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Barbara Schulz (Le mystère du lac sur HD1) : « Lise Stocker est à la fois témoin et enquêtrice »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 30/05/2016 à 18:59

Entre disparitions et drames amoureux, Le mystère du lac va prochainement révéler ses ultimes secrets sur HD1 après avoir fait le bonheur de TF1 en septembre 2015. Le traitement psychologique des personnages et les rebondissements sont les maîtres mots de cette mini-série dont Barbara Schulz, l’interprète de Lise, a confié plusieurs mystères à Toutelatele. Rencontre.

Benjamin Lopes : Pourquoi avez-vous été séduite par Les Mystères du lac ?

Barbara Schulz : J’ai lu le scénario en entier et j’ai apprécié l’atmosphère et le huis clos dans un endroit où la nature est omniprésente, loin de l’ambiance citadine. De plus, il s’agit d’une enquête policière, mais pas totalement classique. Et puis surtout, à l’instar de Broadchurch, épisode après épisode, on peut suspecter les personnages les uns après les autres. J’ai été séduite par le goût du secret, du mystère non résolu et la disparition.

Le mystère du lac : déjà un succès d’audience pour la série de TF1

Le mystère du lac : Chloé est-elle morte ?

L’histoire est assez sombre. Le rôle de Lise Stocker qui investigue sur la disparition de la jeune Chloé vous a-t-il d’emblée convaincue ?

J’avais vu il y a quelques années l’interview d’une femme qui avait une quarantaine d’années et qui expliquait qu’à l’âge de dix ans sa sœur n’était jamais rentrée de l’école. Et je voyais à quel point un tel drame dans le passé est quelque chose dont on ne se remet jamais et qui vous marque. Les similitudes avec l’histoire du Mystère du lac m’ont donné envie d’interpréter ce rôle.

Le mystère du lac : qui est l’interprète du générique Bang Bang ?

Le mystère du lac présente beaucoup d’analogies avec d’autres séries du genre. Vous avez cité Broadchurch. En avez-vous repéré d’autres ?

Oui bien sûr. Je suis une grosse consommatrice de séries. Je pourrais citer Top of the Lake pour l’ambiance, mais aussi Twin Peaks, ou encore The Killing. J’ai effectivement ressenti des références vis-à-vis de ces séries. La réalisation est plus lente de ce qu’on a l’habitude de voir habituellement, plus basée sur l’atmosphère que sur les rebondissements, même si ça reste très prenant. On laisse le temps à l’intrigue de se mettre en place. C’est ce qui m’avait surpris dans ces séries et qui m’a séduit dans Le mystère du lac.

L’atmosphère est sombre, voire pesante et tourne autour d’une communauté. Comment s’est déroulé le tournage ?

J’ai envie de dire à l’opposé de l’atmosphère de la série (rires). Jérôme Cornuau (le réalisateur, ndlr) a été une des raisons pour laquelle j’ai accepté cette série. C’est un metteur en scène merveilleux. C’est vrai que toute l’équipe était derrière lui et qu’il sait tenir un projet. Il est très concentré et doux. Tout était harmonieux et il n’y avait pas tension. Il savait ce qu’il voulait et il avait fait un énorme travail avant sur tout ce qui était l’esthétique de la série. La chromatique au final est très douce et plutôt anglo-saxonne. C’est à la fois très naturaliste, mais ce n’est pas gris.

« Lise a un calme apparent, mais tout est construit sur une grande souffrance »

On ne le verra au fil des épisodes, mais le lac n’est-il finalement pas un prétexte pour tourner à ses abords ?

Le lac est là (rires). Personnellement je n’aime pas les lacs, ils me donnent le bourdon. Il y a toujours quelque chose de dramatique, nostalgique et mélancolique avec eux. Pour cette histoire de jeune fille disparue, je trouve que c’était totalement approprié.

Vous incarnez Lise Stocker, une policière à la criminelle mise à pied suite à un dérapage. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce personnage ?

