Toutelatele

Au coeur de A vous de juger

Steven Leconte
Publié le 26/01/2006 à 00:12 Mis à jour le 18/07/2006 à 01:19

Le 25 novembre, le Bureau des élèves de Sciences-Po publie sur son site une annonce pour assister à l’émission A vous de juger du jeudi 8 décembre. Le thème alors prévu est « Le PS après le Congrès du Mans ». Une partie des places du public est réservée par France 2 aux étudiants de l’institut. Je pose ma candidature, et six jours plus tard un responsable confirme la réservation. Rendez-vous est pris au siège de France Télévisions à 19h30.

Avant de me rendre au vaisseau amiral de l’audiovisuel public, je consulte le site internet de la chaîne. Le thème est maintenant « La gauche est-elle prête à gouverner ? » avec pour invités Dominique Strauss-Kahn, Olivier Besancenot, Dominique Voynet, Bernard Kouchner, Thierry Breton et Bernard Tapie.

A l’heure dite, le public arrive peu à peu dans l’atrium de l’immeuble esplanade Henri de France dans le XVème arrondissement de Paris. Le bâtiment tout de verre et de métal construit en 1998 domine la Seine. L’agence qui se charge du placement du public nous distribue les badges attitrés. On nous demande de patienter, des écrans diffusent alors l’ensemble des chaînes du service public. Peu avant 20 heures, on nous ouvre le sas de sécurité qui permet l’accès au cœur du bâtiment. Les étudiants sont appelés pour se diriger vers les studios, au sous-sol du siège. Ils devront garnir les premiers rangs du public.

Les techniciens finissent de préparer le décor, passent l’aspirateur sur la moquette rouge, installent les rails des caméras. Comme à chaque fois, nous sommes surpris par la taille assez petite du plateau. Le script nous laisse nous placer librement. Seule consigne de la soirée, ne pas parler quand les invités débattent.

Dans les coulisses Patrick de Carolis, président de France Télévisions, et Thierry Bert, directeur général financier, saluent les invités qui viennent d’arriver. L’équipe s’active pour les derniers préparatifs.

Arlette Chabot, directrice de l’information de France 2 et animatrice de l’émission, fait son entrée sur le plateau à 20h25. Elle salue le public et demande à tout le monde d’éteindre son téléphone portable. Elle se dirige ensuite vers ses confrères de la presse présents sur le plateau. Dernière touche maquillage, les écrans diffusent à présent le journal. Arlette Chabot découvre les sujets en même temps que nous, et commente non sans ironie certains reportages. Le script annonce un dernier sujet de 1min37 avant la fenêtre de présentation du magazine par le présentateur du journal, David Pujadas. Les derniers techniciens sont incités à quitter le champ des caméras, trente secondes avant le duplex avec le plateau du journal, le script hurle « personne ne bouge ». Arlette Chabot présente brièvement le sujet de l’émission et donne le nom des invités. Une fois le direct coupé, le réalisateur Jean-Jacques Amsellem annonce la prise d’antenne à 20h53. Arlette Chabot quitte le plateau.

Le rédacteur en chef de l’émission, Gilles Borstein, l’ancienne voix des émissions de Jean-Luc Delarue, fait son entrée et vérifie que tout est prêt pour le direct. Les trois premiers invités s’installent. A son tour, Arlette Chabot revient. Quelques secondes avant la fin du générique, elle encourage l’équipe « bonne chance, good luck ».

Mais très vite, l’émission prend du retard. Le face à face entre Dominique Strauss-Kahn (ancien ministre de l’économie) et Thierry Breton (actuellement à Bercy) vire à la chamaillerie de principe et aux pics acerbes. La présentatrice a du mal à contrôler le débat, et quand elle retourne à son siège fend d’un « on est grave en retard ». Derrière les décors, Bernard Kouchner s’impatiente et n’apprécie pas le débat qui tourne en rond. Un technicien rajoute un fauteuil pour l’ancien ministre. Il arrive sur le plateau à 22h40, l’émission devait finir dix minutes plus tard.

Sur le plateau, on peut voir les visages des intervenants lorsque la lumière rouge des caméras s’éteint. On ressent également mieux les inimitiés. Alain Duhamel apparaît alors à coté de la grue et de la grande loupe, puis reste figé sur les marches en attendant que la présentatrice le fasse entrer. Finalement, le générique est lancé avec quarante minutes de retard, et la première réaction est spontanée, Arlette Chabot demande au chroniqueur « qu’est ce qui t’a pris de poser cette question ! ».

Une fois le générique fini, les spots sont éteints, les techniciens fondent sur les intervenants pour retirer micro-cravate et oreillette. Les politiciens sont rapidement entourés par leur garde pour commenter l’émission. Arlette Chabot est d’abord pris à parti par des personnes du public qui n’ont pas pu poser leur question. C’est ensuite à Gilles Borstein et à des assistants de critiquer l’émission, trop longue, confuse. Aucun téléspectateur n’a pu intervenir par téléphone alors que le numéro avait été affiché plusieurs fois. Tout le monde est prié de quitter le plateau. Les techniciens le démontent.

Les conversations continuent dans les couloirs, le public discute avec les invités. Olivier Besancenot quitte rapidement les lieux. Le reste des personnes présentes se dirige vers le buffet. Arlette Chabot continue son débriefing, DSK est rejoint par sa compagne. Le public quitte alors peu à peu le siège de France Télévisions, alors que les programmes continuent de défiler sur les écrans...