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Catherine Schöfer (Directrice générale de 6ter) : « On compte rejoindre le quatuor de tête des chaînes de la TNT dans les prochaines années »

Publié le 13/12/2017 à 17:39

Créée en 2012, 6ter est devenue rentable depuis un an. Avec une véritable identité sur laquelle le groupe M6 peut compter au sein de sa famille de chaînes, le canal 22 de la TNT est désormais le cinquième diffuseur de la TNT auprès de la cible stratégique des femmes responsables des achats de moins de 50 ans. Cette chaîne familiale, « rassurante et divertissante », a fêté ce 12 décembre 2017 ses 5 ans. Catherine Schöfer, directrice générale de la chaîne, également à la tête de Téva, s’est entretenue avec Toutelatele pour revenir sur les succès et les stratégies de 6ter.

Toutelatele : 6ter célèbre ses cinq ans et est désormais cinquième chaîne TNT auprès de la cible commerciale. Comment expliquez-vous une telle performance ?

Catherine Schöfer : Toutes les chaînes, ou presque, ciblent les fameuses femmes de moins de 50 ans responsables des achats. Ça pouvait être un pari à la fois osé, et, en même temps, qui a réussi. Notre positionnement marque notre réussite, c’est-à-dire une chaîne familiale s’adressant d’abord aux adultes, et que l’on peut regarder à tout moment avec ses enfants. Ça n’existait pas en tant que tel. Cela nous a donné une identité forte. Le public des fameuses ménagères de moins de 50 ans trouve des programmes chez nous qui leur plaisent.

6ter séduit les femmes responsables des achats, mais elle a eu un peu plus de mal auprès de l’ensemble du public. On note depuis la rentrée que l’écart se réduit auprès des 4 ans et plus avec HD1, votre principale concurrente. Est-ce dû à une défaillance de HD1 ou à la volonté d’élargir les cibles de 6ter ?

Nous avons gagné en puissance. On note qu’on est assez mixte. 6ter est puissante sur les femmes de moins de 50 ans, mais aussi sur les individus de moins de 50 ans. L’addition de ces deux publics fait qu’on gagne en puissance sans perdre notre cœur de cible. La programmation cinéma évènementielle de 6ter a progressé en termes d’audience. Les séries aussi montent en puissance, tout comme nos émissions. Norbert, commis d’office en est le meilleur exemple. On installe nos propres marques qui s’imposent avec le temps. Départ immédiat suit la même lancée. Tous nos prime times se bonifient. On a aussi une grille de journée très solide. 6ter a notamment progressé chez les enfants et les individus de 50-59 ans.

« C’est aussi flatteur d’être copié, cela signifie qu’on a eu la bonne idée »

Parmi vos succès, on pense forcément à La petite maison de la prairie, qui arrive bientôt à son final. Allez-vous repartir sur une nouvelle rediffusion de l’intégralité ?

Cette marque reviendra. C’est notre petit bijou et les téléspectateurs la redemandent sans cesse. Mais on va la laisser se reposer. Cette série du déjeuner, comme les autres que l’on propose à cet horaire, sont des piliers de notre grille. En journée le week-end, on privilégie les programmes propres à l’instar de Rénovation impossible grâce auquel on est régulièrement quatrième chaîne nationale auprès des femmes responsables des achats de moins de 50 ans. C’est aussi avec ce type de programme que l’on arrive à émerger car on ne les voit pas ailleurs.

Cependant, vos concurrents marchent sur vos plates-bandes avec par exemple Total Rénovation sur NT1 qui a pris des parts de marché à Rénovation impossible

On a l’habitude. Le cas de figure s’était présenté avec Storage Wars, tout le monde avait suivi le mouvement. On a trouvé le programme d’après. À nous d’avoir toujours un temps d’avance. C’est aussi flatteur d’être copié, cela signifie qu’on a eu la bonne idée.

