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R.I.S : Police scientifique, les nouveaux Experts de TF1

Cécile Raigne
Publié le 12/01/2006 à 00:47 Mis à jour le 12/01/2006 à 11:26

Dès ce soir, TF1 lance ses « Experts » à la française. En effet, la chaîne privée met à l’antenne R.I.S : police scientifique (Recherche et Investigation Scientifique), une série policière 21ème siècle made in Paris, conçue par sa filiale Alma Productions. Pour cette nouvelle fiction du jeudi, ouvertement inspirée de la franchise CSI, elle a choisi une solution sûre et peu coûteuse en adaptant la série italienne : R.I.S - Deletti Imperfetti, de Pietro Valdecchi, qui a passionne près de 8 millions de téléspectateurs, soit 30% de part de marché sur Canale 5. Grâce à l’abandon du format 90 min au profit du plus efficace 52 min des séries américaines, le rendez-vous est double avec, ce soir, les deux premiers opus d’une saison qui en compte déjà huit. Tout a été mis en œuvre pour assurer la relève des traditionnels polars hexagonaux. Car qu’on se le dise, R.I.S se revendique pionnière en la matière.

Exit les couloirs jaunis, les salles d’interrogatoire verdâtres, les allées gravillonnées et les pauses kawa au bistrot du coin. Vive le règne du tout technologique. Ce soir, le héros de TF1 ne sera ni en solo à la Julie Lescaut ou Navarro, ni en duo façon Rose et Val... mais incarné par une équipe de cinq experts surentraînés à traquer les indices les plus microscopiques. Au sein du laboratoire d’enquête et d’analyse du R.I.S, tout de métal et de verre composé, chacun a sa spécialité, en génétique, balistique, physique et électronique (Aurélie Bargème, Stéphane Metzger, Pierre-Loup Rajot, Barbara Cabrita). La brigade est dirigée par Marc Venturi (Jean-Pierre Michael), complétée par un inéluctable légiste (Coralie Zahonero) et travaille en lien permanent avec le SRPJ. Toute ressemblance avec d’autres équipes suréquipées n’est pas fortuite, vous l’aurez compris, TF1 délaisse le commissariat du coin au profit du spectaculaire.

Les policiers traditionnels avaient besoin d’un grand chambardement scénaristique, R.I.S : Police scientifique en appelle enfin aux codes actuels du genre. Avec des analyses ADN, des relevés d’empreintes, de fibres, et des effets spéciaux certes. Et les mots d’ordre sont dynamisme et suspense. Cette révolution passe aussi par des courses poursuites et des interrogatoires relégués au second plan car d’après Takis Candilis, Directeur de la fiction de TF1, cette série « tranche avec notre grande tradition des films basés sur l’aveu. L’aveu, c’est l’émotion, plus facile en termes d’écriture. Alors que construire un film sur la preuve est excessivement plus complexe".

Du point de vue de la production, ces ambitions esthétiques ont nécessité de gros investissements techniques et financiers. Car si l’acronyme R.I.S ne correspond à aucun corps de police existant mais réunit des services en réalité distincts, tout a été conçu pour enraciner la série dans un cadre crédible : de la reconstitution du laboratoire de police scientifique de Lyon dans les studios d’Aubervilliers, matériel hightech en état de marche inclus, aux conseils d’une professionnelle assermentée. A tel point que le budget des huit premiers épisodes s’est approché des 70 millions d’euros.

Mais une fiction réaliste destinée aux prime time se doit aussi d’être fédératrice, en permettant à tous les téléspectateurs de s’y retrouver et de s’identifier. Les personnages principaux de R.I.S sont typés, du comique à la bosseuse acharnée, et ont des parcours personnels attachants. Enfin, pour faciliter un visionnage ponctuel tout en encourageant une fidélité à toute épreuve, chaque épisode repose sur deux intrigues bouclées, et sur une intrigue de fond, centrée sur les agissements d’un poseur de bombes qui semble en vouloir à la brigade...

« Adaptation » rime-t-il avec « inspiration » ? Les membres du R.I.S supportent-ils la comparaison avec leurs aînés américains ? Vont-ils égaler les audiences record de leurs cousins récurrents du jeudi (36,8% de part de marché pour Julie Lescaut la semaine dernière) ? Verdict ce soir.

En attendant, ces nouveaux héros scientifiques ont déjà été exportés en Belgique et en Suisse, où RTL-TVI et la TSR les diffusent depuis les 7 et 11 janvier les samedis et mercredis soirs. La production française, en retard sur les séries anglosaxonnes, semble bien décidée à poursuivre la voie initiée par des fictions impertinentes comme Clara Sheller sur France 2 ou Engrenages sur Canal +. Quant à TF1, elle a, d’ores et déjà, confirmé qu’elle planchait sur l’adaptation hexagonale de Law and Order : Criminal Intent (New York, section criminelle), la célèbre série de Dick Wolf...