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Les frères Scott > Mark Schwahn révèle les dessous de sa série

Emilie Lopez
Publié le 22/05/2009 à 19:20 Mis à jour le 26/03/2010 à 18:33

A l’occasion de la sortie en DVD de la saison 5 des aventures des Frères Scott, Toutelatele.com a rencontré leur « papa », Mark Schwahn. Dans l’intimité d’une chambre de l’hôtel de Sers, l’homme, particulièrement investi et passionné, dévoile les dessous de sa série, alors que l’annonce d’une septième saison n’était alors qu’officieuse. Rencontre avec un scénariste de talent, impliqué dans la grande majorité des scénarii de son « bébé »...

Emilie Lopez : Auparavant, vous aviez toujours écrit des films. Comment en êtes-vous arrivé à créer Les frères Scott ?

Mark Schwahn : A l’origine, j’ai écrit Les frères Scott comme un film, proche de mon expérience personnelle, et un peu plus centré sur le sport. Mais entre temps, j’ai été engagé pour le long-métrage Coach Carter, avec Samuel L. Jackson. Je me suis donc retrouvé avec deux films sur le basket, dont un était sûr d’être fait. J’avais toujours le script de Ravens (titre du projet original des Frères Scott) sous la main, et Coach Carter m’a plus ou moins forcé à le modifier en une série télé.

Pourquoi le basket-ball influence-t-il tant votre processus d’écriture ?

J’ai beaucoup joué au basket sur les terrains de mon quartier, comme le fait Lucas au début de la série. L’été, pendant les vacances, j’avais un petit boulot, et le reste de mon temps, je le passais à faire des paniers. J’ai de si bons souvenirs de cette période, que je me sentais à l’aise et détendu d’écrire cette vie pour Lucas, avec Skills, Mouth, Jimmy, Junk et Fergie.

Vous sentez-vous donc plus proche de Lucas que les autres personnages de la série ?

Hilarie (Burton, une des actrices, ndlr) m’a toujours accusé d’écrire le rôle de Peyton comme mon double féminin (rires), ce qui est probablement vrai. Mais je pense qu’il y a des parts de moi dans chacun des personnages : Lucas a la noblesse et la grâce que j’aimerai avoir. Idem pour Dan, ce méchant qui a toujours le dernier mot, il est très fort, dominateur, c’est très thérapeutique d’écrire ce personnage qui fait toutes ces choses ! Nathan est quelqu’un dont les émotions lui permettent de tirer le meilleur de lui-même, et il apprend des leçons de son père, sur le fait notamment de ne pas être aussi émotif et passionné. Mais je pense que dans ma jeunesse, j’étais plus proche de Micro. C’est intéressant parce que j’écris ces personnages et en leur enseignant le monde, j’en apprends beaucoup sur moi.

La saison 5 sort en DVD, celle du fameux « bond en avant ». Comment en êtes-vous venu à faire ce choix de scénario ?

Je me suis toujours demandé ce que l’on devenait lorsque nos rêves meurent. Quand on est jeunes, c’est tellement facile d’avoir des rêves. Ce qui devient difficile, c’est de l’accomplir, surtout si c’est quelque chose de spécial, comme sportif professionnel ou un astronaute ! Cela m’intéressait vraiment de savoir ce que l’on devient après ça : quels rêves fait-on pour son avenir, quels choix est-on contraints de faire, que se passe-t-il lorsque tout ceci s’envole ?

Avez-vous, vous-même, dû abandonner un rêve ?

J’adore la musique, si je pouvais être n’importe où, ce serait dans un bus pour une tournée, en tant que musicien. J’ai toujours pu écrire, et j’ai pris ça comme un acquis, ça m’est toujours venu très naturellement. Mais pour tout dire, et ça je ne l’ai jamais dit à personne, un jour, lorsque la série s’arrêtera, je me précipiterai dans un studio pour enregistrer un album avec un groupe ! Car à un moment dans ma vie, je vais devoir arrêter de me dire « un jour » et réaliser que ce jour-là est arrivé...

La BO de la série a toujours eu énormément de succès. Participez-vous également au choix des chansons ?

Nous travaillons en étroite collaboration avec mon équipe. Mais je dois avouer que le « pédigrée musical » de la série a été confectionné en grande partie en fonction de mes choix. Certains genres de musique ne conviennent pas, selon moi, à la série, comme le hip-hop, que je trouve un peu trop « agressif » et difficile pour ajouter des dialogues par-dessus. Le rythme de la série requiert également un certain type de chansons et d’artistes. Donc oui, concernant la BO, que vous l’aimiez ou que vous l’adoriez, c’est soit grâce à moi, soit de ma faute ! (rires)


Diriez-vous que la sixième saison est moins « noire » et « dramatique » que les précédentes ?

Elle commence avec pas mal d’évènements « difficiles », tels que l’épisode Carrie / Dan, l’attaque de Brooke, etc. Au début, elle est plutôt « noire », mais c’est vrai que par la suite, on a évolué vers quelque chose de plus calme, plus romantique, et c’est exactement ce que je voulais. D’autant que nous ne savions pas, à l’époque, si cela allait, ou non, être notre dernière saison.

N’avez-vous jamais eu l’impression que vous alliez trop loin dans le « drama » ?

Certaines séries, qui ne sont plus à l’antenne, sont allées trop loin trop vite, mais c’est tout ce qu’elles pouvaient faire. Avec Les frères Scott, les moments intenses sont contrebalancés avec d’autres très calmes. Je sais que certains regardent la série comme un « guilty pleasure » justement pour le côté dramatique. C’est également plus facile pour une chaîne ou des studios de comprendre la série quand il y a le mélange des deux genres. Par exemple, la publicité se fera sur l’accident de voiture de Peyton, pourtant l’épisode portera surtout sur la relation entre Peyton et Brooke ! Mais la chaîne se focalisera toujours sur l’événement tragique...

A la fin de la saison 5, Lucas hésite entre trois « prétendantes ». Pourquoi avoir finalement choisi Peyton ?

J’ai toujours pensé que Lucas et Peyton étaient destinés à être ensemble, c’était établi dès le début. Certes, il y a eu le couple Lucas / Brooke, et l’alchimie était bien sûr évidente. Je sais que les fans de Brucas (contraction de Brooke et Lucas, ndlr) ont eu le sentiment qu’on leur retirait quelque chose. Mais je me dis « c’est aussi nous qui vous l’avons donné ! » Alors pourquoi ne pas nous remercier pour ça au lieu de vous sentir pénalisés ? (rires)

Vous étiez pressenti pour réaliser le pilote de Melrose Place 2.0. Pourquoi cela ne s’est-il pas fait ?

J’étais très intéressé à l’idée de le faire, surtout après en avoir parlé avec les studios. Mais seulement pour le pilote : l’écrire, le réaliser, faire le casting, etc. Et si Les frères Scott était renouvelée, je devais partir. Et ils se sont dit, à raison je pense, que celui qui ferait le premier épisode devrait rester tout au long de la saison. Ils voulaient quelqu’un qui puisse s’investir à fond. Ce qui signifiait pour moi me « décharger » en quelque sorte de ma série, et laisser la place à quelqu’un, tout en gardant un regard lointain dessus. Or je ne me sentais pas prêt à abandonner Les frères Scott.