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C’est la crise : les Québécois, Anne Roumanoff et Kev Adams à la rescousse de la sitcom française ?

Claire Varin
Publié le 04/04/2013 à 13:14 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:43

En France, le mot « sitcom » a longtemps été assimilé aux séries AB du début des années 90. Les rires en boîte et les textes navrants ont tué un genre naissant. Alors qu’aux États-Unis, à la même période, NBC vivait son âge d’or avec des sitcoms comme Seinfeld et Friends. Certes, quarante ans de savoir-faire nous séparaient des Américains. Et la culture série n’avait pas encore atteint l’Hexagone. Il faut attendre la riposte de Canal+ avec Blague à part et H (1998) pour que l’image négative du genre se torde un peu. Mais le succès de H n’a pas fait de petits. La sitcom avec Jamel Debbouze et Éric & Ramzy est restée l’unique référence.

Ce 4 avril 2013, Comédie+ lance en prime time C’est la crise ! Une sitcom, produite par CALT, créée et interprétée par Anne Roumanoff. Vingt ans après et bien que le genre ait évolué, le mot « sitcom », l’humoriste s’en méfie encore. « Ce n’est pas vraiment une sitcom mais plutôt une série. Dans « sitcom », il y a l’idée de tourner dans un lieu unique et en public » dit-elle. Certes, on pourrait débattre de l’emploi de ce terme concernant une comédie au format trente minutes. Le projet est né d’une proposition de la société de production faite à Anne Roumanoff, qu’elle a d’abord refusée. « Je n’avais pas envie d’un truc cheap. » explique-t-elle.

Puis, l’idée lui est venue de raconter l’histoire de cette famille aisée, dont la faillite du mari oblige la femme à retrouver du travail. Un emploi qu’elle trouve au sein d’une chaîne de télévision. « Il fallait que je parle d’un milieu que je connais, mais on a essayé de traiter la télé comme n’importe quelle entreprise. Quel que soit le domaine, les rivalités en entreprise sont les mêmes » raconte la créatrice. Anne Roumanoff confie également avoir été séduite par « le côté laboratoire » de l’expérience offerte par une chaîne telle que Comédie, qui lui laissait grande liberté. Et pour se faire, elle s’est plongée dans des ouvrages américains sur « Comment écrire une sitcom », a regardé des comédies américaines (Modern Family, How I Met Your Mother) et britanniques et s’est entourée d’auteurs... québécois.

« Le problème est qu’en France personne n’a vraiment ce savoir-faire de sitcom puisqu’on n’en a pas eu récemment, explique Anne Roumanoff. Ceux qui l’ont sont ceux qui ont bossé sur H, il y a quinze ans. » À la différence des chanteurs, les productions québécoises traversent rarement l’Atlantique, mais les téléspectateurs de TV5 Monde (citons au moins Catherine) savent que les Québécois ont un vrai savoir-faire en matière de sitcoms. En engageant le comédien Martin Matte (une star au Québec) pour jouer son époux, la comédienne s’est offert la collaboration de François Avard, un auteur reconnu qui avait, notamment, signé l’adaptation d’Un gars, une fille. « François Avard est très expérimenté et il a été une aide très précieuse. Je lui envoyais les scénarios et il rayait, coupait, réécrivait et à chaque fois, c’était très efficace. On a travaillé aussi avec quelques auteurs québécois qui sont venus puncher la série. Ça a été une chance de travailler avec eux. »

Dans la writers room et devant la caméra, le talent québécois apporte une couleur différente à cette série, portée par une pléiade d’humoristes (Claudia Tagbo, Bérengère Krief, Caroline Vigneaux, Kev Adams, Denis Maréchal, Chantal Ladesou, etc.) « C’est la crise ! ne se prétend pas révolutionnaire en termes d’humour. C’est une comédie familiale grand public et sympathique » affirme Anne Roumanoff, qui espère avoir réussi « un bon produit de divertissement avec des personnages attachants. »