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Alice Nevers : le couple Alice et Marquand, le final et la saison 13, le producteur Vincent Mouluquet s’explique

Claire Varin
Publié le 08/05/2014 à 22:53 Mis à jour le 15/05/2014 à 16:13

La diffusion de la saison 12 d’Alice Nevers s’est achevée ce jeudi 8 mai, sur TF1. A cette occasion Vincent Mouluquet, producteur en charge de la série pour Ego Productions, fait un bilan de la saison. Fanfics, groupes sur twitter, clips vidéo, les fans d’Alice Nevers sont nombreux et actifs et la production en a bien conscience. Vincent Mouluquet évoque ici le succès, le cliffhanger et la saison 13....

Claire Varin : Quel bilan faites-vous du succès de cette saison 12 d’Alice Nevers ?

Vincent Mouluquet : On a la confiance de la chaîne. Il y a beaucoup de débats entre nous, mais chaque année, on se demande si les téléspectateurs vont encore être fidèles au poste. On attend avec anxiété. Il n’y avait rien d’assuré. Toutefois, la promesse de fin de saison dernière et le baiser de fin nous laissaient espérer que l’on aurait des gens au rendez-vous. Sur le succès de la série tout au long de la saison, c’est une belle surprise et on est très heureux. Surtout avec les ponts du mois de mai et les vacances scolaires. Et comme on essaie un peu de renouveler la donne et de les bousculer, on n’est jamais trop sûr de son coup. Après, on le voit sur la page Facebook, il y a des gens qui râlent, qui pestent contre les scénaristes. Mais on essaie de surprendre tout un chacun.

Qu’il y ait des râleurs, c’est aussi bon signe...

Je veux le croire. C’est amusant, au fil des jours, on sent qu’il y a la fronde des râleurs et puis, le surlendemain, il y a la fronde de ceux qui aiment pour essayer d’éteindre les râleurs (rires). Ça fait plaisir d’avoir un public attentif, attaché à nos deux héros et aux gens qui les entourent. Nous sommes aussi très heureux de l’accueil qui a été fait à Ahmed Sylla, cette saison. On était chagriné du départ de Noam Morgensztern, qui a rejoint la Comédie-Française. On se demandait comment on allait le remplacer et on a rencontré Ahmed, qui s’épanouit dans la série. Il y avait aussi un autre challenge de ce côté-là. Et à priori, il n’y a pas eu de râleurs pour ça (rires).

Cette saison les sujets sociétaux abordés dans les enquêtes entrent davantage en résonance avec le couple. Le couple guide-t-il maintenant vos choix de sujets ?

Chaque saison, on a essayé - on n’y est pas forcément toujours arrivé de bonne manière - de créer des résonances entre ce que nos héros vivent au sein de l’enquête et ce qui se passent dans le milieu privé, mais sans systématisme parce que ça deviendrait gadget. On est attaché sur cette série à suivre les soubresauts de la société. On ne fait pas du simple fait divers. Ce n’est pas juste du « Qui a tué ? ». On essaie de faire en sorte d’ouvrir des petits débats et d’ouvrir les yeux du téléspectateur sur des questions qu’il ne se poserait pas forcément. Nos héros et nos victimes sont là pour nous permettre de poser un regard sur notre monde en mutation. C’est une manière aussi de renouveler la donne. Le monde bouge et nous bougeons avec lui.

Mais le feuilletonnant domine-t-il maintenant l’écriture ?

Cette saison, on a voulu donner un coup de pied dans le tas de sable. Le premier épisode s’affranchit de tous les codes habituels de notre série. On a décidé en conscience de mettre Alice sur le gril et de la fragiliser au maximum. Et de fait, la vie privée s’est retrouvée au premier plan. La chaîne nous a suivis avec enthousiasme. Ensuite, on a essayé de remettre en place les codes sur la longueur, mais il y a plus de vie privée dans cette saison que dans les précédentes. La preuve en est que dans chaque épisode, après la résolution de l’enquête, on a entre une et deux séquences de vie privée avant le clip de fin.

Avec ce couple, souhaitez-vous prendre modèle sur Castle ou Bones ?

Dans Castle et Bones, ils sont ensemble. Nous, pour l’instant, on n’a pas envie que ce soit le cas. TF1 n’y tient pas non plus. Donc on essaie de louvoyer avec ça parce qu’on sent l’envie des téléspectateurs. Si c’est pour retrouver notre couple à prendre son petit déjeuner et à se dire « Passe-moi le beurre », je pense que même les fans les plus accros vont s’ennuyer assez rapidement. Il nous faut retrouver le moyen de challenger ce couple, d’érotiser leur relation et de faire en sorte qu’il y ait toujours de l’électricité entre eux. Car même si on se démène pour faire des intrigues policières de qualité, avec sérieux et de la modernité autant que possible, on a tous le sentiment que c’est pour Alice et Marquand que le public vient voir la série. C’est ce qui fait le sel de la série depuis que je l’ai prise en charge il y a sept ans.

« On a tous le sentiment que c’est pour Alice et Marquand que le public vient voir la série »

Marine Delterme vous suit-elle toujours dans ce que vous réservez à son personnage ?

