Toutelatele

Dans l’enfer du PAF (1/2)

Joseph Agostini
Publié le 26/07/2002 à 00:21 Mis à jour le 20/05/2007 à 22:24

A toutes les époques cathodiques, les Dieux des
programmes firent s’abattre leurs foudres sur les
grands monarques, petits soldats et pauvres bouffons
qui ne les satisfaisaient plus.

Tous les ans, en septembre, une charette remplie de corps inertes passe et sème la terreur parmi les nombreuses têtes en passe de tomber. Quand l’audience titube, quand la mode passe et dépasse, la terre télé tremble et s’ouvre, emportant dans les enfers ses princes déchus et ses parias meurtris. Ce sort funeste promis aux plus faibles, aucun membre de la Cité ne l’oublie. Tous vivent avec l’angoisse de disparaître engloutis sous les modes mouvantes ou dévorés par les aigles de la concurrence sauvage.

"On m’a prise pour une merde et on me l’a bien fait
comprendre" résume Isabelle Duhamel, avec une voix
d’outre tombe. Cette dernière a dû hisser les voiles
et quitter définitivement le royaume cathodique. "Ce
n’est pourtant pas faute d’avoir essayé de rester,
mais plus personne ne voulait de moi" continue la
pauvre jeune femme.

En 1984, Isabelle commençait une carrière prometteuse dans Salut les petits loups, l’émission jeunesse phare de TF1. Son jeune âge et son style décalé faisaient d’elle une mascotte de la chaîne. En 1986, elle quitte pourtant TF1 pour TV6 naissante. Patrice Blanc Francard, son directeur, offre un pont d’or à Isabelle Duhamel, lui promettant des horizons azurés. Piège ! Insultée à l’antenne par des téléspectateurs qui téléphonent en direct, l’animatrice est « grillée ».

A l’arrêt de TV6, l’année suivante, les enfers s’ouvrent sur la frimousse de Salut, les petits loups. Isabelle Duhamel entame une traversée du désert de quatre ans, avec le RMI pour seules ressources : « J’ai mangé des pâtes à l’eau (...) Sans ma mère, je me serais retrouvée SDF à vendre Macadam » confie t-elle.

En 1990, elle finit par décrocher une rubrique (De Ane à zèbre) dans 40° à l’ombre, l’émission estivale de FR3 animée entre, autres, par Vincent Perrot. « Mais tous les ans, en septembre, je me retrouvais à démarcher », explique Isabelle Duhamel. En 1995, soit cinq étés plus tard, la chroniqueuse est remplacée.

Après avoir témoigné dans Tout est possible, l’emission vedette de TF1 à l’époque, Isabelle s’en est allée, laissant derrière elle ce chemin de croix inqualifiable, qui reflète mieux que tout autre la cruauté du monde de la télévision.

Témoignages d’Isabelle Duhamel issus de l’émission Tout est possible sur TF1 en 1995
Photo extraite du jeu « Je compte sur toi » diffusé sur la 5

Lire la deuxième partie de : Dans l’enfer du PAF