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Chyler Leigh (Taxi Brooklyn) : « Avec Grey’s anatomy, j’ai fait un burn-out »

Tony Cotte
Publié le 21/04/2014 à 19:09 Mis à jour le 05/05/2014 à 10:56

11 mars 2014. Rendez-vous est pris à l’Hôtel Lancaster avec l’équipe de la série Taxi Brooklyn. À l’écran, les téléspectateurs de TF1 peuvent retrouver Chyler Leigh, plus connue à ce jour comme Lexie Grey, la petite sœur de Meredith dans Grey’s anatomy. Sous l’effet du jet lag, la jeune femme ne sait pas quel jour nous sommes et avoue n’avoir aucun repère temporel. Pourtant, elle assure la promotion de la série avec sourire et répond à toutes les questions…

Tony Cotte : En acceptant de jouer dans Taxi Brooklyn, quelle a été votre principale préoccupation ?

Chyler Leigh : J’avais quelques inquiétudes sur le plan culturel : comment travailler avec une équipe américaine et française ? Je me demandais si le mariage allait bien se passer, puisque je n’étais pas du tout familière avec votre culture. J’étais même intimidée ; je ne savais pas si j’allais tout comprendre. Heureusement, au vu du court laps de temps pour le tournage, tout est allé très vite. Il y avait une vraie dynamique.

Vous souvenez-vous de votre premier jour ?

J’étais effrayée ! Je n’avais jamais incarné quelqu’un comme celui-ci. Je n’ai pas eu à passer une audition, c’était une offre que j’ai acceptée. Je ne comprenais d’ailleurs pas vraiment pourquoi on m’avait engagée pour ce rôle. Mais j’en suis reconnaissante. Trois jours avant le tournage, nous avons fait une table de lecture. C’était étrange de dire ces mots à voix haute pour la première fois. La deuxième fois que j’ai dû les prononcer, c’était devant la caméra ! Il faut toujours un peu de temps pour s’imprégner d’un personnage. C’était donc un vrai challenge.

Qu’avez-vous pensé de votre prestation ?

Je n’ai vu la série qu’hier (10 mars 2014, ndlr) pour la première fois et avec le doublage français. Et, en toute honnêteté, je suis assez fière de ce que j’ai vu à l’écran. Je crois que je m’en suis bien sortie. [Rires.] Même si je ne comprends pas la langue, les intentions sont assez claires et le tout sonne juste.

Le tournage de Taxi Brooklyn a la particularité d’avoir des scènes extérieures en décor réel. Qu’apporte le fait de tourner à New York même ?

Je n’avais pas réalisé à quel point on verrait autant à la ville. Nous avons travaillé cinq mois. En un temps aussi réduit, la quantité de travail est importante. J’ai eu l’occasion de voir tant de Brooklyn et toutes les circonscriptions de New York (boroughs), ce qui n’est pas habituel pour un tournage de série.

« Je ne comprenais pas vraiment pourquoi on m’avait engagée pour ce rôle »

Olivier Megaton est connu pour son expérience sur les films d’action. Sa réputation veut qu’il soit exigeant en la matière. Comment décririez-vous votre travail à ses côtés ?

Il faut être préparé, car tout se passe très vite, à un rythme très soutenu. Il a dû faire les deux premiers épisodes, ceux qui donnent le ton de la série. C’est un exercice assez difficile, nous devions donc tous être réactifs. Il a une vision très précise de ce qu’il veut. Et c’est un homme qui ne parle pas beaucoup ; il va droit au but. En studio, c’est facile de tout contrôler et connaître l’angle précis de chaque prise. Mais à l’extérieur, il y a une grande place à l’imprévisible. Par exemple, quand il y avait trop de bruit, il fallait attendre et reprendre dès que l’environnement était plus calme. Je n’avais jamais fait ça en de telles conditions : nous avons vraiment travaillé avec la ville. Brooklyn est un personnage à part entière et ça exige une certaine expérience et un tempérament en tant que réalisateur.

Est-ce facile de réaliser un marathon promotionnel comme vous le faites, votre départ de la série Grey’s anatomy étant un sujet inévitable…

C’est naturel de susciter une telle curiosité. J’ai fait partie d’une série connue dans le monde entier et que les gens adorent. J’ai parfaitement conscience qu’on m’en parlera longtemps et ça ne me pose pas de problème. Cette série m’a donné une telle visibilité... J’en serai à jamais reconnaissante. Je suis dans cette industrie depuis l’âge de 13 ans et j’ai participé à tant de pilotes ou de projets qui sont passés totalement inaperçus. Grey’s anatomy a été la première fois où j’ai pu avoir un vrai rôle sur une série qui a eu plus de 13 épisodes. Après ma 13e apparition, j’ai d’ailleurs ouvert une bouteille de champagne ! [Rires.]

