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Les gloires mystérieuses : Patrick Roy (1/3)

Joseph Agostini
Publié le 23/08/2002 à 00:00 Mis à jour le 16/01/2015 à 13:29

Pourquoi la mort de Patrick Roy a t-elle suscité une telle émotion parmi les téléspectateurs ? Pourquoi Marie-Ange Nardi est-elle la seule speakerine des années 80 à être encore à l’antenne aujourd’hui ? Par quelle magie Bruno Masure était-il numéro un dans tous les sondages avec un journal à l’audience médiocre ? Autant de questions auxquelles la logique ne peut répondre. L’amour des téléspectateurs est la seule explication à ces gloires mystérieuses...

Patrick Roy : un hommage national

« Le juste Prix vous est présenté par... Patrick Roy ! » (Applaudissements et acclamations du public). Il est midi et demi, Patrick Roy sourit. Il dit bonjour à la dame, présente les candidats, mène le jeu de l’estimation avec ce même sourire complice, anime les trois manches du Juste Prix, dont le Tyrolien, dans cet état de béatitude propre aux êtres de bonne volonté.

Il a cette bonhommie du gentil gendre haut comme trois pommes, l’oeil vif et la mine toujours enjouée. Quelque peu ombrageux, il doute, l’espace d’un instant, quand il observe la grande roue du jeu s’arrêter sur un chiffre, en vue de « la sélection, pour la vitrine de dimanche ».

« Une famille en or vous est présenté par... Patrick Roy ! » (Applaudissements et acclamations du public). Il est dix-huit heures trente. Le même Patrick Roy du Juste Prix s’avance. Il dit « bonsoir public », présente « les familles de ce soir », pose les questions tirées des sondages effectués sur cent personnes, actionne l’empathie du cousin idéal avec la même mine que tout à l’heure. Il comptabilise les points, rappelle les règles du jeu final, annonce le nom de la famille gagnante et souhaite une bonne soirée.

Quand Patrick Roy décède, des suites d’un cancer, le 18 février 1993, l’hommage de TF1, au cours de son journal de 20 heures, atteint le record d’audience de l’année écoulée, toutes chaînes confondues ! Les parents de l’animateur reçoivent des gerbes de fleurs de la France entière, les magazines de télévision font tous leur une autour de ce décès. Patrick Roy, qui n’avait encore jamais été l’objet d’un tel engouement, malgré sa notoriété, bénéficie alors d’une véritable gloire posthume !

De son vivant, si le présentateur était effectivement considéré comme une vedette de la grille de TF1, il pâtissait de l’étiquette « Homme à jeux », qui amenuisait son champ d’action. En dépit de son extraordinaire popularité, la chaîne ne lui a finalement confié qu’un prime time mensuel, Succès fous, qu’il a co-animé avec deux autres animateurs de jeux, Philippe Risoli (qui lui succèdera dans le Juste Prix) et Christian Morin.

Patrick Roy nourrissait de nombreux projets à sa mort, dont une émission baptisée Les copains d’abord, une sorte d’Avis de recherche, dans laquelle l’invité aurait retrouvé ses amis d’enfance et d’adolescence. Un an avant son départ, Antenne 2 l’avait pressenti pour animer ses vendredis soirs, mais avait reculé devant, justement, son image d’animateur de jeux, qui aurait pu ternir l’image de la chaîne publique.

La mort laisse le destin s’accomplir, mythifie le Héros et le fixe dans l’éternité. Patrick Roy, en ce soir glacial de 1993, a donné toute la mesure à son gentil personnage d’animateur de jeux, si présent qu’il en était devenu indispensable à des millions de personnes, versant une larme, voire plusieurs, devant leur poste de télévision. La frilosité des dirigeants paraissait bien dérisoire comparé à l’amour du public, impudique, délirant, meurtri. Ce soir là, les chiffres d’audience ne pouvaient traduire ce lien affectif qui reliait Patrick Roy à « ses » téléspectateurs...

Lire la deuxième partie des Gloires Mystérieuses consacrée à Marie-Ange Nardi
Lire la Troisième partie des Gloires Mystérieuses consacrée à Bruno Masure