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Katsuni, la star du X, parle de ses mangas sexy

Tony Cotte
Publié le 15/09/2010 à 15:19 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:42

Prompt à relancer MCM, le groupe Lagardère mise une nouvelle stratégie. Au programme, de nouvelles têtes et, entre autres, un positionnement plus important sur les mangas. Si le genre n’a jamais vraiment quitté l’antenne, il a désormais la part belle avec une case spécialement dédiée aux hentaï, les productions les plus coquines en la matière. Et qui de mieux que Katsuni, déjà vue sur la grille en 2005 Dans la vie de Katsuni, pour accompagner les fidèles ? L’actrice de film X est ainsi de retour à l’animation après une participation sur TPS Star et dans Le Journal du hard sur Canal +. Maîtrisant son sujet, l’intéressée n’est pas qu’un « coup » pour MCM. Entretien.

Tony Cotte : On vous retrouve à partir du 17 septembre aux commandes des Mangas sexy de Katsuni sur MCM. Comment vous êtes-vous retrouvée à l’animation de cette émission ?

Katsuni : La chaîne me l’a tout simplement proposée. C’était, pour eux, une évidence de s’adresser à moi pour un programme de culture asiatique et connoté charme. La proposition m’a tout de suite enthousiasmée. Après ma petite expérience avec TPS Star et Le Journal du hard sur Canal +, je me sens désormais à l’aise dans cet exercice et je suis ravie de passer cette année avec MCM.

Le communiqué de presse de l’émission évoque votre « passion pour les hentai », peut-on vraiment parler de légitimité à présenter ce programme ?

La particularité du programme est son rapport à la sexualité. Ça fait 10 ans que je fais du X. C’est un domaine que je connais, et je n’ai plus à me justifier ni à convaincre les gens que j’aime ce que je fais. L’année dernière, dans le cadre de la promotion des Hot D’or, le grand public a eu la possibilité de voir dans les médias que j’étais à l’aise avec ça. Les hentai sont un art où l’on exprime différentes formes de sexualités, avec un certain humour et de la dérision. Ça correspond à ce que j’aime.

Les hentai, ou du moins le manga en règle générale, constituent un phénomène de société au Japon. Pourtant, le pays n’est pas réputé comme le plus libéré. Comment expliquez-vous ce succès ?

Un extrême en appel à autre. Au Japon, il y a énormément de tabous et de pression. C’est une culture stricte, toujours dans le contrôle, la performance et la quête de la réussite professionnelle. Les gens ont donc besoin d’un exutoire. La pornographie a toujours été un excellent moyen d’oublier son quotidien. Plus le pays s’adonne à la censure, plus il va vers une pornographie exacerbée.

Dans un tel environnement, comment est-il possible de médiatiser le hentai ?

Le système de censure est particulier. À partir du moment où les rapports sexuels ne sont pas réalistes et les parties génitales cachées, tout est permis. On assiste donc à une sexualité extrême avec, par exemple, des monstres qui pénètrent des femmes avec des tentacules géantes. Sans les contraintes de casting et de budget, on part dans des situations très fantaisistes. C’est l’exagération de la caricature. Mais la pornographie, en soi, est une forme caricaturale de la sexualité.


Au Japon, le manga « My Wife Is A Grade Schooler » avait été interdit à la publication, suite à quelques images ambigües de rapports sexuels de la jeune héroïne. L’affaire aurait même été utilisée à des fins politiques.

C’est étonnant. Vous savez, il y a beaucoup de niches qui partent dans des déviances avec des rapports presque incestueux, voire qui tombent dans la pédophilie. Bien évidemment, ce n’est pas du tout le sujet de ce qui est montré sur MCM. Au Japon, la population est très ouverte à ce niveau-là. En tant qu’Occidentaux, ça peut nous choquer, mais il s’agit d’un phénomène culturel là-bas.

« My Wife Is A Grade Schooler » a été récemment médiatisé suite à des clichés de Britney Spears plus ou moins en hommage à cette œuvre...

Cela m’étonne un peu moins que l’on s’attaque à une célébrité. Quand on s’adresse à quelqu’un qui existe vraiment, on prend des risques. Mais on a toujours nos petits scandales. En France également, il suffit de voir l’affaire Zahia. Tout le monde est ravi d’acheter la presse people pour se jeter sur la première photo d’elle en bikini ou, si possible, nue. Le grand public est friand de ça.

La moitié de l’année, vous vivez aux États-Unis. Les mangas sexy y ont-ils leurs amateurs ?

