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Patrick Le Lay

Raphaël Weckerlé
Publié le 16/04/2007 à 00:00 Mis à jour le 12/03/2019 à 17:39

A la tête de TF1 depuis près de vingt ans, l’une des figures emblématiques du paysage audiovisuel français passera la main juste après les élections présidentielles de 2007.

Un personnage austère et combatif, un homme d’ordre et d’affaires pour ceux qui le connaissent personnellement. C’est du haut du 14ème étage de la grande tour de verre de Boulogne-Billancourt, que Patrick Le Lay préside depuis 1988 sur la 1ère chaîne de télévision d’Europe.

Né le 6 juin 1942 à Saint-Brieuc d’un père bigouden et d’une mère d’origine irlandaise, il fait ses études chez les Pères au Lycée St-Vincent de Rennes. Il fait maths sup, maths spé et sera diplômé de l’Ecole spéciale des travaux publics à Paris où il enchaînera sur Sciences Po. Bras droit de Francis Bouygues, il livrera avec lui la grande bataille contre le groupe Lagardère pour décrocher la Une alors en voie d’être privatisée en 1987.

En 1988, il succède donc à Francis Bouygues à la tête de TF1 et c’est alors que commence véritablement la création d’une télévision moderne. Il requinque TF1 en développant des programmes très grand public avec des séries françaises récurrentes, des films américains à grand
succès et de célèbres émissions de variété. En prenant les destinés de cette chaîne, il aura permis à TF1 d’être suivie aujourd’hui par près d’un tiers des téléspectateurs et d’afficher des bénéfices récurrents.

Ce bouleversement, on le doit essentiellement à l’impulsion de Patrick Le Lay formé aux méthodes du groupe Bouygues. En lançant TPS, il se livre à une nouvelle bataille en face de Canal Satellite, crée sa propre chaîne de télévision d’info continue, LCI, rachète entièrement Eurosport et lance TV BREIZH, 1ère chaîne de télévision bilingue française, sans doute sa plus grande fierté. Viscéralement attaché à ses racines bretonnes, c’est sans doute à ses yeux le meilleur moyen de faire rayonner la culture celte.

Le voici donc à la tête de TF1 depuis la privatisation de la chaîne et l’enjeu qui est le sien, celui de satisfaire à la fois le public et les exigences des annonceurs et des actionnaires ne l’empêcheront sans doute pas de battre tous les records de longévité pour un patron de chaîne de télévision.

Il quittera en 2007 la direction d’un groupe qui a réalisé en 2006 le meilleur résultat net de son histoire avec plus de 450 millions d’euros de bénéfices incorporant la plus-value nette réalisée sur la cession des parts de TPS à CanalSat en acceptant la fusion entre les deux bouquets numériques. Patrick Le Lay restera toutefois le président du conseil d’administration, mais cédera la fonction exécutive à Nonce Paolini, actuel directeur général délégué de Bouygues Télécom qui connaît très bien la maison TF1 pour en avoir été le directeur des relations humaines.

Patrick Le Lay ne sera pas seul à lâcher les commandes de la chaîne privée, car les deux autres dirigeants historiques du groupe, Etienne Mougeotte, vice-président et directeur général de l’antenne, ainsi que Claude Cohen, présidente de TF1 Publicité, quitteront leurs fonctions respectives. L’enjeu sera de taille pour la nouvelle équipe qui se mettra en place avant la fin de l’année 2007...