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Fabien Remblier > Des années sitcoms AB à la production

Tony Cotte
Publié le 05/01/2008 à 17:20 Mis à jour le 31/03/2011 à 18:10

A l’aube de ses 38 ans, Fabien Remblier restera à tout jamais marqué par ses Premiers Baisers et ses Années Fac. L’acteur, estampillé AB sous le personnage de Jérôme, l’amoureux de Justine, est désormais à la tête de sa propre société de production. Il a réalisé dernièrement le clip de « J’y étais pas », le single des Marguerites. Pour Toutelatele.com, Fabien Remblier revient sur les différentes facettes de son métier et son livre Les Années Sitcom.

Tony Cotte : Il y a quelques mois, vous sortiez les Années Sitcom, livre dans lequel vous revenez sur votre expérience et sur les coulisses des productions AB. Avec le recul, quel bilan tirez-vous de cet ouvrage ?

Fabien Remblier  : J’écris depuis très longtemps, mais c’est la première fois que j’ai pu sortir un ouvrage. Ça n’a pas forcément donné les résultats escomptés en terme de promo et de ventes, mais cela reste une bonne expérience. J’ai écrit également un roman qui est prêt, mais je dois me motiver pour chercher un éditeur et avoir le courage de frapper aux portes.

Tony Cotte : Avez-vous eu des réactions de la part de protagonistes cités dans votre ouvrage ?

Fabien Remblier  : J’ai entendu parler de certaines réactions par personnes interposées, je ne peux donc pas en vérifier la véracité. J’ai eu du bon comme du mauvais...

Tony Cotte : La façon dont vous décrivez Jean-Luc Azoulay est ambiguë. Vous le remerciez pour la chance qu’il vous a donnée et, en même temps, les différentes anecdotes le concernant le décrivent comme une personne entêtée et sûre d’elle. Qui est-il vraiment ?

Fabien Remblier  : Il est évident qu’il savait très bien mener sa barque. Sa méthode consistait à entrer dans la vie privée des gens afin d’en tirer le maximum. Il reste pour moi un génie de la télévision. J’ai une grande admiration pour le personnage, il a senti des choses avant tout le monde...

Tony Cotte : Après le procès entre AB et vous-même, de quelles natures sont vos relations aujourd’hui ?

Fabien Remblier  : Elles étaient inexistantes même avant le procès. Dès que le phénomène s’est essoufflé, j’ai pris mes distances. Je ne me suis pas accroché comme certains à Jean-Luc en essayant désespérément d’obtenir un petit rôle.

Tony Cotte : Quand vous évoquez ce fameux procès, vous dites que c’était « un emblème de la lutte contre les droits des intermittents de la part des producteurs. La voie sur laquelle nous étions engagés était dangereuse pour toute la profession ». N’est-ce pas présomptueux ?

Fabien Remblier  : Quand un producteur employait un salarié à temps plein en tant qu’intermittent pendant plusieurs mois, il pouvait très bien le mettre à la porte sans la moindre rémunération. Beaucoup de sociétés employaient donc des gens sous le régime des intermittents alors qu’ils ne l’étaient pas et illégal. Il y a eu d’autres procès de ce genre, mais nous avons été les seuls à aller jusqu’en Cassation. Notre arrêt fait aujourd’hui office de jurisprudence et est beaucoup utilisé dans les métiers de la production.


Tony Cotte : Il y a un an, vous aviez dit être également en discussion avec l’ADAMI et AB. Où en êtes-vous aujourd’hui dans la perception des droits sur les rediffusions de Premiers Baisers ?

Fabien Remblier  : Plus de trois ans après la fin du procès, c’est toujours long à se mettre en place. Mais parti comme c’est, il y aura encore des rediffusions de Premiers Baisers dans 20 ans (rires).

Tony Cotte : Après lecture du livre, on a le sentiment que vous souhaitez à tout prix être un pionnier. Vous avez été certes dans la première sitcom AB, on vous a ensuite proposé avant vos collègues d’enregistrer un single et vous auriez été le premier des « anciens » à revenir dans Les vacances de l’amour le temps d’un épisode. Est-ce la vision que vous avez de votre parcours ?

Fabien Remblier  : J’ai le sentiment d’avoir plutôt essuyé les plâtres, mais sans pour autant être un pionnier. Nous l’avons été en quelque sorte pour ce type de programmes et pour ce qui en a découlé. Au-delà de ça, j’ai été dans la même barque que les autres...

