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American crime : Felicity Huffman de retour dans un portrait dense au vitriol

Tony Cotte
Publié le 13/08/2014 à 15:59 Mis à jour le 04/07/2015 à 01:03

Le genre du film choral angeleno a été marqué, en 2005, par Collision et sa récompense de l’Oscar du Meilleur film. Près de dix ans plus tard, l’oeuvre de Paul Haggis reste dans les esprits au visionnage d’American crime. Certes, c’est un seul et même événement qui relie, ici, différents individus, mais le thème du racisme dans une Californie pluri-ethnique reste au premier plan.

La tragédie, traitée par le regard des victimes, met en relief plusieurs formes de discrimination. Et qui mieux que John Ridley, fraichement récompensé pour son 12 years a slave, pour en parler ? L’auteur, réalisateur et producteur effectue ainsi son retour à la télévision, trois ans après le rejet par HBO de son projet Da brick, non pas sur le câble, mais sur ABC. Entre Lee Daniels à l’antenne de Fox (Empire) et cette arrivée, la saison 2014/2015 a de quoi susciter l’intérêt des cinéphiles, même si les networks n’ont jusqu’ici jamais réussi à lorgner du côté du câble tout en rencontrant un succès d’audience. La chaîne de Disney l’a récemment compris avec The Asset. Mais le diffuseur des Oscar devrait sans doute profiter de l’exposition de la remise de prix pour promouvoir American crime.

Outre sa forme, empruntée au cinéma indépendant, la série, dont la densité la rend difficile d’accès, impose une atmosphère pour le moins lourde en tant que portrait au vitriol. Naturellement, les apparences peuvent être trompeuses. La victime est décrite comme un jeune homme investi qui, après les événements du 11 septembre, s’était engagé en Irak. Il formait, avec une ancienne dauphine au concours de beauté local, un « couple parfait » au regard de Barb Skokie. Parfaitement interprétée par Felicity Huffman, cette mère endeuillée est prête à tout pour se faire entendre, quitte à pointer du doigt dans les médias le laxisme des forces de l’ordre et le statut de sans-papier du principal suspect. « C’est très important que les gens sachent qui étaient nos enfants et ce qui leur est arrivé. On doit faire tout ce que l’on peut pour que cet événement reste dans le présent. C’est la réalité. Si on n’en parle pas, tout sera oublié dans une semaine ou deux. Les gens passeront à autre chose  », affirme-t-elle aux parents de sa belle-fille, également victime.

Si les principaux reproches des critiques à Collision ont été son manichéisme et ses situations mélodramatiques, American crime évite, du moins le temps de son premier épisode, les écueils du genre. Reste un constat similaire : quelles que soient les circonstances, la perception d’un individu passe par l’évaluation de ses origines et sa couleur de peau.

 Diffusion US : Courant 2015 sur ABC