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Clémentine Tugendhat (Novelas TV) : « Il existe un fort intérêt pour les telenovelas en France »

Joshua Daguenet
Par
Rédacteur TV & Séries
Publié le 12/09/2019 à 16:39 Mis à jour le 12/09/2019 à 16:41

Directrice des chaînes thématiques internes de Canal+ International, Clémentine Tugendhat ne souhaite pas freiner les ambitions de sa chaîne qui parvient à se stabiliser après des années de forte progression. Pour Toutelatele, la dirigeante a décrypté le succès du genre en France tout en justifiant l’échec de La vengeance de Veronica sur TF1.

Joshua Daguenet : Au cours de l’année 2018, Novelas TV a multiplié son audience parmi les ménagères avec enfants. Qu’en est-il de cette dynamique depuis 2019 ?

Clémentine Tugendhat : La dynamique se maintient, nous sommes stables par rapport au dernier média mathématique*. Nous sommes très contents, cela montre qu’il existe un fort intérêt pour les telenovelas en France.

Quels sont les objectifs pour l’année 2020 ?

À minima, il s’agit de se maintenir. Nous aimerions étendre la diffusion de Novelas TV, car aujourd’hui la chaîne n’est disponible que sur les bouquets Canal+. Nous souhaiterions qu’avec son succès, elle soit reprise par d’autres opérateurs.

Est-il envisageable de voir la chaîne sur un troisième continent après l’Europe et l’Afrique ?

La chaîne est diffusée, je le rappelle, dans les DROM, [Départements ou Régions français d’Outre-Mer, ndlr] les Caraïbes, dans l’Océan Indien et aussi en Nouvelle-Calédonie. La chaîne est en français donc nous n’avons pas d’intérêt à nous implanter dans un territoire non francophone. Nous en avons fait le tour. Il reste éventuellement le Québec, mais à l’échelle du Canada, c’est un petit marché.

Depuis son lancement, la chaîne mise sur quatre telenovelas en simultané pour remplir en intégralité sa grille. Ce rythme pourrait-il être modifié ?

Non, pour l’instant on reste comme ça. Nous pensons que ce rythme convient à nos téléspectateurs. Si vous êtes intéressé par les quatre séries, vous avez la possibilité de regarder les quatre épisodes frais dans la journée ou bien de les rattraper le week-end. Si nous passions à six, sept… cela deviendrait compliqué de tout suivre, du coup, vous rateriez une telenovela que vous auriez aimé voir. Pour cette raison, le rythme de quatre séries me semble idéal.

Quelles sont les nouveautés attendues ces prochains mois ?

La prochaine nouveauté, ce sera le 5 novembre avec une telenovela turque : Au cœur de la ville. Nous sommes très contents, car vous pourrez retrouver le personnage Yi ?it qui jouait dans Une question d’honneur, la première série diffusée sur Novelas TV. Beaucoup de téléspectatrices aimaient Yi ?it.

Pour les non-initiés, qui sont les grosses stars de telenovelas à qui le public s’identifie ?

Il y a beaucoup, beaucoup de stars. Il faut distinguer les telenovelas turques et sud-américaines. Tout le monde connait Beren Saat qui jouait Fatmagül. Ou sinon Aracely Arámbula, et évidemment, les actrices nommées pour les Soap Awards : Marjorie de Sousa et Litzy de la série De l’autre côté du mur.

« Demain nous appartient est un genre de telenovela »

La vengeance de Veronica ne s’est pas imposée sur TF1. Cela montre-t-il les limites du genre auprès du grand public ?

Pas du tout. Je pense que TF1 a commis une erreur de choix. La vengeance de Veronica est une telenovela portugaise qui est un cran en dessous de ce que nous proposons à Novelas TV. Je connais très bien les gens de TF1 et je me suis permis de le leur dire. Personnellement, je n’aurais pas choisi cette telenovela pour une diffusion sur cette chaîne. De mon côté, j’aurais proposé une production turque ou sinon une fiction du côté des grands studios comme Telemundo pour une telenovela sud-américaine. Malgré tout, La vengeance de Veronica fonctionne en digital.

Ce registre est parfois moqué pour le côté « surjoué » de certaines scènes. Une évolution de fond est-elle nécessaire à ce niveau ?

Je pense que pour TF1, c’est un problème de choix éditorial, donc non. Demain nous appartient, qui fonctionne très bien, est du même genre. C’est un soap avec des menaces, de l’amour, du « je t’aime, moi non plus ». Le terme telenovela est peut-être galvaudé, mais je ne suis pas sûr que les téléspectateurs aient refusé de regarder La vengeance de Veronica parce que c’est une telenovela.

À quand une telenovela française produite par Canal+ ?

Ce n’est pas notre créneau. De notre côté, nous misons sur des productions étrangères. Nous nous sommes déjà ouverts à la nationalité turque, avons déjà diffusé du Portugais et nous pourrions nous ouvrir par exemple au Coréen, mais je ne suis pas sur que cela marche sur notre public francophone.

Fatmagül et De l’autre côté du mur sont nommées pour le Soap Award de la meilleure série internationale. Pourquoi ces deux univers sont-ils aussi populaires ?

Fatmagül a été distribuée dans plus de 150 pays et dans chacun d’eux, elle a connu un gros succès d’audience. Cette série a fait beaucoup de bruit en Turquie avec des thèmes comme le viol, le mariage sacré. Aussi, Beren Saat est une actrice exceptionnelle. Son personnage est très fort. Souvent dans les telenovelas, le héros est une héroïne. Idem pour De l’autre côté du mur. Dans ce cas, les problématiques sont très actuelles avec le mur séparant les États-Unis et le Mexique. L’intrigue principale reste centrée autour de l’amour, mêlée à l’actualité du moment. C’est un atout.

* Novelas TV affiche des parts d’audience supe ?rieures a ? celles de l’anne ?e dernie ?re avec une progression de +0,2 point par rapport a ? la me ?me vague l’an passe ? sur les femmes responsables des achats. Auprès des 15-34 ans, la chaîne gagne un demi-point et demeure leader des chai ?nes the ?matiques proposées dans l’univers abonnés de Canal+. En prime-time (lundi-vendredi, 16h00-19h00), Noelas TV multiplie par pre ?s de 2,2 sa part de marché sur la période janvier-juin 2018 sur les 15-34 ans ; et enregistre une hausse de 1.1 point sur les femmes responsables des achats.