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Alexandra Morel (La chasse aux objets) : « Affaire conclue est devenu un phénomène de société »

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Rédacteur - Expert TV
Publié le 28/04/2019 à 15:01

Ce dimanche 28 avril, Alexandra Morel sera à l’affiche d’Affaire conclue : la chasse aux objets à 17h50 sur France 2. Elle se confie sur sa participation au magazine de brocante de Sophie Davant et sur le succès sans cesse grandissant de l’émission. Elle évoque également ses projets.

Benoît Mandin : Ce dimanche 28 avril à 17h50, vous serez à l’affiche d’Affaire conclue : la chasse aux objets sur France 2. Comment vous êtes-vous retrouvée en compétition avec Bernard Dumeige ?

Alexandra Morel : La production a décidé de décliner Affaire conclue. Comme il y a souvent certaines personnes qui viennent nous solliciter parce qu’ils ont plusieurs choses à vendre, elle a imaginé La chasse aux objets. Dans la vie de tous les jours, quand je ne suis pas en tournage, je vais partout en France et en Belgique pour aller chez des particuliers qui souhaitent vendre des biens. J’avais vraiment hâte de participer à cette déclinaison du programme parce que j’adore la chasse aux objets.

Aviez-vous des indications sur la famille chez qui vous vous rendiez ?

On sait dans la famille où on va, mais on ne sait pas du tout ce qu’on va trouver et voir. La production nous fait confiance et se fie à notre expérience d’antiquaire ou de brocanteur et à nos connaissances. On ne peut choisir qu’un seul objet, ce qui est assez compliqué. La famille chez qui je suis allée habite dans un petit village à la montagne, situé à côté de Clermont-Ferrand. Les sœurs, frères et belles-sœurs vivent tous ensemble dans ce village. Du coup, à la base, je devais seulement aller dans la maison de Loulou où j’avais déjà des objets en tête, mais une sœur est arrivée. J’ai ensuite fait maison par maison. Bien que j’avais déjà ma sélection en tête, je voulais aller voir ailleurs. Arrivée à la fin, Odile me dit qu’elle a quelque chose à me montrer. Son compagnon a été le maire de la commune et a très bien connu Jacqueline Picasso. Et là elle me sort trois porte-folios, des cartons à dessin de Picasso. Je suis devenue dingue !

Vous attendiez-vous à trouver un tel objet ?

On ne s’attend jamais à rien et c’est ce qui fait la beauté de notre métier. Toutes les semaines, quand je me rends chez des personnes, je ne sais jamais si je vais trouver un trésor ou s’il n’y aura vraiment rien. En tant qu’antiquaire, on a tellement vécu d’imprévus que l’on n’a pas d’idée préconçue. Que ça soit au fin fond de la montagne ou ailleurs, je n’ai pas d’apriori et je m’attends toujours à tout.

« Quand on m’a approché pour Affaire conclue, je suis devenue dingue »

Avec des estamples de Picasso, ne s’attend-on pas à une vente accord ?

Tout à fait, mais je ne peux pas en dire plus (rires). Je préfère laisser la surprise aux téléspectateurs. Honnêtement, il y a l’aspect compétition, mais je connais mes camarades acheteurs. Je sais comment ils réagissent, ce qui les attire et peut attirer leurs convoitises. Je ne voulais pas à tout prix gagner la compétition parce que cela aurait été plus facile de prendre un objet assez déco qui aurait été estimé une centaine d’euros et fait trois à quatre fois la somme. Cette histoire de Jacqueline et de son compagnon était tellement incroyable et ce sont des objets rares que l’on n’a pas l’habitude de voir. Dans cet instant précis, je me fichais de gagner la compétition. Je voulais parler de ces cartons de dessins et rapporter à mes collègues quelque chose de vraiment exceptionnel.

Comment êtes-vous arrivée dans Affaire conclue ?

En 2015, j’ai fait Storage Wars France sur 6Ter avec mon grand-frère Jérémie. On a vraiment participé à l’émission pour rigoler. On s’est tellement amusés à la faire que Warner (producteur d’Affaire conclue, ndlr) m’a retrouvé par ce biais là.

Par quoi avez-vous été séduite ?

