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Après les NRJ Music Awards, F2 dégaine les Victoires de la musique

Ariane Grassi
Publié le 13/02/2006 à 01:19 Mis à jour le 14/02/2006 à 01:25

Quelques semaines après TF1 et ses NRJ Music Awards, France 2 prend le relais des cérémonies musicales. Cette fois, pas d’animateur aux tenues extravagantes, ni de stars internationales déchaînées. Au-delà du divertissement, Les Victoires de la Musique se doivent avant tout de refléter la richesse de la scène musicale française.

En 2005, la cérémonie fêtait ses 20 ans. Pour cet anniversaire, France 2 avait exceptionnellement mobilisé cinq de ses animateurs phares (Michel Drucker, Guillaume Durand, Jean-Luc Delarue, Daniela Lumbroso et Nagui). Samedi 4 mars 2006, retour à la normale. En direct du Zénith de Paris, Michel Drucker et Nagui co-présenteront la soirée, pendant laquelle pas moins de 15 prix seront remis. 2006 sera l’année des révélations. Au nombre de huit, répartis dans les trois catégories « révélation », les artistes ou groupes nominés se produiront tous sur scène, profitant de l’opportunité rare de s’exposer au grand public. Les valeurs sures ne comptent cependant pas se faire oublier puisque les téléspectateurs assisteront le temps d’une soirée à l’enchaînement de 27 séances musicales !

Les nommés restent traditionnellement soumis au vote de la profession, à l’exception de deux catégories. Jusqu’au 4 mars, 20 heures, le public est appelé à voter (par téléphone ou SMS) pour le groupe ou l’artiste révélation de l’année, catégorie qui opposent Amel Bent, Camille, Pauline Croze et Superbus. Et au cours de la cérémonie, c’est pour élire la chanson originale de l’année (Ma philosophie (Amel Bent), Ta douleur (Camille), Caravane (Raphaël) ou Si en plus y’a personne (Alain Souchon)) que le public devra se mobiliser. La bataille s’annonce rude si l’on considère que cette catégorie regroupe les trois favoris de la soirée, puisque Camille est nominée quatre fois, et Amel Bent et Raphaël trois fois.

Si l’ensemble des nominations mélange artistes confirmés (Jean-Louis Aubert, Zazie, Marc Lavoine...) et nouveaux talents (Bénabar, Cali, Keren Ann...), on ne peut s’empêcher de remarquer que le tout forme une programmation plutôt élitiste, avec des artistes peu médiatisés et surtout plébiscités par les « bobos ». Alors que les chanteurs issus des émissions de télé-réalité ont été plébiscités aux NRJ Music Awards (M. Pokora récompensé par deux trophées, Jenifer sacrée artiste féminine francophone et Grégory Lemarchal élu révélation), ils sont quasiment absents des nominations. Seule Amel Bent, et l’atypique Olivia Ruiz, semblent avoir réussi à faire admettre leur légitimité en tant qu’artiste. L’absence de Chimène Badi, certes issue de Popstars, mais néanmoins très appréciée de ses pairs et du public, reste à cet égard surprenante.

En 1990, Les Victoires de la musique avaient réuni 9 millions de téléspectateurs face à leur écran (43% de part d’audience). Aujourd’hui, il semble peu probable que la cérémonie puisse encore atteindre un tel score. Ces dernières années, elle n’a en effet jamais dépassé les 5 millions. Cette désaffection du public peut s’expliquer par l’évolution de la cérémonie. Tout d’abord cantonnée à l’univers de la variété, elle a voulu s’ouvrir à d’autres tendances musicales. Les catégories d’album de musiques électroniques et d’album rap font ainsi respectivement leur apparition en 1998 et 1999 ; et en 2001 c’est la catégorie de l’album variété/rock qui se scinde en deux. Une diversification louable mais difficile à intégrer à une émission de télévision. Rares en effet sont les téléspectateurs susceptibles d’apprécier un tel patchwork de performances musicales... De plus, depuis 2001 les artistes révélations ne sont plus limitées à une catégorie. Si avec trois catégories (artiste, révélation scène et album), les Victoires de la musique offrent une opportunité unique à de jeunes artistes, elles limitent d’autant plus l’intervention des « stars », plus attractives pour le grand public.

Plus soucieuse d’offrir à ses téléspectateurs une soirée originale et audacieuse que de faire grimper l’audimat, France 2 semble accomplir parfaitement, au travers des Victoires de la musique, sa mission de service public.