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Avant la real TV, le règne du reality show (2/2)

Joseph Agostini
Publié le 20/07/2002 à 00:00 Mis à jour le 21/03/2003 à 00:37

Le 25 février 1993, Amanda Lear, revenante des années Berlusconi, s’entoure, elle, de mâles dénudés pour Méfiez-vous des blondes un jeudi sur 2 à 22h40 et fait monter le baromètre de l’audience, tandis qu’à la rentrée de septembre, le Doc de Fun Radio hérite d’une émission racoleusement intitulée Leçons de séduction qui passera moins de trois mois plus tard à la trappe pour cause de dérapages.

Lors de cette même rentrée, TF1 mettra à l’antenne l’émission « apothéose » du genre reality show qui portait bien son titre, Tout est possible, animée par un jeune animateur, ex-journaliste de La 5, Jean-Marc Morandini. Diffusée un lundi par mois à 23hà0, elle passera rapidement en bimensuelle puis en hebdomadaire le jeudi. Avec cette émission, TF1 obtient des parts de marché considérables dépassant à certains moments les 60%.

Antenne 2, devenue France 2, est tétanisée par tant de
boulets rouges, mais choisit pourtant de ne pas riposter, au nom de sa mission de service public.
Seuls Mireille Dumas et Jean-Luc Delarue restent
spécialistes des sujets border-line mais revendiquent
une certaine pudeur, loin des spectacles de TF1.
Cette dernière, justement, n’en peut plus d’être
taxée de « télé poubelle » par la presse. Si les reality
shows sont d’indubitables succès d’audience, ils
dégradent l’image de la chaîne. C’est à croire que le
public de TF1 entretient un rapport sado maso avec
elle, démolissant les programmes qu’il regarde en
masse !

Ce paradoxe tend pourtant à s’épuiser. A partir de
1995, les vents tournent en faveur de la fiction
française. Voilà Pradel vaincu par Gérard Klein
(L’instit), Laurent Cabrol rasé de la carte et relegué au Télé Shopping, Amanda Lear sévèrement remerciée.

Les reality shows se retirent doucement, comme une
vague par temps calme. Bientôt, Jean-Marc Morandini et son Tout est possible, pourtant seuls survivants, se voient privés d’antenne, au nom d’une quête de sens, mais aussi et surtout au regard de ses défaillances
répétées.

Les anciens soldats de la télé réalité sont
cruellement montrés du doigt comme autant de parias.
TF1, amnésique, renie volontiers ses enfants de la
« honte ».

Cinq ans plus tard, pourtant, la chaîne n’hésitera pas
à se jeter corps et âme dans les méandres de la real
TV, inspirée par le triomphe de Loft story, et ce avec le succès que l’on connaît.

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