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Au coeur de la Coupe du monde de ski à Val d’Isère

Emilie Lopez
Publié le 30/12/2009 à 12:53 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:42

Depuis plus de 50 ans, les amoureux de sports de glisse se donnent rendez-vous, à la mi-décembre, à Val d’Isère, pour assister au « Critérium de la première neige ». Devenue une épreuve du Championnat du monde, après avoir été, pendant de nombreuses années, une phase d’entraînement à la compétition, elle attire à chaque édition les plus grands skieurs mondiaux, qui s’affrontent sur la mythique « Face de Bellevarde ». En bordure de la célèbre station de sports d’hiver, le public se presse pour acclamer ces athlètes de haut niveau sous l’œil de multitudes de caméras, à commencer par celles d’Eurosport. En spécialiste de toutes les disciplines, la chaîne sportive couvre, une nouvelle fois, l’événement, grâce à son duo de choc, Alex Pasteur et Jean-Pierre Vidal.

Le premier est journaliste, et l’auteur de nombreux livres, le second n’est autre qu’une l’une des anciennes figures de proue du ski français. Ensemble, ils couvrent l’événement, nichés dans leurs cabines, à quelques mètres de l’arrivée. Alors que la seconde session de descente est sur le point de débuter, en ce dimanche 13 décembre, et après une pause déjeuner bien méritée, Alex Pasteur s’apprête, justement, à rejoindre son antre. Habitué à l’exercice, ce dernier est dans son élément, au vu des nombreuses personnes qui se pressent pour le saluer. Il profite également de l’occasion pour évoquer les futurs coureurs avec l’équipe d’Eurosport. Les immenses bâches surplombent la zone d’arrivée, telles deux énormes ailes de mouche, plantées de part et d’autre des caméras de la chaîne, dont l’objectif est vissé sur la pente abrupte que déboulera, bientôt, la cohorte de champions.

A cinq minutes à peine du lancement de la course, Alex s’agite et presse le pas, direction la rangée de préfabriqués blancs qui s’alignent, et accueillent la multitude de journalistes présents. Tant de baraquements identiques qu’Alex peine à retrouver le sien ! Après avoir ouvert plusieurs portes, il retrouve enfin son poste, quelque peu soulagé, mais toujours un énorme sourire aux lèvres.

Au même moment, en Suède, à Are, Sandrine Aubert, l’une des championnes tricolores, s’apprête à effectuer sa seconde descente, capitale, la Française s’étant placée deuxième à l’issue du premier parcours. Sans réfléchir, Alex enfile son casque, et, à l’aveuglette, et sans retour vidéo, offre à la foule un commentaire des plus enflammés ! Juste besoin de fermer les yeux, et l’on se sent projeté à des milliers de kilomètres de là, en bas de la piste où Aubert déboule, telle une flèche, et offre une nouvelle victoire française. Sourire aux lèvres, Alex se tourne : « Eh ouais, ça, c’est du sport ! » lance-t-il, rieur, avec, dans les yeux, l’étincelle d’un vrai passionné...


Débarque alors Jean-Pierre Vidal, binôme du duo, alors que la course a débuté depuis quelques minutes. Les deux hommes n’étant pas encore à l’antenne, ils se préparent. Tandis que l’ex-Champion s’installe, déboutonne sa veste, se frotte les mains, et triture sa platine, le journaliste, lui, enlève, remet, puis enlève à nouveau ses énormes gants, la cabine n’étant chauffée que du bouillonnement des deux hommes en exercice. Il profite de ces quelques moments de répit pour regarder à nouveau le classement du matin, peaufiner l’ordre de ses fiches, qu’il ne regardera d’ailleurs qu’à deux ou trois reprises pendant la course.

Après quelques minutes de silence, et sans s’être tournés l’un vers l’autre auparavant, au moment d’enfiler à nouveau leurs casques, les deux hommes se lancent un regard complice, se sourient, se serrent la main, et... c’est parti pour le live ! Et il semblerait que ces deux là se soient parfaitement trouvés ! Les yeux rivés sur leurs écrans, ils se passent la parole sans un signe, naturellement, avec une décontraction et une complicité des plus parfaites. Pas un blanc dans leurs commentaires, pas une hésitation, rien ne vient entraver la machine bien huilée. Pas même les interventions « en plateau », des journalistes de la chaîne, installés à quelques centimètres de l’arrivée, prenant parfois la parole pour des interviews bien rodées. C’est alors l’occasion pour le duo de commentaires de faire une pause, s’extasier des performances, et s’exciter à l’idée des prochains coureurs à venir.

Au pied de la piste comme aux commentaires, le fair-play est de rigueur, dans l’un des rares sports qui le prônent encore. Au pied des cabines, le public, survolté malgré les -5°C, encourage non seulement les skieurs de sa patrie, mais également les meilleurs, qu’importe leur nationalité. Ces derniers, eux aussi, jouent cette carte indispensable mais (trop) souvent oubliée. Ainsi, il est légion de voir un coureur qui vient de se faire voler la vedette féliciter son concurrent.

Ce sera le cas de Benjamin Raich, qui se fait rattraper par l’ultime coureur, Marcel Hirscher, le jeune prodige autrichien. Au terme d’une manche haletante, ce dernier remporte la victoire, et les suffrages tant du public que des deux commentateurs, subjugués par son « toucher de neige », selon l’expression consacrée. Des sensations fortes qu’ils ressentiront une semaine plus tard, pour le second week-end du Critérium, dédié, cette fois, aux femmes...