Le matin, les scripted reality montent jusqu’à 10% de part d’audience sur la cible commerciale. Comment gérez-vous ce stock ?

On a un énorme volume d’épisode. Un certain nombre de séries étaient déjà dans le groupe comme Face au doute, ou Comprendre et pardonner. Par ailleurs, on a pris notre bâton d’acheteur et on est allé en chercher d’autres, principalement produites pour le groupe France Télévisions, telles que Dernier recours ou Si près de chez nous.

Devant un tel succès, comptez-vous relancer la production de scripted ?

Pour l’instant, je concentre mes moyens de production sur les prime times et les programmes identitaires plutôt que sur des productions de matinées que l’on peut trouver en acquisition.

« Avec D&Co, Valérie Damidot et Sophie Ferjani sont dans l’esprit 6ter »

Pourquoi avoir retiré la scripted reality le matin pendant les vacances de Noël au profit de D&Co ?

La grille de Noël casse un certain nombre de choses. On a décidé de bouleverser notre grille et de miser sur la fête et Noël. D&Co a quelque chose qui mène plus à la surprise, la magie et la transformation. On a voulu être plus dans l’esprit de Noël.

Peut-on imaginer l’arrivée d’autres marques de M6 sur 6ter ?

On la chance d’être adossé à un groupe qui produit des programmes puissants sur notre cible. C’est donc possible si c’est dans l’ADN de 6ter. Pour les programmes qui sont encore en cours de production et très exposés sur M6, la stratégie est différente. On leur donne une deuxième vie sur 6ter mais il faut laisser le temps au format de vivre sa première vie sur la chaîne amirale.

N’est-ce pas gênant de miser sur Valérie Damidot qui est par ailleurs actuellement tous les jours en access prime time sur TF1 ?

Pas du tout. Et puis, D&Co c’est aussi Sophie Ferjani. La marque est puissante. Toutes les deux sont dans l’esprit de 6ter. Je ne vous dis pas qu’aujourd’hui on lancera un prime time avec Valérie Damidot si elle est ailleurs. Mais rediffuser un programme qui a déjà son image et son identité, ça ne pose pas de problème.

« Il y a un attachement pour les marques qui ont été très exposées sur M6 »

Contrairement à Noël 2016 avec Norbert Tarayre et Sophie Ferjani, vous n’avez pas produit de format de Noël cette année. Pourquoi ?

On a lancé Norbert commis d’office en décembre, et il n’y aura que des inédits pendant de nombreuses semaines, notamment avec des personnalités comme Moundir ou Issa Doumbia. Dans Départ immédiat, on a fait des numéros plus ambiance Noël. On a misé sur des numéros inédits sur nos marques. On aura également de nouveaux numéros de Christmas Battle. On a donc mis de côté cette année les one shot.

Vous avez fait le choix de lancer de nouveaux après-midis avec Bienvenue chez les Huang et Les Simpson dès ce lundi 11 décembre. Pourquoi ne pas avoir attendu le lancement de la grille de Noël pour bouleverser vos après-midis ?

La grille de Noël commence désormais généralement juste après les vacances de la Toussaint (rires). Il y a une appétence pour les programmes de Noël bien en amont. Dépassé le 30 décembre, l’intérêt retombe très vite. En stratégie de programmation, on sait donc que c’est mieux d’anticiper. Cette année, les vacances de Noël commencent tard en plus. L’état d’esprit est déjà là donc la décision nous a semblé logique.

Est-ce un véritable défi d’imposer une nouvelle marque de sitcom alors que les principales détenues par le groupe M6 ont eu droit à une forte exposition sur la chaîne amirale dans le passé ?

On a beaucoup de sitcoms. On a lancé Very bad nanny aussi en prime time. On est obligés de mettre en orbite d’autres séries pour toujours être bons. J’étais auparavant aux achats donc c’est quelque chose que je connais bien. Il y a un attachement pour les marques qui ont été très exposées sur M6. C’est plus difficile de faire émerger les nouvelles.