Partie 2 > Retour sur Grey’s anatomy et That 80’s show


Une part de vous regrette-t-elle ce départ ?

En toute honnêteté, non. C’était une décision personnelle par rapport à ma vie de famille. Ça représentait vraiment beaucoup de travail. Grey’s anatomy est réputée pour être difficile, et je ne parle pas des relations en coulisse, même si, comme chacun sait, il y a eu des problèmes. Mais je suis arrivée après la tempête… En revanche, ça représentait un vrai investissement. J’ai trois enfants, dont un malade. Je partais le matin avant qu’ils ne se réveillent et je revenais le soir quand ils étaient couchés. Et ce, plusieurs jours de suite. J’ai fait un burn-out…

Dès votre départ de Grey’s anatomy, vous avez quitté Los Angeles…

Dès que j’ai terminé le tournage, nous avons emménagé du côté de Nashville. Mon mari est aussi un musicien et il travaille avec des personnes sur place. Il faisait déjà de nombreux aller-retour. Nous voulions un autre environnement que Los Angeles pour nos enfants. J’ai moi-même grandi dans le Sud et c’est agréable aujourd’hui d’avoir à nouveau un vaste terrain et un vrai jardin. J’ai accepté Taxi Brooklyn car l’engagement était moins important, avec juste 12 épisodes. Nous avions donc la possibilité de rentrer à la maison.

Votre nouvelle coupe de cheveux était-elle justifiée pour le tournage de la série ?

C’était avant tout pour moi, dans ma démarche de tourner la page et d’aborder un nouveau chapitre. J’ai changé de coupe et j’ai ressenti une vraie liberté… Je ne saurais pas vraiment l’expliquer. Les femmes s’identifient avant tout à l’image qu’elles renvoient. En coupant mes cheveux, j’ai aussi coupé une partie de ma vie. J’ai adoré le résultat et la sensation procurée. J’ai pu aller de l’avant.

Vous avez fait partie intégrante de That 80’s show, la suite de That 70’ show. Que retenez-vous de cette expérience ?

Je crois que c’est l’une des meilleures de ma carrière. Être dans une sitcom, c’est le rêve pour un acteur à Los Angeles. Les heures sont allégées et quand vous jouez en direct devant un public, c’est une expérience qui vous rapproche de celle du théâtre, même si je n’en ai jamais fait. Mais ressentir cette énergie et travailler dans le registre de la comédie… C’était vraiment agréable. En plus, physiquement, j’abordais un look très différent avec une crête et des faux piercings. Ça donne l’impression d’être une tout autre personne.

« Je ne regrette pas d’avoir quitté Grey’s anatomy »

Vous avez également été l’une des têtes d’affiche de la série Reunion. Un projet ambitieux en soi…

… qui a été malmené. Pour notre deuxième semaine de diffusion, il y avait un match de baseball qui a pris finalement notre créneau. Puis, le président Bush avait fait un discours la semaine suivante. C’était une série qui exigeait d’être suivie sans interruption et notre programmation était chaotique. C’était pourtant une bonne série. Quelle honte… Tourner dans Reunion m’a fait mûrir parce que j’ai compris un peu mieux qui j’étais grâce à elle. Cette série m’a également montré ce dont j’étais capable en tant qu’actrice, plus que n’importe quelle autre expérience dans ma carrière. J’étais très fière du résultat et ce que vous nous avions tous accompli.

Restez-vous en contact avec certains de vos anciens partenaires à l’écran ?

C’est très difficile. Nous sommes des bohémiens d’une certaine façon. Nous travaillons sur un projet, nous nous lions d’amitié. Quand ce projet s’arrête, nous enchaînons avec un autre et une nouvelle distribution. Et ce, en permanence. Ce n’est pas que je n’aime pas les gens avec qui j’ai pu collaborer, mais tout change. Eux-mêmes passent à autre chose. Vous ne vous voyez jamais et chacun a sa vie de famille. J’avoue, en plus, que je n’aime pas vraiment décrocher mon téléphone. Je crois que je ne suis pas une très bonne amie… [Rires.]