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Cinquième anniversaire à succès pour la TNT

Emilie Lopez
Publié le 29/03/2010 à 12:47

A l’heure de fêter ses cinq ans, la TNT est entrée dans les mœurs des téléspectateurs français comme une évidence. Pourtant, à l’époque de son lancement, les sceptiques étaient nombreux, à commencer par TF1. Le groupe, frileux, n’a pas souhaité se lancer entièrement dans l’aventure, se contentant d’une présence dans le groupe de départ par le biais de TMC, qu’elle possédait en partie, et LCI. Une absence de prise de risque qui avait laissé un arrière-goût de regret, du côté de l’immense tour de Boulogne-Billancourt.

En effet, la montée en puissance de la TNT est difficilement contestable, grappillant, au fil du temps, un peu du gâteau que représente l’audience française. En un an, l’ensemble des chaînes a ainsi gagné plus de 4 points, grimpant à plus de 15% de part de marché à la fin 2009. Mieux, en février 2010, elles culminaient à 17.8%. De leur côté, pour 2009, les chaînes hertziennes chutaient d’autant, tombant à 72.1% (contre 76.3% un an plus tôt). A titre d’exemple, W9, la petite sœur de M6, a vu son public passer de 0.3% en 2005 à 2.5% fin 2009, se félicite Frédéric de Vincelles, rappelant que « de septembre 2009 à février 2010, la chaîne a passé plus de 72 fois le cap du million de téléspectateurs ». Une tendance qu’il entend bien confirmer, via l’arrivée de nouveaux programmes, tels que Vies croisées ou Personnes extraordinaires, couplée avec des célébrations pour ces 5 ans promptes à amuser plus d’un téléspectateur.

Ainsi, la chaîne de la TNT a eu l’idée de proposer de découvrir ses animateurs phares...à l’âge de 5 ans ! Les fidèles découvriront ainsi Stéphane Rotenberg, à la tête de Fast Club, aux commandes d’une voiture à pédales, François Pécheux, qui détient, en parallèle de son rôle sur W9, une société de production, s’amusant avec une caméra, ou encore Vincent Desagnat et Benjamin Morgane, les trublions de Menu W9, se battant à la manière de ninjas ! Le tout, accompagné de spéciales de Azap, présenté par Camille Combal.

Et si la petite sœur de M6 a de quoi faire la fête, c’est également le cas de TMC, avec laquelle elle partage régulièrement le fauteuil du leadership de la TNT, voire même, parfois, la cinquième place des audiences toutes chaînes confondues. Jouissant du catalogue de TF1, ainsi que de magazines ayant su s’imposer, tels que 90’ enquêtes, la chaîne, qui appartient désormais totalement à la Une, a totalisé 2.6% de part de marché en 2009, dépassant sa principale concurrente, et glanant 0.5 point d’augmentation en une année. Généraliste préférée des Français, elle connait néanmoins une concurrence qui grandit, avec NT1, France 4 et NRJ 12. Proclamées « mini-généralistes », ces trois chaînes ont, elles aussi, connu une augmentation de leur audience, respectivement de 0.4% (passant à 1.4%), 0.2% (1.1%) et 0.5% (1.5%). Même constat pour Gulli, chaîne jeunesse de référence, qui passe en un an de 1.5% à 1.8% de part de marché.


De son côté, le groupe Bolloré a trouvé une stratégie : plutôt que de subir la concurrence, autant se l’offrir ! Ainsi, Direct 8 est désormais « sœur » avec Virgin 17, rachetée à Lagardère pour la modique somme de 70 millions d’euros. De quoi permettre au groupe d’assoir durablement sa présence dans le paysage audiovisuel français, et tenter de faire un peu d’ombre à ses rivaux, les groupes TF1 et M6. Et si Virgin 17 a cumulé quelques 10 millions de pertes en 2009 (et 30 millions depuis son lancement), cet investissement ne fait pas peur à Bolloré Média, qui n’a jamais caché sa préférence : avoir plusieurs petites chaînes potentiellement rentables, qu’une hertzienne qui aurait nécessité beaucoup plus d’investissements financiers.

Surtout, ce rachat permet une recentralisation au niveau des cibles recherchées : Direct 8, qui a vu son audience doubler en un an, sera désormais dédiée à la fameuse ménagère de moins de 50 ans, tandis que Virgin 17, chaîne ayant le moins progressé, conservera son public jeune, et se verra offrir un second souffle. Avec, comme espoir, de se détacher du peloton de fin, qui compte les chaînes d’information, beaucoup plus pointues et donc, en toute logique, jouissant de chiffres d’audiences beaucoup moins importants. Pourtant, à l’instar de leurs concurrentes, i>Télé, BFM TV et Public Sénat ont, elles aussi, progressé, confirmant le bilan positif unanime de la TNT.

Un constat qui n’a échappé à personne, et promet de nouveaux chamboulements dans le paysage audiovisuel français. Ainsi, outre le groupe Bolloré, TF1, enfin, se jette de plain-pied dans la bataille, en rachetant NT1 et les parts manquantes de TMC, afin de vraiment s’implanter. Reste à savoir si M6 prendra, elle aussi, de nouveaux risques, à l’heure où le tout numérique est amorcé, et où de nouveaux territoires sont à pourchasser, la TNT s’implantant, fin 2010, notamment, en Nouvelle-Calédonie...