Dès le départ, j’y ai vraiment cru comme Julien Cohen. Tout m’a séduit parce tout était vrai. Il y a à la fois une vraie innocence et une vraie interactivité. C’était vraiment un concept incroyable. Je ne savais même pas que la version allemande existait. Quand on m’a approché pour me parler d’Affaire conclue, je suis devenue dingue, car on est vraiment dans la vie de tous les jours. J’adore aller vers les autres, je suis curieuse de nature et j’aime bien découvrir des choses. Que vous soyez en ville ou à la campagne, chaque personne a quelque chose à vendre. Tous les gens peuvent s’identifier à ça et c’est génial. Le téléspectateur voit en salle d’expertise un objet et peut se dire qu’il a le même dans sa cuisine. Il se dit qu’il va aller à Affaire conclue pour arrondir ses fins de mois. Dans une société un peu difficile, si tout le monde peut mettre un peu de beurre dans ses épinards, c’est cool aussi. Affaire conclue redore l’image de notre profession et j’espère que ça remet l’antiquité et la brocante à la mode. Cela fait également partie de notre patrimoine et c’est important de le transmettre. Affaire conclue est devenu un phénomène de société. L’émission n’est pas regardée que par les ménagères puisqu’il y aussi des jeunes et des enfants.

« Sophie Davant apporte énormément de piquant »

Quelle clé la France a su apporter au « phénomène Affaire conclue » ?

Honnêtement, je pense qu’Affaire conclue en France n’a rien à avoir avec le Affaire conclue d’Allemagne. Je n’en ai jamais entendu parler et je l’ai pas regardé, car je ne souhaitais pas y ressembler et faire du copier-coller. Sophie Davant apporte énormément de piquant. Quand un objet arrive, elle est comme un enfant. Vu qu’elle n’a jamais été proche des antiquités et de la brocante, elle s’émerveille beaucoup. Dans la salle d’enchères, les acheteurs ont été tout simplement libres. Thomas Burnichon (producteur d’Affaire conclue, ndlr) nous a laissé la liberté de rigoler, de déconner et de nous faire des farces. Bien qu’il n’y a plus de copain lors des enchères, il s’est créé une bonne ambiance. Il nous a laissés être nous-mêmes et le public le ressent à l’écran. Sur les différents salons que je peux faire, beaucoup de téléspectateurs me disent : « Vous êtes la même à la télé que dans la vraie vie. On a déjà l’impression de vous connaître ». Cela est dû au fait que l’on est spontanés et que l’on ne se prend pas la tête.

Diriez-vous que le choix de Sophie Davant s’imposait comme une évidence ?

Sophie Davant apporte énormément à Affaire conclue. Je ne veux pas émettre de jugements ou de critiques sur les autres animateurs, mais je pense vraiment qu’elle est plus vraie. Elle a beaucoup d’empathie pour les autres et les téléspectateurs le ressentent. Elle arrive à se mettre à la place des autres et est touchée par les personnes qui viennent pour raconter l’histoire de leur objet. Sophie Davant est aussi libre dans cette émission. Je crois que les gens la connaissent différemment grâce à Affaire conclue. Elle est drôle, innocente et c’est top !

Comment gérez-vous les tensions qui peuvent émailler les enchères ?

Ce n’est pas tout le temps facile. J’ai du mal parce que je suis une bonne bluffeuse au poker. Quand un objet me plait vraiment, je n’arrive pas à le cacher. Du coup, Julien Cohen est toujours là à m’attendre au virage. Je l’adore, on est super potes dans la vraie vie, mais il me prend la tête tout le temps. Dès qu’il voit que je suis accrochée à quelque chose, il me pourrit la vie. Parfois, c’est difficile de garder le contrôle. Maintenant on est un peu rôdé, je sais un peu comment contourner l’histoire. Il est vrai aussi que j’ai un peu tendance à aller plus haut que je devrais. Je m’emporte beaucoup… Le jeu d’Affaire conclue est que l’on est en vase clos. On est toute la journée dans une salle et on tourne à peu près cinq émissions par jour. Vu que l’on est cinq dans la salle d’enchères, on va plus s’enflammer que dans la vraie vie. C’est dangereux et il faut qu’on apprenne à se limiter pour ne pas faire flamber le prix des marchés.

« Julien Cohen n’est pas méchant, il suffit de savoir le prendre »

Dans un entretien accordé à Toutelatele, Pierre-Jean Chalençon a confié : « Julien Cohen a tendance à nous pousser dans nos limites ». Qu’en pensez-vous ?

Le marché de l’art fluctue énormément. La valeur des objets change d’année en année, il faut toujours se réadapter. Parfois, on va avoir tendance à payer un objet cher et parfois, le revendre à prix coutant ou à perte. C’est ce qui fait aussi le caractère de Julien Cohen et le bien des personnes qui viennent vendre. Cela aide plus les vendeurs que les acheteurs. J’essaye de rester cohérente parce que c’est mon métier. Toute ma famille évolue dans le milieu de l’antiquité et de la brocante donc je suis obligée de garder un certain contrôle. Je ne peux pas m’appuyer à faire n’importe quoi et à surpayer des objets. Julien Cohen n’est pas méchant, il suffit de savoir le prendre.

