Toutelatele

Catherine Nayl (Directrice Générale adjointe à l’information à TF1) : « Que les gens nous copient, c’est la rançon du succès »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 01/09/2015 à 19:41 Mis à jour le 02/09/2015 à 11:29

Toutelatele : Quel est l’objectif de ce nouveau plateau du JT pour TF1 ?

Catherine Nayl : Notre préoccupation première était de replacer les téléspectateurs au centre de l’information. C’est un parti pris sur le plateau avec une vision 360 degrés des images de l’actualité. C’est un JT connecté dans tous les sens du terme.

Est-ce à dire que vous étiez déconnecté du public ?

Non, mais nous pouvons toujours faire mieux. La proximité a toujours fait partie de l’ADN de TF1. Je pense qu’il existe différents types d’écritures et d’approches. Il faut toujours se regarder et s’améliorer.

L’habillage visuel et le plateau du JT suffisent-ils à rétablir une proximité avec les téléspectateurs ?

Je pense que c’est l’illustration de quelque chose, c’est un signe, mais ça ne suffit pas. Les téléspectateurs perçoivent très bien ce signal-là, à savoir la taille d’une table, la proximité ou encore l’ambiance. Ils ne savent pas le qualifier, mais l’atmosphère d’un plateau est bien l’identifiée. Ils savent nous le dire. Si l’éditorial ne précède pas les changements visuels, on a tout faux. En revanche, ne pas aller jusqu’au bout est aussi un moyen de les perdre et de mettre du flou.

Avez-vous été cherché de l’inspiration à l’étranger pour ce nouvel habillage ?

Nous n’avons absolument pas regardé comment étaient faits les journaux à l’étranger. En tant que leader, on est obligé d’avoir un temps d’avance avec un studio évolutif. On ne s’est pas inspiré ailleurs.

Que se passe-t-il dans la construction des journaux pour retrouver plus de proximité avec le public ?

Il y a eu un travail sur la scénographie et sur l’angle des sujets. On systématise le module ‘Une minute pour comprendre’ en s’appuyant sur des infographies. Et puis on a créé une cellule qui va s’occuper des longs formats. Ça peut être du magazine ou de l’investigation. C’est le moyen d’approfondir des thématiques et de donner un rythme différent aux journaux.

« En tant que leader, on est obligé d’avoir un temps d’avance avec un studio évolutif »

Concernant les cibles, les jeunes ont-ils définitivement délaissé les JT ?

On essaye d’aller les chercher ailleurs. C’est pourquoi on lance en partenariat avec Facebook le journal digital Focus qui s’adresse aux internautes exclusivement avec l’actualité qui émerge sur les réseaux sociaux. C’est le choix de la rédaction de TF1 et de MyTF1 News à destination des internautes.

Comment analysez-vous la réduction de l’écart des audiences des JT de TF1 et France 2 ?

Il faut toujours s’interroger sur les signes qu’on nous donne. Certains ne dépendent pas de nous. Quand on a une baisse d’audience, il y a des causes endogènes sur lesquelles il faut travailler. Et puis il y a des causes qui ne dépendent pas directement de nous, comme la structure de l’audience ou encore de l’access. Il y a toujours une solution, rien n’est inéluctable et les dernières années ont pu le prouver pour TF1, comme pour France 2.

Attendez-vous le retour de Money Drop avec une certaine impatience ?

(Rires) C’est sûr que plus il y a de réservoir d’audience avant nous, et plus on est content.

La courbe d’audience du JT de TF1 décroche régulièrement à partir de 20h15. Comment l’expliquez-vous ?

Le carrefour du 20 heures - 20h35 est extrêmement complexe, et notamment aux alentours de 20h12-20h15. Vous avez alors des émissions qui démarrent chez la concurrence. Comme nous avons une structure d’audience qui est beaucoup plus volatile, plus jeune, notre public est beaucoup plus sollicité par les émissions qui commencent à ce moment-là. Ça explique ce décrochage, même si ce n’est pas tous les jours. On peut aussi se tromper parfois, ou mettre un sujet qui n’intéresse pas les gens à cet horaire là. C’est le carrefour de tous les dangers et c’est très compliqué à analyser. C’est un moment primordial pour toutes les chaînes.

Les JT de TF1 restent en 2015 les plus regardés d’Europe dans un contexte où la consommation télévisuelle est en pleine mutation. En terme de communication, TF1 reste cependant attaquée, comment l’analysez-vous ?

Le leader fait particulièrement l’objet de toutes les attentions. Parfois on reste inaudible dans notre façon de nous exprimer. Nous savons que nous sommes l’information leader en Europe et que ça nous donne des responsabilités particulières. On doit encore plus phosphorer. Que les gens nous copient à droite à gauche, c’est la rançon du succès. Je ne vais vous pas dire que ça ne m’énerve pas, bien évidemment ça m’exaspère, comme les journalistes de la rédaction. On a plus de devoirs que de droits. Ça doit nous rendre plus combatifs. À un moment donné, vous ne pouvez pas lutter contre une communauté de journalistes qui a décidé de prendre l’information avec un angle précis.

Audrey Crespo-Mara a-t-elle des chances de revenir à l’antenne ?

Ce n’est pas parce qu’on dit qu’Audrey Crespo-Mara est une bonne présentatrice, qu’on a envie de la mettre en situation immédiatement. On est dans un premier temps rassuré du bel été qu’elle a réalisé. On avait cette intuition et elle a réalisé l’essai. Nous avons la chance à TF1 d’avoir un vivier de présentateurs qui savent faire leur boulot et qui parlent bien aux téléspectateurs.