louise (Marie Kremer), les Thelma et Louise de Profilage saison 5

Claire Varin
Publié le 30/10/2014 à 22:45

Ce jeudi 30 octobre, TF1 a diffusé le double épisode de la saison 5 de Profilage , intitulé « Tempêtes » (épisode 5 et 6), au cours duquel le public a assisté au retour d’un personnage de la saison 2 : Louise Drancourt (Marie Kremer), celle qui a tué Pérac (Guillaume Cramoisan) et qui avait fait croire à Chloé (Odile Vuillemin) qu’elle était sa sœur.

Chloé arrive à Belle-Île pour un séminaire où elle retrouve le Professeur Steinberg (Hubert Saint-Macary), veuf depuis peu, dont elle a été l’étudiante. Son séjour en huis clos se déroule au « Bel horizon », un hôtel dont Vincent Delahaye (Ron Reznik) est le propriétaire. Le riche industriel débarque en hélicoptère avec l’intention de se rapprocher de la criminologue. Bientôt une tempête éclate. Et un meurtre a lieu. Le corps de la victime, Cédric Zeller (Xavier Mussel), un psychiatre invité au séminaire, est retrouvé dans sa chambre. Un patin musical est laissé sur les lieux du crime. Les relations sont tendues entre Chloé et Mélanie Drac (Pamela Ravassard), la gendarme en charge de l’enquête et accessoirement l’ex de Vincent. Lors d’un déjeuner, Chloé fait part de ses intuitions à Steinberg. Elle pense que Zeller n’était pas la cible et croit au début d’une série de meurtres. Puis, une autre psy, Catherine Clark (Christine Boisson), est, à son tour, assassinée.

Pendant ce temps, à Paris, la DPJ enquête sur le meurtre d’une étudiante, battue à mort. Elle était la baby-sitter des enfants de la sœur de Rocher (Philippe Bas) et elle avait une liaison avec le beau-frère de ce dernier. Adèle (Juliette Roudet) « remplace » Chloé sur cette affaire, mais elle fait face à l’hostilité de l’équipe et Fred, en particulier. Un suspect est identifié et retrouvé sur les lieux de l’agression commise sur une seconde jeune femme. Cet homme est un récidiviste, libéré par un jeune médecin, mandaté par un supérieur… Steinberg.

À Belle-Île Chloé est enfermée dans la salle de conférence de l’hôtel avec Steinberg. Durant leur conversation à propos des meurtres, l’homme place un pantin autour de son cou et se tire une balle dans la bouche. Vincent et le lieutenant Drac entrent dans la salle...

Chloé est placée en garde à vue. Ses droits lui permettent d’appeler Rocher. Elle pense qu’un contre-transfert patient-médecin expliquerait les actes de Steinberg. Et très vite, l’enquête révèle que Louise Drancourt (Marie Kremer) était la patiente du psychiatre. L’information bouleverse Fred (Vanessa Valence) et Hyppolite (Raphaël Ferret). Et bientôt Chloé, toujours emprisonnée. Celle qui a tué Matthieu Pérac est internée depuis trois ans. (Elle avait plaidé la folie lors de son procès.) Lors d’un interrogatoire mené par Rocher et Adèle, Louise déstabilise la jeune criminologue en évoquant son histoire personnelle. Adèle réclame du temps pour faire avouer Louise. Mais Rocher refuse.

Hyppolite et Fred mettent en sécurité Lili et sa grand-mère dans une « maison de weekend » appartenant Courtène. Tandis qu’Adèle enlève Louise de la clinique psychiatrique. Au cours de leur périple, qui débute dans un hôtel miteux où Louise est ligotée et qui les conduit jusqu’à la maison où Adèle et sa sœur avaient été séquestrées enfants, Louise semble établir une emprise sur Adèle (« On est pareil. On nous a fait beaucoup de mal. Je veux partager ça avec toi. ») Les deux femmes se rapprochent. Louise lui promet de l’aider à retrouver sa sœur, mais avant, elle veut se débarrasser de Chloé. (« Elle te tire vers le bas. C’est moi qui m’occupe de tout maintenant. ») Elle veut l’atteindre en tuant Lili.

Louise s’introduit dans la maison, va jusqu’à la chambre où dort Lili et croit la poignarder à travers la couette. Mais Fred, Hippolyte et Rocher l’attendaient. Adèle a piégée Louise. Chloé est libérée. Elle va voir Louise en cellule. Dans un effet de miroir et de clair-obscur les deux visages se complètent pour ne former qu’un. Sans dire un mot, Chloé repart et laisse une Louise hurlant son prénom.

Les créatrices de Profilage commentent « Tempêtes » et dévoilent leurs sources d’inspiration


Toutelatele est parti à la rencontre de Fanny Robert et Sophie Lebarbier, les deux créatrices de Profilage, afin de dévoiler les dessous de ces épisodes 5 et 6 de la 5e saison.