Tony Cotte : On a également l’impression que vous ne comprenez pas les critiques que l’on puisse faire à l’égard des productions AB de l’époque. Si quelqu’un dit du mal de Premiers Baisers, vous parlez soit de parisianisme soit de jalousie...

Fabien Remblier  : Ce qui m’énervait en général, c’est de ne pas être réaliste sur le public que l’on avait. Pendant des années, nous avons détenu des records d’audience pour TF1. Et puis, ce n’est pas la critique qui fait le succès d’une émission ou d’un film...

Tony Cotte : ... mais ce n’est pas le succès qui en fait la qualité non plus !

Fabien Remblier  : Je suis d’accord, mais la profession n’a pas cherché plus loin que ça. Il y avait un public prêt à suivre les anciens comédiens de sitcoms, et aucun producteur n’a eu le courage de le faire. Nous étions estampillés « Produits AB ». J’ai eu l’occasion de discuter avec Martin Landau. Il m’a confié avoir mis 20 ans pour travailler à nouveau après la série Cosmos 99. Il y a quand même un véritable paradoxe !

Tony Cotte : Vous faites allusion à la Star Academy dans Les Années Sitcom. Considérez-vous la Star Ac’ comme les productions AB de l’époque, soit une image pas toujours facile à porter dans la profession pour ceux qui en sortent...

Fabien Remblier  : C’est assez similaire. Mais à la différence, notre expérience a duré 7 ans contre seulement quelques mois pour les académiciens. Plus ça va, plus le rythme s’accélère. Après les sitcoms, nous avons eu droit aux boys band puis aux émissions de télé-réalité.


Tony Cotte : Lors des dernières pages, vous faites également référence au premier concept de real-tv que vous auriez eu en tête bien avant Loft Story sans pour autant en parler. N’importe qui peut l’affirmer aujourd’hui...

Fabien Remblier  : En fait, il s’agissait vraiment de « télé-réalité », c’est-à-dire diffuser ce que les gens filment chez eux. J’avais proposé l’idée à ABSat à l’époque, et tout le monde en a fait des compliments tout en précisant que c’était beaucoup trop tôt. Aujourd’hui, on voit ce concept sur le net avec les sites de partage de vidéos ou encore à la télévision avec Free TV.

Tony Cotte : En mars 2006, vous étiez invité avec vos anciens confrères pour une émission spéciale de Ca se discute. Vous dîtes dans votre ouvrage : « Delarue, fidèle au ton habituel de son émission exploita le filon misérabiliste des désespérés de la télé. (...) Excédé par les propos que j’entendais, je m’emparais d’un micro afin de dire de ce que je pensais de tout cela ». Votre intervention fût coupée au montage, que vouliez-vous dire à ce moment-là ?

Fabien Remblier  : L’enregistrement a duré quatre heures. Pendant tout ce temps, j’ai entendu uniquement des gens se plaindre de devoir vendre leur maison et leur voiture pour payer les impôts. Nous n’étions que deux ou trois dans le public à être excédé. Il faut être réaliste : quand on gagne bien sa vie, on va forcément à un moment donné payer des impôts. Il faut juste avoir l’intelligence de le prévoir ! Mais cette remarque a été coupée au montage. Il n’y avait rien de désagréable dans mes propos, mais cela n’allait simplement pas dans le sens de l’émission : « J’ai fait de la télé, plus personne ne m’aime et je n’ai plus d’argent ». C’était un peu gonflant.

Tony Cotte : Aujourd’hui, vous réalisez des publicités, des EPK ou encore des clips vidéo. Après avoir été artiste, vous êtes, en quelque sorte, à leur service. La transition n’a-t-elle pas été trop difficile ?

Fabien Remblier  : J’ai toujours voulu faire ça. La comédie était simplement un moyen d’arriver où j’en suis aujourd’hui. Avec trois personnes, nous avons monté une société de production et nous vivons de cela. Nous avons beaucoup de projets pour des artistes notoires, mais je ne peux hélas pas en parler.

Tony Cotte : Une de vos dernières productions en date est le clip des Marguerites, « J’y étais pas », pour l’association France Alzheimer...

Fabien Remblier  : Je suis très ami avec l’un des chanteurs des Marguerites qui m’a présenté Thierry Cadet. Il m’a proposé de réaliser le clip et j’ai ensuite fait une proposition. On a tourné au mois de mars sur une journée avec 23 artistes dans un deux pièces. C’était un peu difficile, mais l’ambiance était bonne.