« On ne décline pas le familial de manière complètement littérale »

Once upon a time revient également pour Noël en inédit. Prochainement, This is us fera également son arrivée sur 6ter. Pourquoi ce choix ?

Ça prouve que 6ter est en train de grandir, qu’elle est une chaîne qui compte dans le groupe. On a fait le choix de mettre cette série familiale qui connait un succès majeur aux États-Unis sur 6ter en première exclusivité. C’est un beau cadeau que nous fait le groupe.

Quand vous faites le choix de rediffuser une série policière comme Hawaii 5-0, la jugez-vous donc plus familiale que les autres disponibles dans le catalogue du groupe M6 ?

Tout à fait. C’est une série qui a côté assez fun, avec un duo drôle. Elle a un côté vacances. L’un des héros a d’ailleurs une petite fille qui joue un rôle important. Cependant, on ne se prive d’aucun programme tant qu’il n’y a pas de violence. Honnêtement, on ne diffuse pas que des programmes hyper familiaux. On propose de nombreuses séries même s’il n’y a pas la maman, le papa, les enfants, le chien… On ne décline pas le familial de manière complètement littérale.

Il y a quelques années, 6ter rediffusait quelques jours après M6 des divertissements tels qu’Incroyable talent, ou Ice Show. Cette stratégie est-elle totalement abandonnée ?

Nous n’avons pas trouvé les essais très concluants. Je pense que ces rendez-vous très évènementiels sont finalement difficilement rediffusables quelques jours plus tard. On rediffuse par exemple Le meilleur pâtissier plus tard sur Téva. Ce n’est pas le choix que l’on a fait sur 6ter pour le moment.

« Avec une bonne stratégie d’acquisition de programme, de bonnes productions et un bon faire-savoir, on peut encore progresser »

Téva, chaîne du groupe M6 que vous dirigez également, a déjà diffusé des versions belges d’émissions, comme L’amour est dans le pré. Est-ce possible sur 6ter ?

On pourrait tout à fait en diffuser. Si un programme est efficace, on ne s’en prive pas. On a par ailleurs acheté des versions étrangères de Mariés au premier regard pour Téva. Après, il est vrai que la programmation de formats quotidiens est plus contraignante, mais on pourrait voir apparaitre à terme ce type d’émission sur 6ter.

Vous avez réalisé dernièrement votre record historique avec le téléfilm La mélodie de Noël qui a atteint près de 1 million de téléspectateurs. Est-ce le gage qu’aujourd’hui, les Français ont le réflexe de regarder les dernières nées de la TNT, telle que 6ter ?

Je pense que c’est un grand enseignement. Les nouvelles chaînes se sont installées rapidement. Aujourd’hui, on voit qu’un téléspectateur sait facilement taper 22 sur sa télécommande. Ça a été plus compliqué d’installer les chaînes de la première génération sur la TNT. Le téléspectateur est assez opportuniste. Ce n’est pas un handicap d’être numéroté au loin car quand il y a un bon programme, on nous trouve. Il n’y a d’ailleurs plus deux cours. Depuis un an, toutes les chaînes de la TNT jouent au même niveau et on compte bien rejoindre le quatuor de tête des chaînes de la TNT dans les prochaines années. Avec une bonne stratégie d’acquisition de programme, de bonnes productions et un bon faire-savoir, on peut encore progresser.

Est-ce plus difficile aujourd’hui de construire sa grille de programmes et de lutter contre la concurrence quand on est une chaîne comme 6ter ?

C’est toujours difficile. La bataille existe depuis toujours. On a fait une excellente année sur 6ter, la même année où toutes les chaînes historiques de la TNT ont fait des gros efforts avec plus d’investissements dans leurs grilles. On arrive quand même à tenir tête. À nous d’être bons et d’émerger.