Toutelatele

Bernard Minet

Joseph Agostini
Publié le 24/12/2002 à 00:00 Mis à jour le 14/03/2010 à 15:22

Feu batteur de Dorothée au temps béni de Récré A2,
ancien Musclé des sit-coms de TF1, Bernard Minet sort
sa compil’ de génériques d’époque, au moment où les
années 80 font recette. « Bioman », "Les chevaliers du
zodiac« , »Le collège fou, fou, fou" : Minet s’enflamme
et le public rappelle. Entretien.
Il est 17h aux Délices de Manon, une boulangerie grand
standing non loin de la Madeleine. Bernard Minet et
Billy (animateur-producteur sur Canal J) préparent
activement l’Arbre de Noël de l’Elysée. L’ombre de
Dorothée plane sur ses deux anciens acolytes, qui
disent tout devoir à cette icône des programmes
jeunesse, aujourd’hui retirée dans sa campagne
normande. De sa période faste, Minet a des souvenirs
émus. Aujourd’hui, ses soirées de gala et autres
compils sont autant de madeleines, que l’homme tend
aux grands ados à la recherche de leur enfance...

Joseph Agostini : Bioman, c’est une religion ?

Bernard Minet : J’ai enregistré le générique de cette série en août 1987, sans me douter alors qu’il s’agirait d’un énorme tube ! Bioman est, en l’espace de quelques semaines, devenu un véritable phénomène de société. Tous les gamins jouaient à Bioman dans les cours des écoles
de la France entière ! Jusqu’aux récents Pokémons, la jeunesse n’avait jamais plus voué un tel culte à une série.

Quinze ans après, vous chantez toujours le générique
de Bioman lors de soirées étudiantes et d’animations. L’alchimie fonctionne-t-elle comme au premier jour ?

Je n’y crois pas moi-même ! Quand le Queen m’a contacté, il y a deux ans, pour participer à une soirée « Chansons françaises », j’ai cru à un canular ! Depuis, mes reprises de Bioman, de Goldorak, des Chevaliers du Zodiaque, ont un succès toujours croissant auprès des jeunes... C’est un bonheur de voir des étudiants reprendre mes chansons en choeur, dans des soirées HEC ou polytechnique !

Cette soudaine euphorie pour les années 80, la comprenez-vous ?

C’est le syndrome Peter Pan ! Ma génération n’avait pas besoin de prolonger son enfance. Aujourd’hui, voir des gosses de 20-25 ans manger du Bloubi boulga, c’est hallucinant ! Les jeunes adorent retomber dans l’insouciance de leurs premières années, pour fuir les problèmes actuels de chômage, de précarité...

A l’époque du Club Dorothée, vous avez aussi été
comédien de sitcoms, dans la fameuse bande des « Musclés ». Avec le recul, comment jugez-vous cette période de votre vie professionnelle ?

Salut les musclés ! était une série géniale, comique, drôle, irréelle, avec de belles filles pour couronner le tout. Nous tournions vingt-six minutes en vingt-quatre heures de tournage, sans directeur artistique. Je considère qu’il s’agissait d’un petit divertissement sympathique pour la cible « enfants » et en aucun cas d’une escroquerie.


A ceux qui vous accusaient de stupidité, que répondez-vous ?

Une certaine presse allait même jusqu’à prétendre que nous abêtissions les enfants ! Quand je vois les élèves des grandes écoles qui m’applaudissent et s’amusent sur ma musique, je peux dire qu’elle a eu tort.

La grande papesse des programmes pour la jeunesse,
Dorothée, a disparu des grilles de télévision, en juin 1997, dix ans après son arrivée en fanfare sur TF1 privatisée. Que devient-elle ?

Une chose est sûre, c’est qu’elle n’a plus envie de se montrer. Dorothée a vingt-cinq ans de carrière derrière elle. C’est une star unique en son genre ! Le jour où elle reviendra, ce sera dans le cadre d’un projet à la mesure de sa notoriété, comme un film par exemple... Pour avoir travaillé à ses côtés durant 16 ans, je peux vous affirmer qu’elle fut l’une des plus grandes professionnelles de la télévision. Je l’ai vue
travailler de sept heures à une heure du matin, tout au long de ces années ! Nous la surnommions « la patronne ». Elle nous impressionnait.

Quand un grand hebdo titrait : « Faut-il brûler Dorothée ? », au milieu des années 90, comment réagissiez-vous ?

Ces attaques étaient habituelles. Mais y a t-il encore des magazines scientifiques, animaliers, des jeux pour la jeunesse sur TF1 ? Il ne reste plus rien de tout ça. Aujourd’hui, les dessins animés se suivent
les uns les autres, sans présentation. Personne n’a remplacé Dorothée !

Bernard Minet, comment voyez-vous votre avenir ?

Comme Henri Salvador ! A 84 ans, je continuerai de chanter pour divertir et distraire le plus grand nombre. Je suis un saltimbanque, un clown pour les enfants. Les petits comme les grands.