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Dans les coulisses de RFO Polynésie

Joseph Agostini
Publié le 08/02/2007 à 00:47 Mis à jour le 27/05/2022 à 00:41

Sur les hauteurs de Papeete, dans des bureaux inaugurés en 1997 par Jean-Marie Cavada, alors Président de Radio France, RFO Polynésie domine Tahiti. RFO, c’est 17 télés, 10 radios et 65% de l’audience cathodique en Polynésie française ! Quand on sait qu’en métropole, TF1 ne domine plus le marché qu’avec 30% des téléspectateurs présents devant leur écran en moyenne, cela paraît gigantesque ! C’est dire la popularité des présentateurs dans la région et l’extrême responsabilité du rédacteur en chef de l’édition du soir, Stéphane Bijou : « Sur les tranches d’information, nous touchons neuf téléspectateurs sur dix » prévient celui-ci. La concurrence, à savoir la chaîne publique TNTV et le satellite, fait piètre figure à côté...

Il est dix-neuf heures à Tahiti. La rédaction, comme toutes les rédactions du monde au moment fatidique de la prise d’antenne, devient fébrile et plus attentive. En régie finale, Stéphane Bijou nous présente ses journalistes vedettes, James Heaux et Sophie Gastrin. Le premier est en charge de l’édition tahitienne, la deuxième lui succède et fait le journal en français : « Nous misons beaucoup sur le bilinguisme. C’est indispensable pour fédérer une si grosse audience à Tahiti mais cela représente une double charge de travail ! » poursuit Stéphane Bijoux. Il tient à l’expression « Télé miroir » en proposant des rubriques reflets des préoccupations de « ses » téléspectateurs, de la chronique sportive quotidienne au focus culturel. « On ne veut pas faire Télé Cocotier ! » prévient-il. A ceux qui croiraient que la télé polynésienne ne se soucie que des événements de sa zone, le directeur de l’antenne Xavier Lambert met les points sur les i : « Nous préparons, par exemple, une émission mensuelle sur les enjeux de la campagne présidentielle avec un système de sondage politique commandé par Louis Harris. Le but est de faire connaître le regard océanien sur les candidats ».

Mais le positionnement de RFO se situe aussi à un autre niveau... Dans une région où la moitié des téléspectateurs a moins de 26 ans, il s’agit de choisir des référents aussi jeunes que possible. Ainsi, James Heaux n’a que... 22 ans, tout fraîchement sorti de son université de langues : « Il est venu nous voir et on l’a tout de suite retenu ! Il faut dire qu’il maîtrise le tahitien à la perfection et que les téléspectateurs d’ici, s’ils ne parlent pas leur langue, adorent l’entendre ! C’est notre PPDA à nous ! »

Le matériel dont jouit RFO Polynésie est le même que celui de France 24. Il est à la pointe de la nouvelle technologie, avec une caméra numérique qui permet une diffusion en connexion directe avec la table de montage, ce qui représente un gain de temps extraordinaire. « L’image va tout de suite à Paris et redescend quatre secondes plus tard, via le satellite » explique Stéphane Bijoux, pendant que Sophie Gastrin arrive à l’antenne en direct.

La présentatrice prend le relais de James Heaux dans la langue de Voltaire. « Nous ne pouvons pas faire Télé Cocotier ! » répète le rédacteur en chef, qui se moque allègrement du mauvais goût de la pâle concurrence. « Ils ont installé un aquarium derrière le présentateur. Sans doute pour que les gens regardent les poissons pendant les infos » ironise-t-il. En plus d’être la chaîne de l’aquarium, la très publique TNTV est discréditée, fortement soupçonnée d’être au service du Président du gouvernement, Gaston Flosse. Récemment, l’ancien chargé de communication de ce dernier a ni plus ni moins été promu rédacteur en chef... Bref, RFO n’a pas encore fini de régner sur les antennes du Pacifique.