Toutelatele

Dans les coulisses de A chaque région son match

Aude Soufi
Publié le 25/10/2006 à 13:29 Mis à jour le 11/01/2007 à 23:34

19h00 à France Télévisions. Les bâtiments de l’esplanade Henri de France se vident peu à peu. Pourtant, une petite partie de l’immeuble, au deuxième étage, ressemble davantage à une fourmilière qu’à des bureaux déserts. Toute l’équipe du service des sports de France 3 est sur le pied de guerre pour préparer la soirée football de la chaîne. Huit matchs diffusés en direct et en simultané sur les antennes régionales et nationales dans le cadre de A chaque région son match suivi d’un magazine Tous les buts, retraçant les meilleurs moments de chacune des rencontres. « Un dispositif exceptionnel » selon l’expression de Laurent Luyat, chef d’orchestre de la soirée. Au maquillage puis sur le plateau, il revoit ses notes. Chemise rose à carreaux et large sourire, il semble détendu. Il faut dire qu’après sept ans au service des sports de France Télévisions, ce n’est ni son premier magazine ni son premier direct.

Première intervention de la soirée, dans le 19/20. « On passera derrière un sujet Mozambique » lance-t-on en régie. Jusqu’à la dernière minute, Laurent Luyat plaisante avec les techniciens présents sur le plateau. Dans son studio, trois étages plus bas, Audrey Pulvar introduit le programme du soir. Dans le couloir, la lumière rouge s’est allumée : derrière la porte du studio F, Laurent Luyat présente la soirée aux téléspectateurs. Après quelques minutes de pause, il renouvelle sa prestation dans Tout le sport. L’occasion d’échanger quelques boutades avec Henri Sannier, qui, bien que souffrant, assure de mains de maître l’émission dont il est rédacteur en chef. Laurent Luyat explique à nouveau le concept de l’émission : huit matchs à suivre selon sa région : « Ainsi, si vous êtes en Aquitaine, vous pourrez suivre le match Rennes/Libournes, en Rhône-Alpes et Auvergne, vous suivrez la rencontre Sète/Saint-Etienne, et ainsi de suite ... ». Sur l’antenne nationale, c’est le match opposant le Paris Saint-Germain à Lorient qui sera retransmis. Tout le sport s’achève. Sur son plateau, Laurent Luyat dispose de quelques minutes avant le lancement des rencontres.

Le plateau a été conçu spécialement pour l’occasion. Blanc, surplombé de lampes en forme de boules et parsemé d’écrans à droite et à gauche, il offre à Laurent Luyat, seul au centre avec sa chaise et sa table de plexiglas, un cadre sobre et élégant. Deux collaborateurs du service des sports passant dans le couloir le font d’ailleurs remarquer : « Le plateau est chic » argue le premier « Ouais. Le problème c’est le mec qu’il y a sur la chaise » répond le deuxième, en lançant un sourire à Laurent Luyat. Celui-ci leur renvoie un regard amusé mais déjà, l’heure est à la concentration.


20h45. Le moment tant attendu commence à se préciser. L’heure de l’émission approche et avec elle, la pression se fait de plus en plus forte. Laurent Luyat, lui, semble toujours relativement serein. Mais c’est en régie que l’on s’agite. Dans cette grande salle sombre, près d’une quarantaine d’écrans recouvrent le mur principal sur lequel les images défilent plus vite que l‘œil n’est capable de toutes les capter. A chaque match son écran et inversement : sous chacun d’eux, une étiquette rappelle quelles sont les deux équipes qui s’affrontent. Les techniciens s’affairent sous l’œil attentif des dirigeants du service des sports de France 3, du service de la programmation et de responsables de la Ligue de football.

C’est l’heure ! Tout le monde est à son poste. Générique de début. Après une courte introduction de Laurent Luyat, les coups d’envoi des matchs sont donnés et celui-ci peut regagner son bureau. Maquillage, oreillettes et micros, il garde tout sur lui. Dérangé son bureau ? Disons plutôt en désordre organisé. Des photos de Zidane sur un mur, une affiche de Belmondo sur un autre, une coupe sur une étagère et un maillot de foot à son nom sur un cintre : la déco est... personnelle. Cassettes vidéos, dossiers de presse et feuilles de papiers en vrac n’empêchent apparemment pas Laurent Luyat de travailler. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est polyvalent.

Dans son bureau, la télévision est allumée sur le match Paris/Lorient. Stylo en main, il prend des notes tout en consultant les résultats des autres rencontres sur internet. Les buts se multiplient dans les différents stades, à sa grande satisfaction. Attentif à toutes les évolutions des matchs, il prend le temps de discuter avec son attaché de presse, lance une blague à un de ses collègues et répond à celles du photographe. La mi-temps approche et avec elle, la pression se fait plus présente. Laurent Luyat quitte son bureau. Avant de retourner sur le plateau, il va « charrier un de ses amis parce qu’il supporte Montpellier ». Puis le présentateur multiplie les aller-retours entre le studio et les différentes régies.


Près de la loge de maquillage, dans deux petites salles, les monteurs se serrent. Quels buts vont-ils montrer ? Où arrêter la séquence ? C’est l’effervescence dans le studio de montage. Les doigts des techniciens frôlent à peine les boutons et molettes des tables de mixage pour caler les images au dixième de seconde près. « Ca va être à l’antenne dans une minute trente » annonce-t-on en régie. « C’est bon, on sera prêts » répondent-ils. Après avoir mis au point les derniers détails, Laurent Luyat investit de nouveau le studio.

Pendant la mi-temps, il récapitule les moments forts des premières périodes de chaque match, images à l’appui. Puis, la deuxième période commence, avec son lot de buts et de surprises. Le match PSG/Lorient se soldant par un match nul, France 3 doit diffuser les prolongations. Laurent Luyat doit donc aménager son magazine. Résumés des matchs, extraits et commentaires, il fait le bilan de la soirée, qui n’est pas encore terminée.

Cigare à la main, l’air un peu soucieux, Daniel Bilalian, directeur du service des sports de France Télévisions, veille. Présent depuis le début de l’émission, il suit toutes les étapes depuis la régie. Entre deux interventions, il entre dans le studio pour glisser quelques mots à l’oreille du journaliste : « On a mis pas mal de résumé, j’aimerais qu’on mette du direct ». Puis il retourne en régie afin de s’assurer du bon déroulement des choses. Et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. Malgré la chaleur sur le plateau, Laurent Luyat achève son magazine sans encombre et le générique de fin est lancé.

Comme une bulle percée, toute la pression retombe, d’un seul coup. La lanterne rouge du couloir s’éteint et Laurent Luyat sort du studio. « C’est bien » lui glisse Daniel Bilalian en lui tapant sur l’épaule. Huit rencontres, plus d’une vingtaine de buts et une émission en direct. Laurent Luyat et l’équipe des Sports de France Télévisions ont, une nouvelle fois, pleinement réussi leur mission...

Lire l’interview de Laurent Luyat