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Romain Tischenko, lauréat de Top Chef

Tony Cotte
Publié le 06/04/2010 à 13:43 Mis à jour le 07/04/2010 à 15:39

Particulièrement discret au cours de l’aventure, Romain a surpris ses concurrents comme les téléspectateurs de M6 en remportant la compétition Top Chef, ce lundi 5 avril sur M6. Au cours de cette aventure, ce jeune second de 24 ans s’est retrouvé à maintes reprises à « l’épreuve de la dernière chance ». Avec aujourd’hui 100 000 euros en guise de capital pour ouvrir son propre restaurant, le lauréat préfère prendre son temps et compte travailler avec d’autres avant de lancer sa propre enseigne. Rencontre avec une révélation de l’émission...

Tony Cotte : Dans quel état d’esprit êtes-vous depuis votre victoire ?

Romain Tischenko : Je suis très content et soulagé. Le résultat a eu lieu il y a deux semaines et je peux enfin en parler à tout le monde. Jusqu’à présent, nous étions tenus au secret et c’est difficile de ne pas partager une telle nouvelle. Après la finale, j’ai contacté Pierre pour faire un bilan : je savais que le jury n’avait pas aimé mes plats. Ma cuisine était destinée aux téléspectateurs invités, celle de Pierre était plus traditionnelle. J’ai misé sur l’osasse et j’ai préparé des plats dans l’esprit de ceux que ma future clientèle pourra goûter.

Votre parcours est celui d’un jeune second en cuisine retrouvé à cinq reprises sur la sellette pour, au final, remporter la compétition. Considérez-vous Top Chef comme une belle histoire ?

J’ai travaillé plus que les autres avec toutes les épreuves de la dernière chance. Personne ne m’a vu venir. Je n’ai pas fait de bruit, j’ai longtemps observé et j’ai envoyé quand il fallait le faire. Je me savais calme, mais à l’écran j’ai été surpris par les images. Aujourd’hui, je peux dire que Top Chef m’a apporté de la maturité. Ça a été comme une expérience dans un restaurant d’une année, sauf que le tournage n’a duré en réalité qu’un mois. C’est très enrichissant, notamment le rapport avec les autres candidats.

Vos camarades étaient-ils plus des concurrents ou des alliés ?

J’ai été content, lors de l’épreuve du supermarché bio, de venir en aide à Brice, même si lui ne l’aurait sans doute pas fait. Le message positif de cette aventure est de délivrer une vision différente de celle que l’on peut avoir de cet univers : il n’y a pas que des bourrus et des grandes gueules. Malgré la compétition dans Top Chef, il y a eu un vrai échange avec les autres et c’est représentatif de ce que j’ai vécu jusqu’à présent. Après, bien sûr, tout dépend des maisons. Il existe forcément des restaurants où ça gueule et où l’on se tire dans les pattes, mais je ne pense pas que l’on puisse faire du bon boulot dans ces conditions.

Aujourd’hui, quel rapport entretenez-vous avec vos anciens camarades ?

Après la diffusion de la finale, j’ai eu Grégory, Pierre et Benjamin Kalifa. Il a tenu à s’excuser pour son comportement. Il parait qu’il a fait une page pour expliquer son attitude sur Facebook après avoir vu les images. Moi je ne lui en veux pas. Chacun est comme il est...

Si vous deviez piocher parmi les candidats pour désigner un second en cuisine de votre futur restaurant, qui choisiriez-vous ?

Si on ne prend pas en compte sa fonction de « chef », Benjamin Darnaud. C’est un super cuisinier. Lors de l’ultime épreuve, il a pris le rôle de second et m’a vraiment bien épaulé. Sinon, je choisirais Grégory. J’adore le mec, sa bonne humeur et sa dextérité. On lui reproche de manquer de technique, mais ça ne fait pas tout. Il a énormément de qualité et la cuisine, ça se ressent.


Pouvez-vous en dire plus sur ce fameux projet de restaurant avec votre frère ?

Chaque chose en son temps. Je ne vais pas l’ouvrir demain. Avant, j’ai envie de travailler avec d’autres chefs et d’avoir davantage d’expérience. Les 100 000 euros remportés représentent un capital qui nous permettra d’avoir plus de crédibilité face à une banque. On nous écoutera forcément plus que si nous étions deux jeunes de 24 et 22 ans sortis de nulle part. C’est une bonne base, mais je n’ai pas envie de me lancer maintenant. Là, je vais partir en Asie pendant deux ou trois mois pour m’imprégner davantage de la culture culinaire japonaise. J’aimerais, au final, réaliser un livre photo de ce voyage.

Si Jean-François Piège a annoncé vouloir reprendre votre recette du turbot, il a également expliqué dans Le Parisien que votre cuisine n’était pas la vôtre, mais celle de votre ancien chef. Comprenez-vous ses propos ?

J’ai été surpris en le lisant. Tout au long de l’émission, il m’a dit que je racontais une histoire et que mes plats le faisaient vibrer. Je n’ai pas compris pourquoi il déclare un peu l’inverse dans la presse aujourd’hui. J’espère pouvoir discuter avec lui à ce sujet. Certes, mon ancien chef m’a fait beaucoup voyager. J’ai été très influencé par notre travail au Japon et je reprends un certain état d’esprit, mais de là à dire que ce n’est pas ma cuisine...

On l’a souvent vu au cours de l’émission : les candidats acceptent très mal la critique. Est-ce votre cas ?

Au contraire ! Je l’accepte et la comprends très souvent. Au cours de l’aventure, j’ai pris en compte toutes les remarques du jury et j’ai bien rebondi grâce à ça. La critique est utile quand elle fait avancer. En revanche, à l’issue du banquet pour 200 personnes, Philippe Renard n’a pas vraiment eu des propos tendres à mon égard. Ses commentaires n’ont servi à rien. Ils étaient juste là pour dire de se lâcher sur quelqu’un.

Aux États-Unis, Top Chef existe depuis plusieurs années et il est coutume de retrouver le gagnant d’une saison devenir juré spécial lors de la suivante. Accepteriez-vous de juger les candidats d’un Top Chef 2 sur M6 ?

Houla ! C’est une position délicate, je ne sais pas si je peux accepter. Imaginez s’ils prennent des mecs de 40 piges. Ils seraient jugés par un jeune comme moi ?

Vous étiez bien face à des jurés en culottes courtes ou des animateurs de M6 sans expérience de la cuisine lors de cette saison !

On verra pour ma participation en temps voulu et en fonction de l’épreuve. Je peux en revanche donner un conseil aux futurs candidats : le concours Top Chef est très long et très dur. Il ne faut pas venir avec l’esprit « On va faire de la télé ». C’est difficile de faire abstraction des caméras au début, même si on les oublie rapidement, il faut garder en tête que cette émission télévisée est avant tout une véritable compétition.