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Charles Berling (Glacé, M6) : « J’ai envie de donner à l’histoire de Martin Servaz un prolongement »

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Directeur exécutif en charge des contenus
Publié le 10/01/2017 à 19:12

Charles Berling est la tête d’affiche de Glacé, la nouvelle série événement de M6, à décoiuvrir à partir de ce 10 janvier en prime time À l’occasion de la diffusion, l’acteur plutôt habitué aux planches et au grand écran s’est exprimé sur les motivations qui l’ont poussé à jouer Martin Servaz. Rencontre.

Benjamin Lopes : Pourquoi avoir accepté le rôle du commandant Servaz dans Glacé ?

Charles Berling : Entrer dans l’intimité de la vie d’un flic me plait beaucoup. Laurent Herbiet (le réalisateur, ndlr) avait vu Scènes de crimes où je jouais un policier. C’était donc pour moi une façon de retrouver ce genre. Grâce à la série, on peut faire un polar de plusieurs heures, c’est passionnant. J’ai trouvé l’histoire de Bernard Minier (l’auteur du livre original, ndlr) palpitante et haletante. Moi, qui ne suis pas un fou du thriller, je me suis retrouvé embarqué. La qualité des personnages et leur densité humaine m’ont également convaincu. Ils sont bourrés de contradictions. Servaz paye une sorte d’addition de toute sa vie de flic et je trouve qu’il est sain et merveilleux de raconter que ces gens qui nous protègent sont des hommes qui ont des peurs et des fragilités. Sa vie amoureuse est totalement foutraque, il boit et il fume. Il est visiblement atteint par ce qu’il a vécu et se retrouve confronté à son meilleur cauchemar.

Quels sont les atouts de Glacé selon vous ?

Au fur et à mesure, la série raconte comment tous ces personnages vont être aspirés par ce cauchemar. Les paysages sont magnifiquement filmés par Laurent Herbiet. C’est impressionnant. Le poids des Pyrénées, ces montagnes anciennes bourrées de mystères, ressort. On s’imprègne de tout ça. C’est un mélange qui m’a frappé, et j’ai été très heureux de retrouver le thriller. On n’est pas dans le cliché du genre, dans la caricature, mais dans une description du monde de la police française régionale, avec une vision balzacienne je dirai. J’ai été épaté.

Comment s’est déroulée la rencontre avec Julia Piaton, avez qui vous enquêtez en duo dans la série ?

C’est une actrice que je ne connaissais pas bien. Elle est extrêmement passionnée, bourrée de doutes, de fragilités, et je pense qu’on va la voir de plus en plus. Elle a beaucoup de talents et de facettes. J’ai été heureux de pouvoir échanger avec cette génération. Le couple que l’on forme est passionnant à jouer, car ils sont tous les deux très différents. On sent que le personnage de Martin Servaz qui pourrait être un peu dragueur, mais elle est lesbienne. Je trouve que c’est une très belle chose de montrer ça. Elle assume sa vie, c’est une femme libre d’aujourd’hui. Elle n’incarne pas le préjugé d’une petite bourgeoise étriquée.

« Servaz paye une sorte d’addition de toute sa vie de flic »

N’avez-vous pas eu peur des réactions du lectorat massif du livre en incarnant Martin Servaz ?

Bien sûr. J’ai conscience que beaucoup de gens se sont projetés eux-mêmes dans une écriture de roman. J’ai été très heureux de voir pendant le tournage que Bernard Minier était très content de ce qu’il voyait. L’auteur m’a adoubé d’une certaine manière, d’autant plus qu’il a eu l’intelligence de dissocier les propres fantasmes qu’il a pu avoir. On y retrouve l’essentiel de l’œuvre originale, à savoir comment les histoires anciennes vont resurgir dans la vie de tous les personnages. Après, j’ai l’habitude d’avoir quelques ennemis, donc je m’y attends. J’ai essayé de donner au rôle tout ce que je pouvais. En faisant beaucoup de théâtre, j’ai l’habitude au fond de passer sur des terrains où l’imagination des autres a déjà été beaucoup sollicitée. Je pense toujours que ma version sera la mienne, on n’est pas seulement tout le temps dans une recherche hiérarchique ou une hégémonie.

A-t-il été facile de se détacher de ce personnage lourd en émotions après trois mois de tournage ?

C’est un personnage qui happe et qui met face à ses propres contradictions, à ses fragilités. Même s’il a de l’humour, Martin Servaz est loin d’être heureux. Malgré tout, on ne pourra jamais l’enterrer. S’il y a une saison 2, il sera comme le sphinx. J’ai envie de donner à cette histoire un prolongement. Quand j’arrive à la fin du sixième épisode, j’ai envie de reconstruire une deuxième saison. Je pense qu’on peut encore s’améliorer et aller plus loin.