Toutelatele

Catherine Ceylac

Joseph Agostini
Publié le 31/03/2003 à 00:15 Mis à jour le 14/03/2010 à 16:02

L’intelligence sensuelle de Catherine Ceylac fait d’elle l’une des meilleures questionneuses de la télévision. L’écoute est un art, la douceur une vertu, et le mélange de ces qualités installe une atmosphère idéale à la catharsis, au dévoilement des âmes. Au petit matin, le samedi et le dimanche, depuis sept ans, Catherine Ceylac invite ses téléspectateurs à un entretien profond et savoureux, autour d’un thé ou d’un café, selon les goûts, selon les êtres. Thé ou café ? « Un thé s’il vous plaît ». Entretien.

Joseph Agostini : Thé ou café aura sept ans le 6 avril prochain. Quels sont les invités qui vous ont le plus marqué jusque là ?

Catherine Ceylac : Chaque rencontre a été passionnante. Elles ont toutes répondu à mon envie viscérale de comprendre l’autre, d’explorer la matière humaine sans maquillage. Je m’attache toujours à comprendre la personnalité de l’invité, avec ses fragilités, ses cicatrices, sa vraie sensibilité. Parmi toutes ces rencontres, celles avec Fanny Ardant, Yehudi Menuhin, ou encore celles avec Philippe Noiret et Daniel Auteuil, m’ont personnellement beaucoup marqué. Les moments me touchent quand il y a une intimité, une émotion particulière.

Thé ou café occupe un créneau horaire particulier. Comment avez-vous pu fidéliser un public à 7h du matin, le samedi et le dimanche ?

Le pari a effectivement été difficile à relever. Il y avait la mire à cette heure là, avant notre arrivée ! Lentement, avec beaucoup de travail, nous sommes pourtant parvenus à installer un rendez-vous familier, intimiste, qui réunit près d’un million de téléspectateurs, à raison de deux émissions par semaine. Nous tenons à entretenir une relation privilégiée avec notre public. Par TV5, Thé ou café est retransmis dans de très nombreux pays, et nous recevons des mails des téléspectateurs du monde entier, auxquels je réponds personnellement.

Speakerine, présentatrice de journaux, de magazines,
de divertissements, il semble que vous ayez enfin trouvé votre identité dans Thé ou café, loin des strass et de la surexposition. Je me trompe ?

Je ne me suis jamais sentie aussi à l’aise à
l’antenne. Thé ou café représente vraiment l’aboutissement d’un parcours professionnel. Depuis sept ans, je fais ce que j’aime, sans aucune
lassitude, en assurant la production et la présentation d’une émission porteuse de sens, à la lisière du divertissement et de la connaissance. Je ne me sentirais pas capable d’animer de grosses émissions de variétés, où la promotion des invités passe avant l’échange.

La télévision fait de plus en plus confiance aux
femmes, et le service public n’est pas en reste. Pourquoi cette soudaine révolution, après tant d’années de conservatisme machiste ?

Je ne suis pas si enthousiaste. Même si le temps des potiches est révolu, les femmes restent souvent cantonnées dans des rôles de séductrices. Elles doivent aguicher à tout prix, faire valoir leur corps. Je trouve que les femmes ne sont, au contraire, pas suffisamment mises en valeur. Il y encore beaucoup de progrès à faire.

Des progrès restent également à faire au niveau du clivage Animateur/Journaliste. En avez-vous souffert ?

Quand j’ai débuté, la frontière était plus mince entre ces deux communautés. La rédaction d’Antenne 2 n’était pas seulement le vivier des écoles de journalisme. J’ai pu passer de l’animation de magazines à la présentation de JT, sans heurt. Aujourd’hui, pour ceux qui débutent, il y a des frontières déjà tracées entre les différents métiers de la télévision. Cela dit, je crois beaucoup aux rencontres entre les êtres. Tout est une histoire d’ambition. Il s’agit de croire en ce que l’on fait, et d’y mettre le plus de passion possible.

Catherine Ceylac, si Thé ou café était programmé à un horaire moins confidentiel, cela ne gâcherait-il pas tout ?

Je crois, en effet, que l’horaire matinal me permet
d’épouser un style, une ambiance, une sensibilité, qu’il me serait impossible de retrouver à un autre moment de la journée. Nous pouvons également évoquer les arts plastiques, l’actualité culturelle de la province, des festivals artistiques étrangers, en toute liberté. C’est une grande chance !