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Avant la real TV, le règne du reality show (1/2)

Joseph Agostini
Publié le 19/07/2002 à 00:48

Nous sommes en 1986, quinze ans avant les fracassants
débuts de Loft story sur l’antenne de M6. La
directrice des magazines d’Antenne 2, Pascale Breugnot, prépare en silence la première mixture de la « télé réalité ». Sa toute première trouvaille s’intitule Moi, je, un véritable miroir dans lequel se reflètent les vies de Monsieur et Madame Tout-le-Monde, avec leurs dégoûts et leurs merveilles, leurs charmes et leurs drames les plus intimes.

L’année suivante, TF1 privatisée cherche les viviers
de l’audience capables de la hisser au rang de première chaîne de France. Elle débauche Jean-Pierre Foucault, installe La roue de la fortune et fait appel à Pascale Breugnot pour revivifier ses deuxièmes parties de soirée. Exit les opéras et les documentaires historiques ! Breugnot devient la prêtresse des nuits de TF1, en lançant une kyrielle de magazines miroirs, où le quidam est le héros.

Super sexy décrypte les ébats des français, Les 90 rugissants analyse les phénomènes de société les plus insolites, Mireille Dumas (déjà elle) propose des séries de documentaires sur les marginalités de toutes sortes. Ces premiers reality shows émoustillent
l’audience de TF1.

Pourtant, la chaîne s’enfonce lentement dans ce terreau fertile. Il faudra attendre 1990 pour que TF1 mette en scène Jacques Pradel. L’animateur, tout droit sorti de l’écurie Breugnot, commet Perdu de vue, une émission qui se propose de retrouver des personnes disparues. L’ère du reality show a vraiment
commencé...

Perdu de vue arrive en prime time en septembre 1991. Antenne 2 lance, à son tour, une téléréalité « massacrante », baptisée La nuit des héros et présentée par Laurent Cabrol, le samedi
à 20h50. Son arrivée a l’effet d’une bombe : pour la
première fois depuis 1988, la suprématie de TF1 est
entamée le samedi soir avec parfois près de 7 millions de téléspectateurs ! Devant l’incontestable triomphe du genre, la Une prie Pascale Breugnot de décliner les reality concepts à l’infini : L’amour en danger, Témoin N°1, et dans un autre registre, Pour la vie... C’est la déferlante et le succès est au rendez-vous avec par exemple près de 10 millions de téléspectateurs pour les premiers numéros de Témoin n°1

Bientôt, Pascale Breugnot n’est plus seule à tendre le miroir déformant dans le vide : Gérard Louvin, Philippe Thuillier, Patrick Meney occupent le terrain des vices cachés et des sécrétions lacrymales. En 1992, TF1 rapatrie de toute urgence Laurent Cabrol pour une clinquante copie de La nuit des héros, sournoisement intitulée Les marches de la
gloire, puis Extraordinaire. Mais pendant ce temps là, La nuit des héros se poursuit sur France 2 avec Michel Creton. L’audience décline pour l’émission de France 2 et TF1 est condamnée à payer près de 60 millions de francs de dommages et intérêts.

Lire la deuxième partie de « Avant la real TV, le règne du reality show »