Claire Varin : « Tempêtes » est un double épisode avec deux parties aux atmosphères très différentes…

Sophie Lebarbier : C’est l’un de nos préférés. C’est l’un de ceux que l’on a écrit toutes les deux, mais qui s’est écrit presque tout seul.

Fanny Robert : On n’avait pas encore fait de road movie. On voulait faire un truc en deux parties. Nos références pour la première partie étaient Agatha Christie et Shutter Island. Et la deuxième partie est une espèce de Thelma et Louise hyper dark.

Le retour de Marie Kremer alias Louise Drancourt concerne Chloé et finalement, l’épisode est centré sur Adèle…

Sophie Lebarbier  : On avait depuis très longtemps envie de faire revenir Louise Drancourt, qui est un de nos personnages préférés de la mythologie Profilage. On avait aussi très envie de centrer un épisode sur Adèle pour mettre l’accent sur sa richesse. Les choses se sont faites d’elles-mêmes.

Il y a des dialogues comme « Jamais vous ne parleriez comme ça à Chloé » (Adèle) ou « T’es rien d’autre que sa doublure » (Louise) qui font courir la thématique du double dans cet épisode en deux parties…

Fanny Robert  : Ca nous a beaucoup amusé de jouer là-dessus. On introduit une nouvelle criminologue, les gens vont se dire « Ah une nouvelle Chloé. C’est redondant ». Les personnages lui disent : « Tu ne seras toujours qu’une Chloé bis. » Sauf que dans l’épisode, elle nous démontre qu’elle est bien plus que ça. Elle est un personnage central, fort, hyper complexe, qui est tout sauf une doublure de Chloé. Refaire une criminologue pimpante n’avait aucun sens.

Sophie Lebarbier  : On est dans une série sur la psycho-criminologie. La thématique de l’éclatement de l’identité est au cœur de la série. Et un personnage comme Chloé et un personnage comme Adèle, avec leur vécu, ont forcément des problématiques de reconstruction douloureuse, laborieuse, d’une identité fragmentée à cause du drame. Je ne sais pas combien de saisons Profilage existera, mais ce sont des thématiques qui sont au cœur même de notre identité de série.

« Tempêtes » entre Agatha Christie, Shutter Island et Thelma & Louise

Ce thème du double s’exprime également visuellement dans la séquence finale entre Chloé et Louise. Comment travaillez-vous avec les réalisateurs ?

Sophie Lebarbier : La saison 5 était un peu particulière dans le sens où l’on a accueilli des réalisateurs avec lesquels on n’avait pas encore travaillé. Mais il y a ce qui se fait en écriture en amont. Après, il y a le travail avec le réalisateur qui est fondamental. On passe beaucoup de temps à se parler du film, à confronter le texte et le film que le réalisateur a en tête pour être sûr que l’on va dans le même sens. Il y a le travail avec le comédien. C’est tout un processus qui nous permet de parler d’une même voix. Pour être sûr que le propos, qui est le nôtre quand on a le début d’une idée d’un épisode, soit tenu jusqu’à la fin quand on le livre à TF1.

Fanny Robert  : On peut entendre, parfois, que les auteurs et les réalisateurs ne s’entendent pas. Sur Profilage, c’est très différent. C’est un pôle artistique qui travaille de concert. C’est un des critères qui nous font choisir certains réalisateurs et pas d’autres. On sait, comme pour Simon Astier, qu’on partage la même culture. Quand on a rencontré Julius Berg, on a vu ce qu’il avait fait avant et c’était exactement ce que l’on a envie de faire dans Profilage. Il a complètement compris l’idée. C’était son premier Profilage et on lui a remis les clés d’un épisode qui, pour nous, est clé dans la saison. Et il en a fait quelque chose au-delà de nos attentes. L’idée des deux visages qui se recomposent en un seul, c’est lui. Ça n’était pas écrit.

Avec le retour de Louise et l’émotion de Fred (Vanessa Valence) vous faites revivre Pérac. L’occasion peut-être de revenir sur le départ de Guillaume Cramoisan...

Fanny Robert : C’est un comédien que l’on adore. On savait que ce serait très dur parce qu’il était très aimé, mais on s’est toujours dit que l’important dans Profilage, c’est le concept et une famille. Parfois, dans une famille, vous perdez des gens, mais ça reste une famille, un univers et une force. Philippe [Bas] a débarqué et nous a montré que c’était possible et pourtant à l’époque, remplacer Pérac était un gros challenge. On avait la trouille, mais ça coïncide avec la vraie naissance de Profilage.

Sophie Lebarbier : Dans les deux premières saisons, c’était un peu l’enfance de Profilage. C’était une série policière bouclée, avec une héroïne fantasque. Ça nous a pris aussi deux saisons pour trouver nos marques. On a évolué vers quelque chose de plus drama. Et l’arrivée de Philippe Bas marque ce passage-là. C’est aussi l’arrivée d’Alexandre Laurent à la réalisation. C’est le moment où nous nous sommes suffisamment senties en confiance pour prendre complètement les rênes artistiques de la série. La saison 3 est un point de bascule. C’est son entrée dans la maturité.