On peut parler de véritable marché mondial. La bande dessinée peut-être classée en trois origines : celle présente aux États unis et que l’on appelle comics, la bande dessinée européenne, née en Belgique, et les mangas. Là-bas, on peut retrouver les cosplay, des événements où les fans d’animation japonaise se retrouvent déguisés en leurs héros préférés. Ce n’est pas un simple phénomène asiatique, cela fait partie de la culture occidentale aujourd’hui.

On parle d’une bande dessinée classée X dont vous serez l’héroïne...

On vient de terminer l’écriture du scénario, il est donc encore trop tôt pour parler d’une date de sortie. Elle sera réservée à un public adulte avec une connotation manga. Nous avons confié les dessins à un américain, le style sera comics, axé sur l’action et très super-héros, mais avec toujours beaucoup de dérision.

Les Mangas sexy de Katsuni sont aussi l’occasion de faire la promotion de votre ligne de lingerie, « Petit cœur », que vous portez à l’écran. Peut-on y voir une volonté de préparer une porte de sortie du milieu du X sur le moyen terme ?

À chaque émission, je porte un ensemble ou costume sexy, sachant que j’ai une collection de 16 modèles à ce jour. Mais on me verra aussi en petite écolière ou en soubrette, des grands classiques qui plaisent toujours (rires). Par contre, je n’aime pas le terme « porte de sortie ». Je n’ai pas envie d’en sortir. Bien sûr, il viendra un moment où il faudra arrêter de tourner, mais c’est un milieu que j’aime. Ma reconversion, j’y pense depuis quelques années, et la lingerie en fait partie. Attention, je ne suis pas en train de dire que je vais arrêter le X. J’aime faire plusieurs choses et tant qu’il y a une cohérence, je ne vois pas de problème à multiplier les activités. Malgré mon emploi du temps, j’essaye d’écrire mon livre, mais comme je tiens à être la seule auteure et à ne pas me faire aider, sa sortie n’est pas prévue dans l’immédiat.


Depuis quelques années, vous semblez particulièrement attirée par le petit écran. On vous retrouve invitée dans divers talk-show, vous avez fait l’objet d’un docu-réalité sur MCM par le passé (Dans la vie de Katsuni) et vous avez également tenu une chronique sur TPS Star ou encore dans Le Journal du hard. Animatrice télé, un fantasme inassouvi ?

(Rires) Pas du tout ! Je suis simplement très à l’aise devant la caméra et ça m’amuse. Vous savez, j’accepte les propositions quand elles sont intéressantes, quand je sais que j’ai une certaine légitimité à faire les choses et quand elles m’apportent quelque chose. Tout le monde rêve de faire une émission de télé, de radio ou un livre, mais avoir les épaules pour, c’est autre chose. Je suis intéressée quand je sais que les projets aboutissent et quand il y a un esprit de collaboration. C’est le cas avec ce programme sur MCM. Après, en matière d’animation, c’est plus facile au Japon où les actrices X font de la publicité et ont de nombreuses propositions dans tous les domaines. En France, le public a besoin de cohérence et l’on applique des étiquettes. Évidemment, Katsuni à la tête de Thalassa ce serait merveilleux, mais ça appartient à l’ordre fantasme justement (rires).

À aucun moment, derrière votre petit écran, vous n’avez souhaité animer un programme dans lequel votre présence aurait été légitime ?

Dans le domaine du possible, j’aimais énormément Paris dernière, mais version de Frédéric Taddeï. Depuis son départ, ce n’est plus la même chose. J’aurais pu me sentir à ma place si l’on m’avait confié cette émission à l’époque, puisque l’on était dans un domaine très sulfureux.

En tant que téléspectatrice qu’appréciez-vous ?

Je suis une grosse consommatrice de séries en DVD. J’ai commencé comme beaucoup de monde avec 24 et Lost. J’ai enchaîné avec The Shield, Entourage et Californication. Aujourd’hui, je suis attentivement Breaking bad. Mais pour être honnête, je ne regarde pas beaucoup la télévision en France, et pratiquement jamais aux États-Unis. J’aime Le Grand journal et les reportages. Je considère le petit écran comme une manière d’apprendre des choses. En revanche, je n’aime pas du tout la télé-réalité, le genre d’émissions qui se regardent le nombril...

N’est-ce pas ironique venant de l’héroïne du docu-réalité « Dans la vie de Katsuni » ?

Je n’étais pas enfermée dans une pièce ! À l’époque, je n’avais pas trop la notion des médias. J’étais une jeune fille lambda qui ne connaissait pas l’impact. C’était amusant, je n’avais pas réfléchi plus que ça. Mais la démarche était intéressante avec 5 épisodes de 52 minutes. Je fais un métier qui suscite beaucoup de questions et suivre le parcours d’une actrice X intéresse les gens. On a pu apprendre des choses. Je dirais que c’était presque ethnologique !