Toutelatele

Greek : la recette du succès de l’American Pie version série

Tony Cotte
Publié le 17/04/2009 à 13:33 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Qu’on se le dise : « l’âge d’or » des teen movies américains appartient au passé. Depuis l’exploitation de la franchise American Pie en « direct-to-DVD » et les premières rides de Jason Biggs, Freddie Prinze Jr, Alicia Silverstone et autre Jennifer Love Hewitt, le genre a laissé place à des ersatz bien moins appréciés. Les puristes ont cependant de quoi se rassurer en se tournant désormais vers le petit écran.

Depuis l’été 2007, la chaîne câblée américaine ABC Family propose, en effet, tous les ingrédients à succès des longs métrages phares du jeune public de la précédente décennie, à savoir : un campus et des beuveries où se côtoient cheerleaders, fils à papa, beaufs et l’archétype du geek, le tout sur les riffs des derniers groupes pop/rock à la mode.

GRΣΣK, jeu de mots pas vraiment subtil entre le féru de science et le système Grec utilisé par les fraternités et sororités américaines, exploite ainsi tous les éléments pour s’attirer les foudres des téléspectateurs de plus en plus exigeants. Pourtant, derrière les nombreux stéréotypes, l’infantilisme des protagonistes et l’humour potache, se cache une production bien plus « smart » qu’elle n’y parait.

Souvent aperçues (Sauvés par le gong, Beverly Hills), mais rarement utilisées comme environnement principal d’une série télévisée, les fraternités et leur fonctionnement représentent le cœur même de Greek. Les Omega Chi, foyer des mecs les plus populaires, les Zeta Beta Zeta, où les filles riches et distinguées vivent peu ou prou en harmonie, et les Kappa Tau, organisateurs des soirées les plus arrosées, sont les trois principales institutions du campus de Cyprus-Rhodes. Chacun évolue ainsi dans son univers respectif jusqu’à l’arrivée de Rusty, jeune homme désireux de s’intégrer malgré un look et des facultés intellectuelles d’un premier de la classe. Ce dernier s’avère être le frère de Casey Cartwright, future présidente des Zeta Beta Zeta, compagne d’Evan Chambers, le responsable des bizuts des Omega Chi, et ancienne petite amie de Cappie à la tête des Kappa Tau. Compliqué ? Ce méli-mélo sentimental, base même des teen-soap les plus conventionnels, est vu par certains comme une transposition moderne de la Guerre de Troie, chapitre essentiel de la culture... grecque !

S’il y a une évidence chez Greek, c’est bien cette absence de prétention à reproduire les schémas du genre. Mais là où les codes et conventions sont grossièrement utilisés par les uns, ils sont ici habilement détournés, voire parodiés, à l’instar de la première saison de The OC (Newport Beach), le tout imprégné, comme il se doit, de « pop culture ». Les références sont nombreuses et aussi diverses que Grey’s Anatomy, Braveheart, Matrix, Star Wars ou encore les programmes de télé-réalité made in MTV.
Derrière ce curieux mélange, un homme, Patrick Sean Smith. À la fois créateur, scénariste et producteur exécutif, l’intéressé peut aujourd’hui prétendre à se présenter comme une version cathodique de Judd Apatow, et ce malgré une filmographie encore limitée.


À l’instar du créateur de 40 ans, toujours puceau, Patrick Sean Smith propose un « guilty-pleasure » capable de séduire un public varié. De l’amateur de potache à la midinette amoureuse du jeune Jake McDorman, en passant par les sériephiles, avec l’apparition d’AnnaLynne McCord (90210), Charisma Carpenter (Buffy, Angel) ou encore Carol Potter (Beverly Hills), tout le monde y trouve son compte, même la communauté gay grâce à la présence du personnage de Calvin Owens, loin, très loin, de l’archétype du garçon efféminé.

Les critiques ne s’y trompent pas : « Greek est bien plus qu’une manipulation rusée d’un service marketing ». Des supports aussi divers que le New York Post, Hollywood Reporter ou encore Entertainment Weekly dressent ainsi les bons points d’une fiction à regarder au-delà du premier degré.

Une approche visiblement pratiquée par un nombre croissant de téléspectateurs outre-Atlantique. La chaîne câblée ABC Family réunit ainsi plus d’un million de fidèles pour les derniers épisodes en date, soit une hausse de 40% par rapport à la diffusion des premières aventures de Rusty, Casey, Cappie et les autres. Auprès du cœur de cible du diffuseur, soit le public féminin de moins de 35 ans, la fiction peut s’enorgueillir d’attirer aujourd’hui 500 000 téléspectatrices en moyenne, contre moins de 300 000 à ses débuts. Une performance qui vaut à Greek d’être le deuxième programme le plus regardé de la chaîne, derrière le phénomène The Secret Life of the American Teenager.

En France, Virgin 17 propose, à nouveau, une séance de rattrapage de la première saison de Greek, dès ce vendredi 17 avril en première partie de soirée. Diffusée également tous les jeudis sur Filles TV, la fiction s’impose comme une des valeurs sûres de la TNT et chaînes thématiques. On murmure même hors antenne que NRJ12 regrette de ne pas avoir acquis ce « teen-soap » dont les audiences, non communiquées par son diffuseur, dépasseraient, même en rediffusion, les 200 000 fidèles. Preuve que même en 2009, une recette simple et sans prétention peut être tout aussi efficace que celle de la tarte aux pommes tiède...