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De Permis de reconstruire à Tous ensemble, TF1 joue la carte de la solidarité

Aurélie Demarcy
Publié le 27/12/2010 à 22:27

Si D&CO et sa maîtresse de chantier, la truculente Valérie Damidot, ont ouvert la brèche du coaching d’intérieur sur les écrans de l’Hexagone, le tube cathodique, dont le cheval de bataille est d’aller chaque fois un peu plus dans la surenchère, ne se cantonne plus à effectuer un rafraîchissement de peinture ou de bibelots chez le quidam, mais s’engage à raser les murs de sa demeure insalubre pour laisser place à un nouveau cocon flambant neuf. Le concept déjà éprouvé outre Atlantique, via Les maçons du cœur, puis creuser en France par D&CO : une semaine pour tout changer, débarquera dès le 28 décembre sur TF1 grâce au programme Permis de reconstruire.

Annoncée depuis plusieurs mois à coup de grand renfort médiatique, l’émission « événement » de la chaîne privée a pour vocation de porter secours à Monsieur et Madame tout le monde qui, victimes d’entrepreneurs ou de vendeurs peu scrupuleux, se retrouvent contraints de vivre dans des habitats déplorables. Directement adapté du format anglais Cowboy builders, diffusé sur Channel 5, Permis de reconstruire, emmené par Denis Brogniart et Véronique Mounier, se donne alors pour mission de « reconstruire entièrement » la maison concernée comme le précise Yann Arnoux, le producteur exécutif de l’émission.

Une fois les travaux terminés, place à la médiation cathodique. Le programme, composé de deux parties, part traquer les fameux entrepreneurs véreux. Pour ce second volet juridique, Christophe Moulin, rompu aux enquêtes juridiques grâce à l’émission Sans aucun doute, s’applique à retrouver l’entrepreneur en question afin de « le mettre face à ses responsabilités ». Ici, la démarche de conciliation relève d’un autre genre télévisuel bien ancré dans les grilles du PAF, et dont l’auteur n’est autre que Julien Courbet. Ce dernier, adepte, voire précurseur, des programmes de solidarité s’évertuent à user des différents médias afin de venir en aide au citoyen lambda.

Ainsi, ayant officié de nombreuses années avec Sans aucun doute, l’intéressé aux commandes de Ça peut vous arriver depuis une décennie sur RTL, continue de décliner la thématique au travers de différents programmes, à l’image du récent Tous ensemble. Installée depuis le samedi 3 octobre 2009 sur la grille de TF1, l’émission produite par « le Zorro du PAF » et emmenée par le journaliste Marc Emmanuel repose sur le principe de l’entre-aide, et forte de la solidarité de voisins ou proches, s’attèle à rénover des foyers délabrés. Mais si cet élan hebdomadaire de générosité parvient à séduire les téléspectateurs - le 11 décembre l’émission a réalisé son record d’audience de l’année avec 3 millions de Français, soit 21% du public présent devant son petit écran jusqu’à 18h45, dont 26% des femmes de moins de 50 ans - Tous ensemble, ne déroge pas à la règle côté polémiques et se voit parfois, montrer du doigt par des victimes (?) mécontentes.


Tel est le cas de Christopher Roche qui, sélectionné pour participer à Tous ensemble, avait fait part de ses déboires avec la production dans les colonnes du Parisien : « Une équipe d’une trentaine de personnes a débarqué sur le terrain pour effectuer des repérages », relatait le plaignant, mais alors que celui-ci attendait le verdict, l’un des experts se montrait formel : « La maison n’est pas assez bien stabilisée, il pourrait y avoir un risque pour les bénévoles. » Le chantier abandonné, Christopher est hors de lui : « Que la maison ne se fasse pas, ce n’est pas le plus grave. Ce qui est honteux, c’est la manière dont ils nous ont utilisés. On s’est retrouvés obligés de déballer notre vie alors que nous sommes plutôt discrets. » Des accusations aussitôt contrées par l’intervention de Julien Courbet : « Nous avons mandaté des artisans qui ont conclu qu’il fallait raser cette maison, car elle risquait à tout moment de s’écrouler (...) Le monsieur a été arnaqué par une entreprise. Je compte régler son problème dans le cadre de mon émission sur RTL. Seulement, jusqu’à présent, il n’a pas été en mesure de me remettre une seule facture, ni même numéro de téléphone. »

Oiseaux de mauvais augures ou véritables laissés pour compte ? Toujours est-il que, malgré ces conflits occasionnels, les programmes de solidarité fédèrent et tentent de renouveler le genre en apparaissant sous différentes formes comme celui d’Abus de confiance, présenté par Jean-Jacques Bourdin et toujours produit par Julien Courbet. Et si cet essai n’aura pas été concluant - le programme, faute d’audience, n’a pas été reconduit - reste que la solidarité s’impose comme une valeur sûre, au concept malléable. Il revient cependant, aux producteurs d’ajouter l’ingrédient qui fera la différence, et pour ce qui est de Permis de reconstruire, Yann Arnoux a tranché : « De nombreuses émissions de décoration, de construction ou de rénovation existent déjà sur d’autres chaînes du PAF. J’avais envie d’apporter une touche de bonne humeur à ce programme pour le différencier des autres. » Entrain et entre-aide feront-ils bon ménage dans le cœur du public ?