Comment définiriez-vous votre stratégie pour emporter les enchères ?

J’ai essayé pendant plus d’un an d’élaborer des stratégies qui n’ont jamais fonctionné, car je n’y arrive pas (rires). Dans la salle des enchères, c’est vraiment le poker menteur. On a tous essayé des stratégies différentes qu’on a tous grillées. Alors, moi maintenant je n’en ai plus, j’y vais franco et je dis la vérité. Je n’ai pas essayé de l’acheter moins cher pour autant. Je dis exactement combien vaut l’objet et combien je vais le vendre. Je donne également ma limite et si ça va au-delà, ce n’est pas pour moi. En général, en agissant ainsi, ils n’arrivent pas forcément à me croire et ont tendance à s’enflammer encore plus. C’est plutôt eux qui surpayent maintenant les choses (rires).

Affaire conclue ne cesse d’atteindre des niveaux d’audience jamais égalés par France 2 depuis de nombreuses années. Comment analysez-vous ce succès sans cesse grandissant ?

C’est un phénomène de société ! L’interactivité qu’il y avec les téléspectateurs fait que l’émission est un succès. Le bouche-à-oreille a énormément fonctionné et d’après ce que les personnes viennent me dire dans la vraie vie c’est un petit peu leur moment de récréation. Dans un climat de société morose où il y a peu de choses positives dans l’actualité, Affaire conclue leur apporte une bulle d’oxygène. Pendant le temps de l’émission, ils ne pensent plus à rien. Ils rigolent parce qu’ils vont voir qu’on déconne ou pour des blagues de Sophie Davant et des experts. Dans la salle des enchères, ça va encore se friter et ça va être la guerre. Affaire conclue est une parenthèse qui apporte un peu de légèreté. Vu que tout est vrai, l’aspect financier y contribue. Il y a peu d’émissions sur la brocante et l’antiquité où ça se déroule comme dans la vraie vie. On n’a jamais connaissance de ce qui se passe en salle d’expertise et des objets qui arrivent. Même si ça peut être compliqué pour des objets valant chers, nous n’avons que cinq minutes pour se faire une idée et acheter.

« Quand j’arrive sur le plateau d’Affaire conclue, j’oublie tout et j’ai l’impression d’être au pays des bisounours »

Face à ce succès, France 2 multiplie les expositions d’Affaire conclue. Entre rediffusions et déclinaisons, ne craignez-vous pas une lassitude du public ?

Bien sûr, c’est un grand risque. La production se doit de prendre ça en compte. Au final, cela pourrait devenir redondant. Je trouve que c’est bien de décliner Affaire conclue et de faire des chasses aux objets où on reste toujours dans la même démarche, mais de façon différente. C’est super cool même pour nous. J’ai adoré faire la chasse aux objets, sortir du plateau pour aller à la recherche de biens et rencontrer d’autres personnes. L’émission durera si on ne tombe pas nous-mêmes dans une lassitude et qu’on ne prend pas la grosse tête. La production et la chaîne doivent aussi apporter du piquant et casser un peu la routine de temps en temps.

Comment gérez-vous le rythme de tournage intense qu’impose Affaire conclue avec vos différentes activités ?

Je mets quatre centimètres de couche de fond de teint et j’ai pris dix kilos (rires). Non, c’est une question d’organisation. Quand on a commencé Affaire conclue, nous étions que sept acheteurs aujourd’hui on a doublé l’équipe. Ça tourne et cela nous laisse plus de temps pour faire nos activités personnelles et professionnelles. Il faut gérer même si ce n’est pas toujours évident. Quand j’arrive sur le plateau d’Affaire conclue, j’oublie tout et j’ai l’impression d’être au pays des bisounours. On a tous cet état d’esprit là. Quand on est sur le plateau, on est un peu en dehors du temps. Affaire conclue est une belle parenthèse dans nos vies déjà chargées. C’est une vraie chance de participer à ce programme et de faire partie de la famille Affaire conclue.

À l’image de Julien Cohen, Pierre-Jean Chalençon et Caroline Margeridon, réfléchissez-vous à des projets pour la télévision ?

Du moment que ça correspond à mon métier, que ça m’amuse et apporte vraiment quelque chose, je suis une vraie aventurière. On en a déjà parlé avec Julien Cohen et on est sur la même longueur d’onde. Je pense qu’il y a aussi d’autres choses à développer dans le domaine, mais il faut voir les opportunités qui se présenteront. L’avenir nous le dira…