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Coupe du monde de Rugby 2007 > Franck Mesnel

Antoine Morin
Publié le 07/09/2007 à 11:40 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Ancien ouvreur international, avec trois Coupes du monde à son actif, Franck Mesnel fait partie des « Ambassadeurs » d’ESPN Classic pour la Coupe du monde. Consultant de France Télévisions depuis deux ans, il livre pour Toutelatele.com, ses impressions sur l’évolution médiatique du rugby...

Antoine Morin : Pendant cette Coupe du monde de rugby, vous serez « ambassadeur » pour ESPN Classic, quel sera votre rôle à ce titre ?

Franck Mesnel : Mon rôle, comme celui des autres « ambassadeurs », sera surtout de parler d’histoire. Nous sommes là pour raconter ce que nous avons vécu au travers des précédentes Coupes du monde, et par là d’expliquer un peu l’évolution du jeu. En ce qui me concerne, j’ai vécu les Coupes du monde de 87, 91 et 95, avec lors de cette dernière, le véritable passage de l’amateurisme vers le professionnalisme. Nous servons de trait d’union entre le rugby ancien et celui d’aujourd’hui.

Antoine Morin : Quelles évolutions avez-vous observées d’un point de vue médiatique entre les premières éditions, et la Coupe du monde 2007 qui va s’ouvrir ?

Franck Mesnel : Aujourd’hui, le rugby est tendance, il est utilisé dans beaucoup de campagnes de communication. Lors de la première édition, peu de gens croyaient en la réussite de l’événement. C’est désormais une véritable entreprise marketing et logistique. Cette Coupe du monde est estimée en terme d’impact, à un quart de celle de 1998 en football, et c’est déjà bien pour notre sport, qui est moins pratiqué il faut le rappeler que le football. Après au niveau des journalistes et des médias, c’est évident que nous étions moins sollicités lors des premières Coupe du monde, mais il y avait moins de support également. Le rugby était un sport de spécialiste et nous n’avions que des journalistes spécialisés. Aujourd’hui, le rugby est un peu plus mondain, les gens s’intéressent à ce qu’il y a autour du simple rectangle vert.

Antoine Morin : On observe une starisation de Sébastien Chabal, comme pour Frédéric Michalak en 2003, mais rares sont les joueurs de rugby à avoir une aura médiatique dépassant le rugby, comment l’expliquez vous ?

Franck Mesnel : La notion de collectif et de groupe est la valeur la plus importante du rugby. Un joueur ne peut rien faire tout seul. On peut le mettre sous le feu des projecteurs, mais il sera jugé par ses coéquipiers sur son comportement dans l’équipe. S’il ne respecte pas les mecs qui lui permettent de briller, ça ne passera pas. Et le petit rondouillard aux oreilles décollées, qui se met le nez dans le gazon pour lui transmettre les ballons, ne le fera plus. Il y a un arbitrage qui se fait de l’intérieur.

Antoine Morin : Pensez vous que la compétition sera suivie par les Français même si le XV de France se fait sortir prématurément ?

Franck Mesnel : J’aurai envie de dire oui, car il y a plusieurs équipes intéressantes à découvrir, comme les Samoans, les Fidjiens, et puis bien sûr, ceux dont on parle depuis novembre, les All Blacks qui, par leur seule présence, assurent le suivi de la compétition. Ensuite, il est évident qu’en bons latins que nous sommes, une élimination des Bleus pourrait entraîner une baisse d’engouement.


Antoine Morin : Que pensez vous de l’exposition télévisuelle de cette Coupe du monde, avec TF1 qui n’est pas une chaîne spécialiste en matière de rugby ?

Franck Mesnel : Si ma mémoire est bonne, TF1 était présent lors des Coupe du monde de 1991 et 1999, donc ils ont de l’expérience en la matière. Ils ont recruté des spécialistes, notamment des équipes de production et de réalisation qui ne sont pas forcément rattachées à TF1. Ces « mercenaires » - dans le bon sens du terme - ont un savoir faire et sont une garantie. Ils se sont aussi entourés de consultants chevronnés ayant l’expérience. Thierry Lacroix et Fabrice Landreau ont déjà commentés (pour France Télévisons, ndlr), Serge Simon et Vincent Moscato sont eux des hommes de radios. Je ne suis pas inquiet pour la couverture de l’événement, ils sauront très bien y faire.

Antoine Morin : Vous-même êtes consultant pour France Télévisions. Vos anciens partenaires - Eric Champ et Aubin Hueber (consultants pour TF1 pendant le Mondial) - vous ont-ils appelés pour prendre des conseils ?

Franck Mesnel : Non, ils ne m’ont pas appelé, et ils n’en ont pas besoin. Cela fait un an maintenant qu’ils s’entraînent en tribune, et ils ont leur propre culture et leur propre manière de décrire les choses. Chacun doit trouver son style. De plus, je me sens encore trop novice pour me permettre de donner des conseils à qui que ce soit

Antoine Morin : En plus des matchs, TF1 proposera une émission d’analyse, avec les consultants comme Simon et Moscato, qui sera diffusée en troisième partie de soirée. Ne pensez-vous pas que cela aurait mérité une meilleure exposition ?

Franck Mesnel : C’est sûrement lié à des contraintes d’audience et à des priorités. Ce sera sans doute plus une émission destinée aux aficionados et aux spécialistes. Car c’est évident qu’à ces horaires là, seuls les inconditionnels regarderont. Le seul point regrettable, c’est qu’avec des consultants comme Serge Simon et Vincent Moscato, cette émission pourrait servir à banaliser un jeu qui reste complexe avec des règles importantes à rappeler. De ce point de vue là, c’est dommage, car l’esprit de cette Coupe du monde est de démocratiser ce jeu.

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