Marine est très attachée à son personnage. On écrit les scénarios. Puis, dix jours avant le tournage, on se réunit avec elle. On fait une lecture et elle nous dit ce qu’elle ressent. À partir de là, on retravaille. Son regard est souvent pertinent parce qu’elle vit le personnage de l’intérieur. Jean-Michel aussi de la même manière. J’ai toujours dit à Claire Alexandrakis, la directrice de collection, de ne pas nous reposer sur nos acquis. On doit pousser les murs. C’est justement parce qu’une série est installée depuis un certain temps que l’on doit avoir toutes les audaces. Marine reçoit nos propositions - quelques fois avec appréhension (rires) - mais à force de discussions, on est arrivé le plus souvent à aller là où l’on avait envie d’aller ensemble. Je ne dis pas que c’est toujours facile. Cette année, Jean-Michel a eu une partition plus contrastée. On lui a donné un passé un peu trouble - une erreur de jeunesse - qu’il a eu du mal à appréhender. Mais on a essayé de le faire avec nuances sans excuser son personnage ou l’accabler, mais en montrant un parcours de vie. Et grâce à sa proposition de jeu, c’est passé. Nous, à l’écriture, on ne doit pas se brider. Après, il faut qu’on soit juste avec le personnage. Marine s’y attache mordicus. Si elle a le sentiment que l’on n’est pas juste sur un truc, c’est qu’il nous manque une marche.

Partie 2 > Quelles nouveautés pour la saison 13 ?


L’idée de mise en danger physique d’Alice Nevers sur cette fin de saison est-elle arrivée tôt dans l’écriture ?

La difficulté de cette saison est qu’à l’origine, on avait huit épisodes. C’est en cours de fabrication que TF1 nous a demandé deux épisodes supplémentaires. Il a fallu que l’on rebatte nos cartes. C’est donc arrivé relativement tard, mais on n’a pas eu de souci avec Marine ou la chaîne à ce sujet-là.

Avez-vous souhaité aller plus loin par rapport au cliffhanger de la saison précédente et aux attentes du public ?

On ne s’est pas posé la question en ces termes. On essaie de se mettre en danger tout simplement. L’année dernière, on avait mis des menottes à Alice et Marquand, mais sans savoir ce que l’on allait faire après. Nous avons voulu nous pousser dans nos retranchements et ça nous fait une bonne gageure pour démarrer la saison suivante. C’est plus ludique qu’autre chose. On a envie de s’amuser pour amuser le public. Et pour tout dire, TF1 a trouvé cette fin un peu moins forte que celle de l’année dernière.

La saison 13 aura-t-elle également dix épisodes ?

On a une commande de dix épisodes, donc on est déjà dans l’écriture. [La production va étoffer son équipe d’écriture avec un second directeur de collection et en engageant plus de scénaristes, ndlr.] Après, si on réussit à en avoir plus grâce à ce succès, on sera content. On verra les audiences de jeudi et on ira frapper à la porte de TF1 pour dire qu’on le mérite. Les grosses séries de TF1 comme Profilage et Section de recherches en ont douze. Il y a un processus mécanique qui fait qu’à partir du moment où une série est installée et qu’elle touche le public, plus vous restez à l’antenne, plus les gens viennent. On a donc tout intérêt à être le plus longtemps possible à l’antenne. Sans compter qu’avec Alice Nevers, on a une chance formidable : on est multi-rediffusé sur HD1, TV Breizh, etc. Actuellement, on est quasiment diffusé tous les jours et plusieurs fois par jour. Les gens connaissent les épisodes par cœur. On a tout intérêt à se remettre en question pour leur offrir un spectacle « le plus long possible ».

Depuis son changement de format la série s’exporte-t-elle davantage ?

La série s’est toujours exportée. Plus ou moins, selon les années, mais on a maintenant un nombre d’épisodes assez important. Je crois qu’Alice Nevers est exportée dans une cinquantaine de pays.

Accorderez-vous plus de place au personnage de Noah, joué par Ahmed Sylla, la saison prochaine ?

On lui a fait une vraie entrée dans la série. Ce que l’on n’avait pas pu faire pour Noam Morgensztern. Pour la saison prochaine, on a envie de faire en sorte que les personnages dits secondaires aient une vraie existence. Que ce soit Ahmed Sylla ou Guillaume Carcaud, on souhaite les étoffer. Cette saison, les personnages de Rachel et Lucie, puis Simon, sont arrivés et ont pris de la place. Mais quelles que soient les aventures qui vont bousculer nos deux héros, l’année prochaine, il nous semble essentiel que Guillaume Carcaud et Ahmed Sylla aient une vraie place dans la saison.

« TF1 a trouvé cette fin un peu moins forte que celle de l’année dernière »

Jean Dell est revenu dans le premier épisode de la saison. Était-ce un souhait de votre part ?

Jean Dell nous avait quittés un poil précipitamment. Il avait envie de faire d’autres choses. On s’était dit « Pourquoi on ne le ferait pas revenir ? » On a aussi reçu du courrier, ça a également été évoqué sur la page Facebook. Ce premier épisode était une occasion en or. Et on avait envie de mettre les deux greffiers ensemble, le tonton et le neveu. C’était une façon de faire plaisir à tout le monde. À nous, les premiers, et aux téléspectateurs juste après. Pareil pour Noam Morgensztern. Il n’y a aucune raison pour que l’on ne puisse pas le retrouver dans une saison prochaine. Je ne sais pas si son emploi du temps le permettra, mais on ne s’interdit rien.

La chanson de fin d’épisode est devenue un gimmick de la série. Avez-vous déjà envisagé de changer de morceau par saison ?

Au tout début de la série en 52 minutes, on a utilisé deux chansons. Il y avait celle que nous utilisons actuellement « Pride » du groupe Syntax et une autre chanson, mais qui sur la longueur marchait moins bien. Ce gimmick avec « Pride », qui existe depuis sept ans, suscite toujours autant l’engouement. Il y a toujours autant de gens qui nous écrivent pour demander « C’est quoi la chanson ? » On est tombé sur un titre qui touche au cœur et qui satisfait le public. On n’a pas prévu d’en changer. Il a des choses que l’on a voulu faire évoluer au fil des années. On a changé et raccourci le générique de début. On a musclé la musique. Mais cette chanson de clip de fin, on l’a pas voulu la changer.