Toutelatele

Carole Gaessler

Joseph Agostini
Publié le 19/01/2004 à 00:08 Mis à jour le 31/03/2011 à 16:22

Ses yeux couleur océan font chavirer le cœur de ses fidèles. Avec Carole Gaessler en joker du Journal de 20 heures, France 2 joue la carte de la rigueur au féminin.
La jeune femme a la clarté pour maître mot et son charme discret pour cheval de bataille. Rendez-vous est pris à la rédaction de sa chaîne pour « parler télé...

Joseph Agostini : Le Journal de 20 heures de France 2, c’est la consécration ?

Carole Gaessler : Pas vraiment. L’aspect solennel de cette édition me faisait un peu peur. Après deux années passées en Australie, je pensais me consacrer à mes reportages pour Envoyé spécial. Or, Olivier Mazerolle (le directeur de la rédaction de France 2 ndlr) a tenu à ce que je devienne le joker du 20 heures. Evidemment, une proposition pareille ne se refuse pas mais je ne désirais pas présenter cette édition à tout prix.

Joseph Agostini : Comment s’organise la journée de Carole Gaessler lorsqu’elle présente l’édition du soir ?

Carole Gaessler : Arrivée à la rédaction à 9 heures, première conférence à 10h30. « Le Monde » arrive à 13h45 et je rencontre les chefs de services à 15h30 pour discuter des sujets du soir. Je veille à m’entretenir avec tous les auteurs des reportages avant le journal, de manière à affiner mon approche des thèmes abordés. Après un passage au maquillage, vers 17 heures, je m’isole et commence à écrire.

Joseph Agostini : Après deux années sabbatiques en Australie, cela a-t-il été difficile de revenir à l’antenne ?

Carole Gaessler : L’idée d’apparaître à l’écran me flippait. J’ai dû faire une semaine de training avec une comédienne pour évacuer mon stress et me réadapter à la caméra. Cela dit, j’aime toujours autant cet exercice.

Joseph Agostini : Les présentateurs se succédent depuis des années au Journal de 13 heures de France 2. Aujourd’hui, à ce fauteuil, Daniel Bilalian obtient une audience deux à trois fois moins forte que celle de Jean-Pierre Pernaut sur TF1. A votre avis, qu’est-ce qui fait le succès d’un journal télévisé ?

Carole Gaessler : Je pense que le secret réside dans la continuité. Les téléspectateurs s’attachent à un présentateur quand ils le voient longtemps à la même place. Sinon, comment expliquer la popularité de Michel Drucker ? Personnellement, je n’ai pas de conseils à donner à Daniel Bilalian, qui est un très grand professionnel.

Joseph Agostini : Vous avez co-présenté le Journal de 13 heures avec Rachid Arhab, à la fin des années 90. Quel souvenir gardez-vous de cette période ?

Carole Gaessler : J’en garde un très bon souvenir. Rachid et moi prenions beaucoup de plaisir à présenter l’édition ensemble, malgré les rumeurs que certains colportaient à notre sujet. Je pense que nous étions complémentaires. Pour ce qui est de ma vision du journalisme, elle n’a pas changé. Je souhaite donner des clés aux téléspectateurs, avec clarté et humilité. Je tiens au terme « pédagogique » pour qualifier mon travail.


Joseph Agostini : Le format d’une édition télévisée ne vous enferme-t-il pas dans un registre trop lisse, trop consensuel ?

Carole Gaessler : Un journal n’est pas une tribune ! Il faut distinguer l’information brute du débat d’idées. J’estime que le présentateur doit être dans une position de retrait. Cependant, je suis favorable aux interventions extérieures, sous forme d’éditos, par exemple.

Joseph Agostini : Entre David Pujadas et vous, c’est la grande amitié, l’entente cordiale ou la guerre déclarée ?

Carole Gaessler : Je respecte énormément David Pujadas. En plus d’être extrêmement professionnel, il présente son journal avec une véritable jouissance. Il fait partie de ces gens qui font passionnément leur métier. Je me trouvais en Australie lorsque j’ai vu son premier 20 heures, et je lui ai envoyé un mail de félicitations !

Joseph Agostini : Vous avez récemment signé un portrait de l’humoriste Laurent Gerra, pour Envoyé spécial. Seriez-vous tentée, comme Rachid Arhab, d’animer des émissions de variétés le samedi soir ?

Carole Gaessler : Absolument pas. Je fais une différence très nette entre animateurs de variétés et journaliste. A chacun son métier. C’est aussi et surtout une question de crédibilité ! Personnellement, je ne veux pas passer d’un genre à l’autre. Pour ce qui est de Laurent Gerra, il s’agit de mon premier portrait. Creuser une personnalité en trente minutes n’est pas une mince affaire ! Laurent est un talent comique qui parvient à réunir 2000 personnes par soir ! Je désirais vraiment partir à sa rencontre.

Joseph Agostini : Vous aimeriez présenter un magazine de deuxième partie de soirée. Entre Compléments d’enquête, Mots croisés, Les coulisses du pouvoir, Ca se discute, y a-t-il encore de la place ?

Carole Gaessler : J’ai déposé de nombreux projets de magazines sur le bureau de ma direction. Il est prématuré d’en parler mais je crois beaucoup à l’un d’entre eux. Il faut maintenant qu’un créneau adapté se libère, mais je ne gère pas ce paramètre...

Joseph Agostini : Carole Gaessler, quels étaient vos modèles lorsque vous débutiez ?

Carole Gaessler : J’ai toujours eu énormément d’admiration pour Christine Ockrent, sa réussite, son professionnalisme. Des hommes comme Sannier et Sérillon ont également été des exemples à suivre, du temps où je présentais le journal de France 3. Mais il est difficile de grandir à l’ombre de modèles ! Je défends un style personnel avant toute chose.