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Ainsi soient-ils : la foi d’Arte et l’adhésion du public

Claire Varin
Publié le 25/10/2012 à 13:00

A Paris, cinq jeunes candidats à la prêtrise entrent au séminaire des Capucins… C’est ainsi que ce résume en une phrase l’histoire d’ Ainsi soient-ils . Impossible de nier un certain scepticisme à l’idée de voir se déployer le quotidien de ceux qui composent l’Église catholique. Entre tradition et désuétude. D’ailleurs, les responsables d’Arte l’ont rappelé, le sujet est loin d’avoir été éculé. Il y a bien eu Father Ted, Les oiseaux se cachent pour mourir, Les Borgia ou encore le succès du film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux (2010), mais la foi religieuse n’est que rarement explorée dans les fictions. Mais la chaîne franco-allemande y a cru. La singularité a payé. Après tout, le quotidien d’une famille de croque-morts a donné une des plus belles séries de l’histoire des séries américaines. Six Feet Under est d’ailleurs une des références souvent citées (avec Mad Men) par Bruno Nahon, cocréateur et producteur d’Ainsi soient-ils.

À grand renfort de publicité, la série est lancée le 11 octobre en prime time. Le soutien de la presse est quasi unanime. Ainsi soient-ils, c’est « la révélation » des Inrocks. « La grande réussite de cette fiction très documentée tient autant à sa mise en scène élégante qu’à la complexité de ses personnages » a écrit un critique de Télérama. Et le public répond présent. Les deux premiers épisodes réunissent en moyenne 1.48 million de curieux (5.9%). Puis, la semaine suivante, ils sont en moyenne 1.34 million de téléspectateurs mordus (5.3%).

Vincent Poymiro, scénariste, l’a affirmé : Ainsi soient-ils auraient pu se dérouler n’importe où ailleurs. C’est-à-dire que si l’univers de l’Église catholique offre un contexte propice aux nœuds dramatiques, au fond la série tend à une universalité. Ainsi soient-ils parle d’engagement et de questionnement. « Mon travail d’auteur est de révéler de l’humanité » explique David Elkaïm. Et ces héros-là sont transmetteurs d’émotions fortes et d’identification pour le téléspectateur.

Ce jeudi 25 octobre, Arte diffuse les épisodes 5 et 6. La saison arrive déjà à sa moitié et la progression dramatique s’intensifie. Les parcours des cinq séminaristes traversent toujours plus de questionnements. Ces moments intenses le sont également pour les interprètes, faisant dire à Samuel Jouy combien il « admire » son personnage (José, un ancien criminel en pleine rédemption). « Je ne pourrais pas faire ce qu’il fait » a confié le comédien. Pour David Baiot, son personnage « cherche des réponses par la religion et il est en perpétuel doute ». À travers Emmanuel, les auteurs abordent notamment la question de la sexualité des prêtres. Plus spécifiquement l’homosexualité. Et toujours dans une quête d’universalité, les auteurs développent une intrigue autour des questionnements liés à l’amour. « L’amour est un sujet important, peut-être même LE grand sujet. On ne peut pas raconter des sociabilités humaines sans raconter d’histoire d’amour » raconte Vincent Poymiro. Reste à savoir si le public restera fidèle tout au long des huit épisodes. D’autant plus que la chaîne a déjà annoncé une seconde saison.

Ainsi soient-ils est « emblématique de ce que nous voudrions faire à l’avenir », ont déclaré les responsables de la fiction d’Arte. Cette promesse de création pourrait bien se répéter avec Odysseus en 2013.