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Facing Kate > Rencontre avec Sarah Shahi

Publié le 10/04/2011 à 15:02 Mis à jour le 21/04/2011 à 17:58

Sarah Shahi s’est fait remarquer auprès du public familier des séries grâce à ses personnages de Carmen de la Pica Morales et Dani Reese. L’actrice de 31 ans est actuellement la star de Facing Kate. De passage à Paris, elle parle de sa nouvelle série mais elle évoque également ses débuts, sa rencontre avec Robert Altman, l’impact de The L Word et la fin de Life.

Tony Cotte : Dans Facing Kate, vous interprétez Kate Reed, une brillante avocate, qui décide de changer de carrière pour devenir médiateur. Pouvez-vous expliquer ce qu’est un médiateur exactement ?

Sarah Shahi : Un médiateur est assigné pour trouver un arrangement entre deux partis en conflit. Il ne représente aucun de ces partis, il veut ce qu’il y a de mieux pour les deux personnes. Et selon l’état de la loi aujourd’hui, le médiateur coûte aussi beaucoup moins cher qu’un avocat et il permet d’arriver à une décision plus rapidement.

Pourquoi Kate est-elle autant impliquée dans son travail ?

Tous les médiateurs n’ont pas été des avocats, mais c’est le cas de Kate. Mon personnage en a eu marre d’évoluer dans un système où un coupable peut être libre et un innocent peut être accusé. Un monde où tout est noir ou blanc. Mais ce n’est pas comme ça dans la vraie vie, les gens vivent des situations particulières. A un moment dans le pilote, Kate dit à son père : « la loi est faite par les gens et les gens ont souvent tort. » Je pense que c’est de là que lui vient sa passion. Elle faisait partie d’un système envers lequel elle a perdu foi et maintenant, elle fait son propre système d’une certaine façon.

Votre personnage change de carrière suite au décès de son père. Avez-vous déjà envisagé de quitter votre métier d’actrice suite à un évènement important survenu dans votre vie ?

J’envisage de quitter ce métier à chaque fois que je n’ai pas le rôle que je veux ! (rires) Par exemple, je voulais le rôle féminin dans L’Agence tous risques. Ça s’est joué entre Jessica Biel et moi. Et c’est elle qui a eu rôle et moi, je disais que je ne voulais plus être actrice. Cependant, je touche du bois parce que je n’ai jamais fait l’expérience difficile de Kate. Je n’ai jamais été confrontée à la mort. Il y a déjà eu des moments difficiles dans ma vie mais aucun n’était assez important pour me faire envisager d’arrêter ce métier.

Il semble que Robert Altman soit à l’origine de votre venue à Los Angeles, dans le but de devenir actrice. Pouvez-vous nous raconter cette histoire ?

A l’époque, j’étais à l’Université et cheerleader. Robert Altman est venu au Texas pour tourner Docteur T. et les femmes. Il a utilisé l’endroit où nous répétions comme lieu de tournage durant deux semaines. Et je n’avais aucune idée de qui c’était (rires). C’est un peu embarrassant de l’admettre. On s’est bien entendu, on parlait de tout sauf du milieu du cinéma. Et à la fin de son tournage, il m’a demandé ce que je voulais faire de ma vie et je lui dis que je voulais être actrice mais que je ne sais pas comment faire ici, au Texas. Il m’a dit : « Je pense que tu as ce qu’il faut pour ça. Tu dois aller à Los Angeles. » Il m’a donné son numéro de téléphone en me suggérant de l’appeler.

Comment avez-vous réagi suite à cette rencontre ?

Dès que je suis rentrée chez moi, j’ai entré son nom sur Google et je me suis aperçu que le seul film que je connaissais était Popeye, son plus mauvais ! J’ai dit à ma mère : « Maman, le mec qui a réalisé Popeye me dit que j’ai une chance ». Et ça y était, j’ai fait mes valises et je suis partie à Los Angeles.


Avez-vous vu ses autres films depuis ?

Oui ! Durant mes trois premiers mois à Los Angeles, tout le monde me demandait d’où je venais, comment et pourquoi j’étais là. Et quand je leur racontais mon histoire, ils me regardaient en me disant « Mais tu ne sais qui est Robert Altman ? » J’étais tellement naïve ! À partir de là, je me suis documentée sur lui et j’ai regardé pratiquement tous ses films. Et quand j’ai réalisé qui il était, ça m’a beaucoup intimidé. Et je ne l’ai plus jamais rappelé...

Vous avez eu votre premier rôle récurrent dans la série Alias. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?

C’était merveilleux. Je n’ai jamais pris de cours de comédie, j’ai tout appris ces dernières années avec des coachs ou directement sur les plateaux. Mon expérience sur Alias était super car J.J. Abrams m’a beaucoup encouragé. Il pensait que j’avais un talent naturel. Tout le monde m’aimait beaucoup sur ce tournage, et ils m’ont permis de prendre confiance en moi en tant qu’actrice. Notamment, Bradley Cooper, qui était mon partenaire sur les huit épisodes et avec qui je suis restée amie.

Dans Life, vous avez incarné Dani Reese. Si la série a très bien marché en France, elle a été stoppée aux États-Unis. Alors, selon vous, qu’est-il arrivé à Crews et Reese après cette scène dans l’orangeraie ?

Je pense qu’ils se sont probablement mariés (rires). Dani était très masculine, elle ne baissait jamais la garde. Mais on l’a vue dans une position très vulnérable avec Crews, montrant un côté plus doux de sa personnalité. Je ne sais pas s’ils auraient eu une relation ou pas. Mais je pense qu’il y avait probablement des sentiments en jeu et ils auraient été exploités, créant des tensions entre les deux partenaires. J’aurais voulu savoir ce qu’il s’est passé entre eux après ça.

Vous avez joué également dans The L Word. Êtes-vous fière de l’impact de cette série sur la télévision américaine ?

En fait, c’est après avoir quitté la série que j’ai pu me rendre compte de l’impact de cette série sur la communauté lesbienne. Aujourd’hui encore, cinq ans après avoir interprété le personnage de Carmen, les gens viennent me voir et continuent de m’en parler. Et je réalise combien cela a été important pour la communauté gay et lesbienne d’être représentée de cette façon. The L Word était la première à le faire. Et je suis vraiment honorée d’avoir écrit l’Histoire avec eux.

Bronwen Hughes a réalisé le pilote de Facing Kate. Elle a aussi travaillé sur The L Word. Comment était-ce de tourner avec la même réalisatrice sur deux séries très différentes ?

C’était mieux cette fois-ci ! Parce que sur The L Word, il y avait un casting important, et huit ou neuf actrices à gérer en même temps, cela peut vite devenir de la folie. De plus, nous n’avions que deux ou trois jours de tournage chacune, aux vues des nombreuses histoires racontées par épisode. J’ai donc pu travailler plus intensément avec Bronwen sur le pilote de Facing Kate. C’était assez difficile parce qu’elle est très incisive, mais j’aime ça. Bronwen Hughes est fantastique, j’adorerais retravailler avec elle.