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The L Word > Kate Moennig dévoile les dessous de la série lesbienne

Emilie Lopez
Publié le 07/04/2010 à 13:59 Mis à jour le 07/04/2010 à 14:03

Difficile de résister à l’envie d’appeler Kate Moennig « Shane », en voyant la jeune femme déambuler dans les couloirs du Festival de Télévision de Monte-Carlo, tant elle rappelle son personnage dans The L Word. Même attitude, même charisme, et tout aussi énigmatique que ce rôle qu’elle a incarné pendant 6 ans, l’actrice a envouté bon nombre de journalistes, malgré ses réponses parfois très courtes. Très proche d’Ilene Chaiken, créatrice de la série également présente, elle n’hésite pourtant pas à critiquer une dernière saison très mal reçue par les fans, et ce, sans langue de bois. Toutelatele.com est parti à la rencontre de cette icône gay, aussi nonchalante qu’étonnante.

Emilie Lopez : Les téléspectateurs vous connaissent en tant que Shane dans The L Word. Outre ce rôle, vous avez interprété une jeune femme contrainte de se faire passer pour un garçon dans Young Americans, et une transsexuelle dans New York Unité Spéciale. Jouer des personnages à contre-courant est-il un choix de carrière ?

Kate Moennig : Il n’y a rien d’intentionnel là-dedans. Ces rôles viennent à moi, et non l’inverse. Young Americans était mon premier job, c’était très sympa. Pour ce qui est de New York unité spéciale, le rôle était vraiment intéressant... Quant à The L Word, c’était une occasion à ne pas laisser passer !

À quel point diriez-vous que Shane vous ressemble ?

Après six saisons, je suis devenue Shane... et Shane est devenue Katherine. C’est le cas pour tout acteur régulier dans une série : pour être vrai, il est nécessaire d’apporter un peu de soi. Quand j’ai lu le script la première fois, je savais que je ne pourrais pas jouer Shane comme une personne qui s’excuse d’être ce qu’elle est. Je comprenais sa personnalité et ce qui la définissait. C’était un challenge, car elle est plus profonde que ce qu’elle ne parait de prime abord.

Etes-vous satisfaite de l’évolution de votre personnage au fil des saisons ?

Je dois avouer que j’aurai aimé voir Shane mûrir davantage et voir une vraie évolution. Je comprends tout à fait le fait que nous ne pouvions pas nous éloigner trop de ce mythe que tout le monde aimait chez elle. Mais je crois au fait que les gens grandissent et changent. Après 5 ans, une personne ne peut pas répéter toujours les mêmes erreurs...

La sixième et dernière saison a été très critiquée et a déçu les fans. Quel est votre point de vue ?

Je comprends ces critiques, et je sais d’où elles viennent. C’était une façon vraiment bizarre de terminer, et je comprends la frustration des fans. Je l’ai ressentie moi-même. L’histoire principale était sans doute trop énorme pour si peu d’épisodes, et pour pouvoir vraiment aller en profondeur. Mais c’est du passé maintenant, que pouvons-nous y faire ?

Si le choix vous avait été donné, comment auriez-vous orchestré cette fin de série ?

J’aurais, dans un premier temps, adoré avoir de vraies réponses. Je pense que cela aurait été une bonne chose de terminer à la fin de la 5e saison. Si cela n’avait tenu qu’à moi, j’aurais ignoré la saison 6, repris l’intrigue à la fin de la saison et mis un point final à ces histoires.

Ilene Chaiken, la créatrice de la série, a annoncé écrire un film The L Word. Seriez-vous de cette aventure ?

Bien sûr ! Je pense que ce serait une bonne chose pour les fans, et pour terminer en beauté. Cela aiderait vraiment.


Au fil des saisons, quelle est la storyline que vous avez le moins aimé ? Et celle que vous avez préféré ?

Je n’étais pas fan de l’histoire autour du cancer du sein de Dana... Et j’ai vraiment aimé l’amitié entre Shane et Jenny. Je trouvais qu’elles interagissaient vraiment très bien ensemble, que leurs personnages étaient faits pour s’entendre.

Vous êtes, en toute logique, devenue une icône gay. Comment le vivez-vous au quotidien ?

Ce n’est pas quelque chose dont j’ai vraiment conscience. Cela ne change pas ma façon de vivre. Les seuls moments où je m’en rends compte, sont lorsque les journalistes m’en parlent ! (rires)

Pensez-vous que The L Word a aidé à changer la vision de la communauté lesbienne ?

Je l’espère en tous cas. C’était le but et je pense que l’on a réussi. Bien sûr, la série n’a pas pu tout changer, notamment au niveau du gouvernement ou de certaines mentalités. Mais nous avons au moins réussi à ouvrir les yeux de certaines personnes.

Après la fin de la série, avez-vous reçu beaucoup de propositions ?

Dans un premier temps, j’ai eu besoin de me relaxer, de prendre un peu de recul. Puis j’ai accepté Three Rivers, ma nouvelle série, qui parle de transplantation d’organes. Il y a trois perspectives : celle du donneur, du patient qui reçoit l’organe et du docteur. On a seulement fait le pilote pour l’heure (l’interview a été réalisée en juin, ndlr), donc je n’en sais pas énormément. Je joue une jeune femme rebelle, aussi dévouée qu’auto-destructrice.

Comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle ?

J’ai passé énormément de temps dans des salles d’opération, pendant une douzaine d’heures, j’ai eu l’opportunité d’assister à des opérations à cœur ouvert, des transplantations. C’était magnifique, et l’une des plus belles choses que j’ai eu l’opportunité de voir dans ma vie. Je pensais vraiment que ça allait me rendre malade ! (rires) Mais au final je ne l’ai pas été, car c’est une certaine sorte d’art. Je pense qu’on ne le réalise pas, mais les docteurs sont des héros ! Ils sont ceux qui nous donnent une deuxième chance...

Il est souvent difficile pour les acteurs de série de faire oublier les personnages phares qu’ils ont incarnés. Comment pensez-vous réussir à faire oublier Shane ?

Ce sont les bonheurs et les aléas de jouer dans une série. Je ne m’attends pas à ce que Shane disparaisse, et je ne serais pas surprise que les gens aient du mal à me voir en blouse d’hôpital, mais, comme je disais, nous changeons et évoluons tous. Et Three Rivers est la nouvelle étape de ma vie.