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Ambroise Michel (Adil) : « Cut est une série différente de tout ce que je peux voir en France »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 08/10/2014 à 18:03 Mis à jour le 23/10/2014 à 13:44

Pendant plus de 8 ans, Ambroise Michel a incarné Rudy dans Plus belle la vie sur France 3. Depuis 2013, il campe le rôle d’Adil dans le feuilleton Cut, proposé sur France Ô. Pour le lancement de la seconde saison, l’acteur s’est confié sur son rôle dans cette série, tournée à la Réunion, et sur ses projets.

Benjamin Lopes : Vous rempilez pour une deuxième saison de Cut. Comment évolue Adil dans la saison 2 ?

Ambroise Michel : On va apprendre beaucoup de choses sur son passé et répondre à de nombreuses questions qui ont été ouvertes en saison 1. La manière dont il a connu son ex-femme est expliquée, comme son arrivée à la Réunion. Ce sont des intrigues importantes qui ont fait ce personnage-là. Il continue à avoir des valeurs profondes, un côté animal, mystérieux, et sombre. En plus, on va le voir dans une autre sphère avec le personnage de Billie. Il va être un peu confronté à ses propres problèmes. Elle va justement le faire sortir de ce côté sombre, car Billie est un personnage solaire. Adil va enfin voir le côté positif et savoir ce qu’il serait s’il n’avait pas vécu tous les traumas qui l’habitent encore aujourd’hui.

Un triangle amoureux entre Adil, Laura et Billie va naître. Qu’apporte-t-il au niveau de l’intensité des nouveaux épisodes ?

Toutes les histoires d’amour sont en danger. Tout peut péter à tout moment et à tous les points de vue. Ça va également permettre de voir des choses d’Adil qu’on n’aurait jamais pu voir. Billie est un peu son alter ego féminin, avec son passé et ses problèmes à elle. Du coup, elle lui renvoie une certaine part de ce qu’il est lui, en plus positif et solaire. Ils vont se bousculer. Elle va le faire sortir d’un carcan, car il était enfermé sur lui-même et était fataliste. Des parts de la personnalité d’Adil vont alors être exacerbées. On va vraiment voir la profondeur et la subtilité de ce personnage.

Pourquoi avoir accepté cette saison 2 ?

Tout d’abord, car tout s’est bien passé sur la saison 1 et que l’évolution d’Adil me plaisait. Là du coup, après l’exposition, on rentre réellement dans la subtilité du personnage lors de la deuxième saison, et ça m’a séduit.

« Grâce à Cut, le public a pu comprendre que Rudy dans Plus belle la vie était un personnage »

Pouvez-vous proposer des idées aux scénaristes ?

Ça arrive. Je propose et ensuite ils trient, je n’impose rien. On se voit avec le producteur et je lui fais mes propositions. On essaie de les aider et ils sont très à l’écoute là-dessus. J’ai d’ailleurs été gâté lors de la deuxième saison qui a été plus riche pour Adil. Sur la première saison, il était sur une lignée, alors que sur la saison 2, j’ai pu construire des facettes différentes en fonction de ses interlocuteurs. J’ai pu ouvrir le champ des possibles pour ce personnage.

La saison 1 de Cut a été rediffusée dernièrement sur France Ô. Êtes-vous pleinement satisfait du résultat ?

Je trouve que Cut est assez différente de manière générale de tout ce que je peux voir en France. Je ne suis peut-être pas objectif, car j’en fais partie. Avec le rythme intensif, les difficultés qu’on peut avoir sur le tournage et le résultat qu’on a, je suis totalement satisfait. Il y a un vraiment travail tourné vers l’artistique qui est fait sur cette série. La volonté est toujours de donner du plaisir aux téléspectateurs.

Vous avez longtemps incarné Rudy dans Plus belle la vie sur France 3. Le public vous parle-t-il aujourd’hui d’Adil dans Cut ?

