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Charlie Bruneau (Roxane Le Kervelec) : « En famille décomplexe les problèmes familiaux »

Léopold Audebert
Publié le 19/07/2016 à 19:36

Léopold Audebert : Cinq saisons après le lancement de la série sur M6, quel regard portez-vous sur En famille ?

Charlie Bruneau : Déjà, je n’ai absolument pas l’impression que ça fait 5 ans ! (rires) C’est plutôt bien ! Quand je vois « saison 5 » sur les affiches, je suis époustouflée par la vitesse à laquelle les choses se sont passées. Au bout de ces années, je me rends compte que je prends toujours autant de plaisir à bosser sur cette série et à travailler avec toute l’équipe, acteurs et membres de l’équipe technique, qui sont devenus mes potes. Si, il y a cinq ans, on m’avait dit qu’on allait faire cinq saisons, je me serais dit « Ouh là là, je ne sais pas si j’ai envie… ». Maintenant, je ne me pose même plus la question.

En tant qu’actrice, quel bilan dressez-vous ?

Il est très différent. Continuer de porter un personnage qu’on connaît absolument par cœur signifie qu’on doit trouver de nouvelles choses à donner, tout en gardant sa colonne vertébrale pour réussir à l’emmener ailleurs. C’est très intéressant, parce que c’est généralement ce qu’on fait au théâtre, quand on joue plusieurs mois. Là, ça passe à travers les textes, qui évoluent, évidemment. En tant que comédienne, c’est très stimulant, parce qu’on se rend compte qu’il y a plein de petites choses qui étaient des nœuds, en tout cas des problèmes au début, et qui n’en sont plus. Tandis que d’autres arrivent ! (rires)

À titre d’exemple, qu’avez-vous réussi à dépasser ?

Les colères de Roxane. Pour moi, elle était un peu trop hystérique. C’est bien d’être impulsif, mais je n’arrivais pas à trouver une justesse. J’ai fini par la saisir et, vraiment, c’est un plaisir. Affiner toutes ces petites choses est très agréable.

Ce travail personnel a-t-il, selon vous, permis de rendre votre personnage plus attachant ?

Roxane a énormément de défauts ! Elle est maniaque, psychorigide, autoritaire… Mon défi était d’y apporter de la douceur et de faire en sorte que les gens l’aiment. Et que moi-même j’y sois attachée !

« Mon défi était d’apporter de la douceur à Roxane et de faire en sorte que les gens l’aiment »

Comment expliquez-vous le succès et la pérennité de la série ?

N’importe quelle personne qui a une famille s’y retrouve. Pas forcément dans un personnage qui lui ressemble, qui a le même âge ou qui est gendré. Mais, sur les vingt-six minutes quotidiennes, il y a nécessairement un sketch où on se projette. Après, je trouve que c’est une série qui décomplexe les problèmes familiaux. Ça peut être rassurant de se dire : « J’ai tel type de problème dans ma famille, et quand je les vois mis à l’écran et que c’est prouvé qu’on peut en rire, c’est toujours un peu sympa ! ». Et puis, si on n’a pas envie de regarder une série sur la famille, on peut la suivre pour la qualité des textes. Il y en a plein qui sont super bien écrits, qui peuvent parfois poser des questions et interpeller. En tout cas, ça reste festif ! C’est de la comédie !

L’identification des téléspectateurs aux différents personnages est-elle aussi un atout particulièrement important ?

Il y a forcément de l’identification. Beaucoup de personnes m’ont dit « On dirait mon père, ma mère, ma sœur, etc. ».. Le fait qu’on soit très caricaturaux dans nos personnages fait que l’on peut s’attacher rapidement à l’un ou à l’autre.

Pour vous, que représente la comédie ?

Je pense que la comédie est une très bonne école. Elle regroupe tous les sentiments. Surtout avec des programmes comme ça, où on pousse encore d’un cran le curseur du jeu. Tout est un petit peu en surrégime, ce qui nous permet de sortir des sentiments à leur maximum. Du coup, quand on doit jouer dans quelque chose de plus naturaliste et quotidien, le travail est là. Parfois, il suffit juste d’ajuster les curseurs. La comédie et son rythme nous aident pour ça. Sur En famille, il y a un moment donné où on tourne tellement qu’il faut y aller ! On peut se planter ou être à côté, mais il faut tenter des choses. Dans l’essai, il y a toujours de bonnes choses qui sortent. En tant que comédienne, je pense que j’ai appris à mieux maîtriser les sentiments qu’avant En famille.

Quel regard portez-vous sur votre groupe d’acteurs ?

Le jeu circule. On est sept, et on joue à sept. C’est très important ! On se partage l’espace et les textes et on arrive encore à se surprendre. Il y a une excellente communication. C’est très dangereux, parce qu’étant donné qu’on a pris un rythme de confort et qu’on n’a plus peur de se planter les uns devant les autres, quand on se retrouve sur un autre tournage, où on ne connaît personne, ça peut être déstabilisant. On a l’habitude de tourner avec des gens qui sont maintenant des amis.

« Je pense que la comédie est une très bonne école. Elle regroupe tous les sentiments »

Cette cinquième saison est notamment marquée par l’arrivée de nombreux guest. N’était-ce pas trop difficile pour eux de trouver leurs marques dans un groupe déjà très soudé ?

Dès le début, nous avons tous eu conscience de ça. Parce qu’en tant que comédien, on l’a tous vécu. Du coup, on accueille les gens avec envie. Et ce sont des respirations pour nous d’avoir des personnages en plus. Ce n’est pas facile de sauter dans un train en marche, mais on essaye aussi d’adapter le rythme aux personnes qui arrivent, et de les accueillir de la plus gentille des façons. Jusqu’à maintenant, ça se passe super bien, il n’y a pas eu de plainte ! (rires)

Chaque année, En famille est programmée pendant la pause estivale. Ne souhaiteriez-vous pas que la série soit diffusée plus régulièrement ?

Ça ne me dérange pas du tout que ce soit diffusé sur une petite partie de l’année. En revanche, j’aimerais qu’il soit peut-être plus représenté.

Que voulez-vous dire ?

Qu’on mette plus en avant les qualités du programme. Mais sinon, je suis ravi !

« J’aimerais qu’on mette plus en avant les qualités du programme »

Parallèlement aux diffusions quotidiennes, les téléspectateurs pourront prochainement découvrir des formats de cinquante-deux minutes. Dans quel état d’esprit étiez-vous lors des tournages ?

Sortir des studios était très chouette ! C’était vraiment génial. Avec le format de cinquante-deux minutes, emmener les personnages dans quelque chose de plus classique et quotidien, tout en conservant leur caractéristique, était un défi génial. Ce challenge m’a empêché de dormir quelques nuits ! (rires) J’étais hyper traqueuse de me dire qu’il ne fallait pas faire du programme court sur du long. Au bout de trois scènes, on ne devait pas avoir l’impression de voir cinquante-deux minutes de sketchs.