Toutelatele

Au coeur de la Carte aux Trésors

Par
Rédacteur TV - Expert Eurovision
Publié le 26/07/2005 à 00:15 Mis à jour le 15/08/2019 à 18:01

Jeudi 12 mai, 7 heures 55. Je quitte Paris et la gare de Montparnasse pour la Charente-Maritime, théâtre de jeu du premier rendez-vous de La carte aux trésors 2005, émission qui souffle cette année ses dix bougies. Je suis l’un des rares privilégiés à assister in situ au tournage du jeu de piste qui rassemble chaque été plus de 4 millions de téléspectateurs.

Quatre heures plus tard, je pose le pied sur le sol détrempé de Royan, regrettant d’avoir laissé parapluie et imperméable chez moi. Au restaurant de l’hôtel qui sert de quartier général à l’équipe, je suis accueilli par Sylvain Augier en personne, qui arrive tout juste. Vingt-cinq personnes sont déjà attablées et regardent inquiets la pluie qui redouble de l’autre côté de la baie vitrée. Debout à 6 heures, ils ont dû renoncer à tourner : le temps s’est brusquement dégradé alors que les hélicoptères étaient sur le point de décoller. Hors de question d’enregistrer la première de la saison sans une luminosité et une visibilité parfaites !

Le repas se déroule dans une ambiance chaleureuse. Yann, le candidat bleu, est agréablement surpris : « L’arrogance des gens de la télé est un cliché ! En tous cas sur cette émission. » Au vu des prévisions météo, aucune énigme ne sera mise en boîte aujourd’hui. Pour ne pas perdre de temps, Sylvain Augier part enregistrer des lancements en voix off qui seront ajoutés en post-production.

La séance photo des candidats me permet d’approcher enfin des 4 hélicoptères. Le blanc, le bleu, le rouge et le relais son (jamais visible à l’écran) patientent à deux pas, sur une butte surplombant l’océan. Pour eux, La carte... n’est qu’une mission parmi tant d’autres : fret, transport de V.I.P., assistance médicalisée, secours en montagne... En plus des écureuils des airs, près de 20 fréquences radio et 15 caméras sont mobilisées.

Cette impressionnante logistique a un prix : France 3 débourse 300000 euros et la collectivité territoriale qui reçoit couvre les frais sur place à hauteur de 50000 euros. Malgré le coût, les régions ne s’y trompent pas : l’émission aurait doublé la fréquentation des campings et hôtels de Franche-Comté et permis un bond de 140% en Aveyron ! Cette année, les téléspectateurs ont pu voter pour leurs destinations favorites, et ce sont les sites qui se trouvent au nord d’une ligne allant de Dax à Genève qui ont été plébiscités.

En fin d’après-midi, le ciel reste couvert mais le déluge cesse. Nous partons enregistrer un « plateau » (une séquence « au sol » entre deux phases de jeu) chez un ostréiculteur du bassin de la Seudre. Les deux concurrents sont restés à l’hôtel. Jusqu’au tournage de la première énigme, ils n’auront plus aucun contact avec l’équipe, qui sait à présent où est caché le premier indice ! Après l’interview, une dégustation d’huîtres est organisée. « C’est dommage qu’Amélie et Yann ne soient pas là pour en profiter avec nous ! », regrette Sandrine Dumas-Roy, la réalisatrice, en voyant tout le monde se régaler. Le soir, toute la compagnie, lessivée, ira se coucher sans tarder : le lendemain, tous seront sur le pont à 8 heures.

Au réveil, le ciel fait grise mine. L’équipe part tourner à Thaims un plateau sur l’art roman. Sur un banc, Sylvain Augier relit ses fiches en attendant que la technique soit opérationnelle. « Il faut avoir une sacré condition physique pour animer cette émission ! », m’avoue-t-il, encore un peu somnolent. M.Palmier, un voisin, guette, du trottoir d’en face : « C’est bien, ça va mettre en valeur le coin ! Il n’y a plus grand-chose ici... ». Il est midi quand le cortège détale sous des trombes d’eau. L’agriculteur à la retraite rentre chez lui, impatient de contempler l’arrivée des oiseaux mécaniques qui vont bousculer la quiétude du village.

15 heures. Silence de plomb et visages fermés en « salle de prod’ ». Je suis au diapason : je risque de repartir, dans 2 heures, sans avoir vu le moindre décollage... Sur un coin de table, le trésor attend sagement. Les candidats vont parcourir des kilomètres alors qu’ils ne sont qu’à une cloison de l’objet tant convoité ! Cette bizarrerie télévisuelle me décoche un sourire. Celui de Christophe Cossé, qui prépare et produit le jeu, est on ne peut plus nerveux : le planning a pris tellement de retard que le prochain transfert est menacé. « Dire qu’en Dordogne, en début de semaine, on a tout fait en un jour !... ». Finalement, un rayon de soleil marque le coup d’envoi. L’énigme 2 puis la première auront lieu dans la foulée. Le jeu s’achèvera in extremis le lendemain.

Une fois le tournage terminé et la caravane partie pour l’Ille-et-Vilaine, 18 jours de montage et 6 jours de mixage façonneront le produit fini, diffusé le 28 juin dernier. Difficulté supplémentaire : une réalisation en multi-écrans permet de vivre les moments-clés du jeu sous tous les angles ! Au final, entre écriture, repérages, castings et tournages, La carte aux trésors demande 6 longs mois de travail à temps plein. L’édition 2006 est déjà en préparation. Le rêve du producteur : « La finale au Château de Versailles, ça le ferait ! »