C’est quelqu’un de blessé qui s’est construit comme elle a pu. Son père s’est suicidé et ses deux meilleures amies ont disparu, elle ne s’en est pas trop mal sortie. Lise a un calme apparent, mais tout est construit sur une grande souffrance. Elle est plutôt dans l’observation et la retenue.

Comment vous êtes-vous préparée pour ce rôle ?

J’ai eu la chance de rencontrer des capitaines de la criminelle avant de faire cette série. Je leur avais demandé ce que ce métier leur avait appris. Elles m’ont expliqué qu’elles ne faisaient plus confiance à personne dans le cadre de leur travail. Le fait d’avoir vu plusieurs centaines de personnes en larmes leur dire que ce n’était pas eux les coupables et de découvrir finalement tout le contraire leur a donné une mise à distance des évènements. Je m’en suis servie pour le personnage de Lise.

Lise Stocker n’est pas un personnage conventionnel, tant du côté de ses aventures sentimentales que du travail. Peut-on dire qu’elle est rebelle au final ?

Les gens qui ont vécu des drames un peu forts comme Lise ont le sens du moment. Quand une occasion se présente, elle la saisit, elle ne la remet pas au lendemain. Elle sait que la vie est précieuse et que les gens disparaissent. Ça forge un caractère je pense.

On a rapidement le sentiment que Lise pourrait mener cette enquête seule alors que les enquêteurs sur place patinent…

Il faut dire qu’elle a plus d’éléments que les autres. Elle est à la fois témoin et enquêtrice. Elle a une perception des choses différente et beaucoup plus profonde parce que justement elle a des souvenirs et des flashbacks.

« Il y a eu une véritable complicité avec Marie-Anne Chazel »

Vous entretenez une relation complexe avec Marianne, votre mère, jouée par Marie-Anne Chazel. Comment avez-vous appréhendé cet autre aspect de votre personnage ?

J’avais eu comme une formation au préalable sur la maladie d’Alzheimer puisque j’ai tourné le téléfilm La Vie à l’envers d’Anne Giafferi qui n’a pas encore été diffusé. On est trois sœurs qui découvrent que leur mère est atteinte de cette maladie. Je me suis beaucoup documentée. Du coup, cet univers m’était familier. Après je me suis laissée porter, car il y a eu une véritable complicité avec Marie-Anne Chazel.

La série aborde des thèmes lourds, comme le viol ou encore les agressions, sans jamais les montrer véritablement. Est-ce là aussi la force du Mystère du lac de suggérer sans tomber dans la facilité ?

Je pense qu’il y a un aspect très réaliste et ça m’a beaucoup plu. C’est ce qui rend aussi la série mystérieuse et on laisse le champ au téléspectateur d’imaginer beaucoup. Quand on montre trop et qu’on mâche le travail, finalement ça fait moins appel à l’imaginaire, donc c’est effectivement une des forces de la série.

Pourriez-vous comparerer Le Mystère du Lac aux Grandes Marées (1993) ou à Terre indigo (1996), des sagas dans lesquelles vous avez joué ?

Pas du tout, ça n’a rien à voir. J’ai très peu de souvenirs des Grandes Marées. J’avais 22 ans et vingt jours de tournage sur cent et j’étais la copine du premier rôle. Les séries ont beaucoup évolué depuis en plus. Les sagas de l’été étaient très romanesques, tout en passion. Le mystère du lac est beaucoup plus posé. En revanche, j’ai adoré faire Terre indigo à l’époque. Mais ça n’a rien à voir non plus, mis à part le fait qu’il y a plusieurs épisodes.

Vous avez dernièrement eu des rôles dans les séries américaines Pan Am et Blacklist. Que retenez-vous de ces expériences ?

C’était des expériences enrichissantes et amusantes. Aux Etats-Unis, les méthodes de travail ne sont pas si différentes finalement, en tous les cas moins que ce que j’imaginais, même si la cadence est plus rapide. C’est très formaté à l’avance. Il n’y avait pas vraiment de part de liberté et souvent chaque épisode est réalisé par un metteur en scène différent, ça créé quelque chose de particulier. Pour le moment, je suis revenue en France pour me concentrer sur des projets.