Toutelatele

Claude Sarraute

Joseph Agostini
Publié le 26/05/2003 à 00:02 Mis à jour le 14/03/2010 à 16:20

La « Mamie du Paf » signe un roman doux dingue chez Plon, Dis voir, Maminette.... Elle reste aussi l’une des chroniqueuses attitrées des émissions de Laurent Ruquier, à la radio et à la télévision. Claude Sarraute m’a reçu chez elle, m’a tutoyé, m’a appelé « mon chat » et m’a révélé quelques unes de ses savoureuses anecdotes sur la vie, les livres, la télé... Entretien.

Joseph Agostini : Votre personnage médiatique de « mamie », à la fois solaire et cinglante, correspond-il vraiment à ce que vous êtes sans micros ni caméras ?

Claude Sarraute : Je suis dans la vie comme à l’antenne. Je reste spontanée, naturelle... C’est ma vraie personnalité ! Je suis gaffeuse, rigolote, sensible ! Demande à mon mari et à mes enfants ! Je n’ai pas le sentiment de jouer un rôle dans la bande à Ruquier. On m’appelle « Mamie » car je suis la seule femme de mon âge à être encore à l’antenne. Dans l’équipe de Laurent, je sais que je représente une partie de la population, comme Gérard Miller et Stéphane Pocrin, par exemple. Ce n’est pas pour autant que je force les traits !

Mi-intello, mi-saltimbanque, femme de lettres et figure des Grosses Têtes, on a du mal à vous définir. Dans votre livre, votre personnage dit n’avoir jamais cessé d’être une « pute ». N’avez-vous pas l’impression de vous putaniser en acceptant certaines propositions ?

Absolument pas. Je revendique cette variété dans mes choix et dans mes goûts. J’écris des romans et je tiens une rubrique dans « Psychologies ». Et alors ? Ma mère, Nathalie (Nathalie Sarraute, la mère de Claude, est l’une des grandes plumes du Nouveau Roman, l’un des courants littéraires majeurs du XXe siècle), est dans la lignée de Proust ! Moi, mes livres ne sont que des divertissements si on les compare à ses chefs d’oeuvre ! Et puis tu sais, mon chat, après quarante ans au « Monde », j’ai le droit de m’amuser à la radio et à la télévision !

Comment jugez-vous Steevy, qui ne jure que par la télévision et incarne une génération qui ignore vos activités littéraires ?

Steevy n’a que vingt-deux ans. Il est de cette « génération télé » qui n’est pas lectrice du « Monde ». Tant pis ! Au moins, la télévision me permet de toucher un autre public. Mais je ne suis pas naïve : beaucoup de ceux qui regardent l’émission ne me connaîtront qu’à travers elle, ne liront aucun de mes livres et ne sauront jamais que Plantu et moi avons longtemps fait les beaux jours du « Monde ».

Dans « Dis voir, Maminette... », vous donnez libre cours à vos fantaisies et criez au scandale en dénonçant l’« âgisme » ambiant. « Envoyer péter » est une expression qui revient très réguliérement au fil du livre. Vous a t-on souvent envoyée péter tout au long de votre carrière ?

Souvent, mon chaton ! Mais j’estime avoir toujours gagné ce que j’ai obtenu. J’ai énormément travaillé dans ma vie, tout en élevant mes trois enfants. Lorsque je travaillais au Monde, mes journées commençaient à 5h et s’achevaient à minuit. Je crois que ma force vient aussi du fait que je me suis toujours mieux entendu avec les vendeuses et les secrétaires qu’avec l’élite ! J’adore sortir avec l’une des maquilleuses d’« On a tout essayé », qui est devenue une grande amie !

La présentation d’une émission, cela ne vous a jamais tentée ?

Ce n’est pas mon métier ! Je ne m’en sens absolument pas capable. Je connais mal la télévision. Avec l’équipe, on enregistre au Moulin rouge et basta ! Mes expériences précédentes, sur Canal + ou aux côtés de Jacques Martin, ont été dans le même registre d’humour et d’humeur, en tant que chroniqueuse. Pour te dire vrai, je n’ai jamais été tentée par la présentation.

Avec la bande d’On a tout essayé sur France 2 et d’On va s’géner sur Europe 1, l’aventure se prolonge même au théâtre. Vous êtes à l’affiche de « La presse est unanime », une pièce écrite par Ruquier. Concrétise-t-elle vos rêves de comédienne ?

Mon chéri, n’exagère pas ! Je joue une chroniqueuse du Monde en alternance avec Annie Lemoine pendant les cinq dernières minutes de la pièce. Je n’ai jamais dit non à une proposition et ai accepté au pied levé. Ce sont des moments formidables ! Et puis, quand j’avais ton âge, je voulais devenir comédienne. J’ai joué des pièces d’avant-garde dans des petits théâtres parisiens, avant de démarrer dans le journalisme.

Êtes-vous si proche de Laurent Ruquier qu’on le dit ?

Je suis plus proche de Laurent que de mes propres fils. C’est un être à part, avec un immense talent d’humoriste. Sans lui, la bande ne se serait jamais formée. Il a l’art de créer une atmosphère d’équipe. Tout jeune, il louait un autobus pour emmener ses amis à la campagne.

Comment jugez-vous ses récentes confidences sur son homosexualité dans la presse ?

Laurent est amoureux et je m’en réjouis ! Son copain est grand, beau, intelligent, sportif... et amoureux lui aussi ! Je ne leur souhaite que du bonheur.