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Aure Atika (Les hommes de l’ombre) : « Je n’ai pas joué que les filles sexy et bimbo »

Marion Olité
Publié le 15/10/2014 à 17:02

Nouvelle venue dans l’univers des Hommes de l’ombre, Aure Atika incarne une femme de pouvoir dans la saison 2 de la série politique sur les communicants, qui s’achève ce mercredi 15 octobre sur France 2. Actrice de cinéma curieuse de la télévision, elle s’est confiée à Toutelatele.

Marion Olité : Par quoi avez-vous été séduit dans le rôle de Gabrielle ?

Aure Atika : C’est un personnage qui a pas mal de choses à défendre et qui est à construire sur plusieurs niveaux. Il est ambitieux de par sa fonction. J’ai aussi été séduite par son évolution. Et l’écriture de la série me plaisait beaucoup.

La défection des actrices Nathalie Baye puis Valérie Karsenti, et autres déconvenues rencontrées pendant la gestation de cette saison 2, ne vous ont-elles pas inquiétée ?

Non, je savais que Nathalie Baye partait. Quand on m’a proposé la série, elle avait déjà pris sa décision. J’ai vraiment été séduite par l’ambition du projet et la qualité de l’écriture. Ça ne m’a pas fait peur. Je n’avais pas l’impression d’arriver sur un projet bancal, au contraire. C’est un beau projet de télévision.

Quelles sont les motivations de votre personnage ?

Je pense que Gabrielle a un idéal de petite fille. Elle a une haute estime de sa fonction. Ce n’est pas de la prétention. Elle a gardé cet idéal d’une République française que l’on est fière de servir. Elle souhaite servir au mieux son Président et son pays. En apparence, elle peut sembler froide et rigide au début, mais parce que c’est une femme dans un monde de machistes. Elle a dû se construire cette carapace, et ne pas laisser la porte ouverte à la moindre remarque déplacée.

Votre personnage doit en effet faire face à plusieurs répliques sexistes...

On a bien vu l’année dernière les attaques envers Cécile Duflot quand elle est arrivée à l’Assemblée Nationale en robe. Dans la série, Gabrielle doit montrer qu’il faut qu’on la prenne au sérieux, car elle est assez jeune pour être Secrétaire Général de l’Elysée, et en plus c’est une femme ! Dans une scène, un des hommes politiques l’accueille en lui lançant : « Bonsoir, beauté fatale ». Elle ne veut pas prêter le flanc à ce genre de remarques.

Pensez-vous que Gabrielle est un rôle féministe ?

Oui, dans le sens où c’est un personnage que l’on prend au sérieux, qui excelle dans son travail. Elle s’est battue pour pouvoir avoir cette place, et elle sait qu’elle doit en faire un peu plus. Si elle était un homme, elle ne se comporterait peut-être pas de façon aussi rigide. Là, elle se montre très sérieuse et porte des tenues strictes. Elle a les cheveux soigneusement tirés et ne sourit que rarement. Elle ne veut pas se détendre.

« Gabrielle est une femme dans un monde machiste »

Vous êtes-vous inspirée d’une femme politique en particulier pour ce rôle ?

Non, pas vraiment. Je me suis renseignée et documentée, mais sans m’inspirer d’une personne. On crée son personnage à partir du texte, de son interaction avec les autres protagonistes. On construit son fil. Je me suis inventée une histoire pour mon personnage, et on en a parlé avec Jean-Marc Brondolo (réalisateur des Hommes de l’ombre, ndlr).

En tant qu’actrice, avez-vous été confrontée à un certain étiquetage, celui de la belle plante de service ?

Oui, quand j’étais plus jeune, j’ai été confrontée à ce genre de choses. Mais je me suis battue justement pour montrer que j’étais capable de faire autre chose, de tenir des rôles plus profonds, avec plus de fêlures. Maintenant, j’ai prouvé que je savais faire autre chose avec des films comme Copacabana, où je jouais un petit chef aux côtés d’Isabelle Huppert. Un rôle qui n’avait rien à voir avec OSS 117 ou La vérité si je mens. Je n’ai pas joué que les filles sexy et bimbo, mais en effet c’est un combat à mener. On doit toujours prouver qu’on est capable de faire autre chose.

Faites-vous une distinction entre les projets pour le cinéma et ceux pour la télévision ?

Je choisis toujours par rapport au projet avant de penser au format. Maintenant, ce n’est pas la même chose de tourner dans une série que dans un film. L’approche et le rythme de travail ne sont pas les mêmes. Tout est très différent, mais je trouve que les rôles féminins sont sublimes à la télé. Ils ont plus de complexité. Il y a plus de place pour les femmes aujourd’hui à la télé qu’au cinéma. C’est sans doute aussi, car la télé est plus proche de la réalité sociale que le cinéma.

Bruno Wolkowitch confiait à Toutelatele qu’il n’aimait pas incarner un même personnage sur le long cours, comme le demandent les séries. Quel est votre point de vue sur ce sujet ?

Je n’ai pas moi-même vécu ce genre d’expérience. À part Les hommes de l’ombre, j’ai seulement participé à une mini-série internationale, Les Piliers de la Terre, qui avait un début et une fin. Pour moi, c’est encore excitant de jouer Gabrielle, car je me dis qu’on peut explorer de nouvelles facettes de sa personnalité, la faire évoluer dans un sens ou un autre... J’imagine qu’avec le temps, on en a fait le tour. Et puis la télé possède un rythme particulier.

Êtes-vous partante pour une saison 3 des Hommes de l’ombre ?

Pourquoi pas ? Si j’ai autant de choses à défendre que dans la saison 2 et que c’est bien écrit, bien sûr.

Quels sont vos projets à venir après Les Hommes de l’ombre ?

Je suis actuellement à l’affiche du film Papa was not a Rolling Stone sorti au cinéma le 8 octobre dernier. Et je vais tourner en décembre une comédie avec Manu Payet.