Ça fait déjà un petit moment que ça a changé et plus globalement les gens dans la rue m’appellent aujourd’hui par mon véritable prénom. C’est notamment grâce à Cut, car ça a permis au public, en voyant Adil, de véritablement comprendre que Rudy était un personnage et de différencier tout ça. Parfois, les téléspectateurs pouvaient se dire que Rudy et Ambroise étaient la même personne.

Vouliez-vous vous détacher de l’image de Rudy ?

Je n’ai aucun problème avec ça. Rudy est un personnage intéressant que j’ai fait vivre pendant huit ans et demi. Le métier que je fais consiste à donner l’illusion que le personnage existe, et c’était le cas pour beaucoup d’adeptes de Plus belle la vie. Rudy est très loin de moi, et c’est toujours intéressant de créer cette vie fictive.

Partie 2 > Son rapport avec Plus belle la vie et ses projets


L’ambiance sur le tournage de Cut est-elle différente de celle de Plus belle la vie ?

Totalement. Sur Plus belle la vie, j’étais installé depuis huit ans et demi dans des studios. On avait des appartements. À la Réunion, on est expatriés pendant cinq mois, les proches viennent. Quand je tournais à Marseille, je rentrais le week-end à Paris, donc c’était totalement différent.

Qui de Rudy ou Adil vous a procuré le plus de plaisir à jouer ?

C’est difficile à dire puisqu’avec Rudy, en 2000 épisodes, j’ai pu aborder un milliard de choses, même des fois complètement fantasques et imaginaires. J’ai eu plaisir à incarner Rudy : il a cinq ans de moins, est étudiant en médecine, et est très proche des gens. De son côté, Adil a mon âge, mais il est très sombre. Il a traversé de nombreux méandres. Ce n’est tellement pas les mêmes programmes, que les deux sont assez plaisants à jouer. Aussi, ce n’est pas du tout la même manière de travailler et d’aborder le texte.

Cut est une série familiale, même si ciblée sur les jeunes. Peut-elle se permettre d’aborder des thèmes sensibles ?

Les sujets sont toujours traités de manière subtile avec beaucoup de détails psychologiques. La saison 1 était plus dans l’exposition avec le personnage de Laura qui arrivait à la Réunion, et qui se confrontait à plusieurs personnages. La saison 2 va aborder de thèmes plus sensibles puisque les personnages sont déjà installés.

« Je n’ai pas l’impression d’être blacklisté par les autres chaînes »

Une saison de Cut nécessite près de cinq mois de tournage. Ne vous empêche-t-elle pas de concrétiser d’autres projets ?

Notre métier de comédien est de s’engager, mais ça ne m’empêche pas de faire des choses à côté. Dès mon retour de la Réunion, j’enchaîne sur un autre tournage et on s’est arrangé pour que ça puisse se combiner. Je joue le rôle d’un ancien toxicomane, papa d’un enfant de deux ans pour une fiction pour France 2.

Vous êtes très corporate service public avec Plus belle la vie, Cut, et cette nouvelle fiction. Les portes des chaînes privées vous sont-elles fermées ?

Je n’ai surtout jamais encore eu le temps d’avoir des projets ailleurs. Je pense qu’ils savaient que j’étais occupé. Après huit ans et demi de Plus belle la vie, j’ai enchaîné avec Cut. Quelle que soit la chaîne, c’est le projet qui compte pour moi. Je passe autant de casting pour TF1, M6 ou France Télévisions. Je n’ai pas en tous les cas l’impression d’être blacklisté par les autres chaînes.

Quels sont vos autres projets ?

J’attends des confirmations. Je ne suis que mon intuition sur les personnages qu’on me propose d’incarner. J’adore les choses qui sont plutôt loin de moi. Si le personnage me ressemble un peu trop, j’essaie de trouver d’autres projets. S’auto-jouer n’est pas drôle. J’aime créer une autre corporelle, un autre regard, ou une nouvelle manière de parler. Que ce soit deux jours ou trois mois de tournage, j’aime être habité par mes personnages. Pour l’instant je suis très heureux.