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Dexter, du sang neuf pour les jeudis de Canal +

Tony Cotte
Publié le 24/05/2007 à 00:10 Mis à jour le 16/02/2010 à 14:33

Il est rare de connaître près d’un an à l’avance la grille des programmes d’une chaîne du PAF. En effet, les hertziennes tentent de surprendre leurs fidèles en proposant à chaque saison des événements et restent discrètes quant aux différentes dates de programmation. Pourtant, au milieu de toutes ces combinaisons confidentielles, celles de Canal + font leurs preuves mais restent malgré tout prévisibles.

Ainsi, les jeudis de la chaîne cryptée se suivent et se ressemblent. Depuis maintenant deux saisons, les ménagères de Desperate Housewives enchantent les abonnés en prime-time dès septembre avant de laisser place à l’homme de la maison, Jack Bauer, et ses interminables 24 heures. Au mois de février, et après une journée étendue sur plusieurs mois, ce dernier prend un repos forcé et donne le relais à Vic Mackey et sa Strike Team pour terrifier les malfrats de The Shield jusqu’en mai. Puis, avant un détour par Rome, les téléspectateurs ont pu, l’an dernier, assister aux horreurs de la guerre en Irak à travers Over There. La série ne comptant qu’une saison, Canal + se devait de trouver une nouveauté d’envergure pour ce printemps. Et c’est chose faite, depuis le 17 mai dernier, avec Dexter, le serial-killer de serial-killers !

Lancé sur Showtime à la rentrée dernière, Dexter a attiré pour sa première 600 000 curieux, soit la deuxième meilleure performance pour un pilote de la chaîne câblée américaine, derrière celui de The L Word en 2004. Au fil des épisodes, l’audience n’a eu de cesse d’augmenter à l’instar de la sympathie du public pour le personnage principal. Car si Dexter Morgan est un employé talentueux, discret et introverti du service médico-légal de Miami, c’est pour mieux travestir son côté obscur. En réalité, il est tueur en série et exerce ses tortures sur ceux qui le méritent... selon lui. Ses victimes sont ainsi des assassins, des violeurs et autres pédophiles.

Œil pour œil, dent pour dent, Dexter rend justice lui-même mais sa volonté semble davantage caractérisée par le plaisir de tuer que d’appliquer la loi du Talion. Et chaque jour, notre vengeur non-masqué se doit de paraître serviable dans les rares rapports qu’il entretient avec autrui et d’être au-dessus de tout soupçon. « Les gens simulent beaucoup de leurs relations avec les autres, moi j’ai l’impression de toutes les simuler », explique t-il en voix-off dès les premières minutes de la série. Mais sa double-vie va prendre une tournure inattendue lorsque qu’il se retrouve aux prises avec un meurtrier qui débite les prostituées avec des méthodes similaires aux siennes. Dexter a désormais une nouvelle obsession : retrouver son alter-égo.

A l’origine, cette production de James Manos Jr est tirée du roman de Jeff Lindsay, Ce cher Dexter. Si les adaptations cinématographiques ou télévisuelles sont souvent décevantes, l’auteur semble satisfait de celle-ci : « en voyant le pilote, j’ai compris que je ne pouvais rien demander de mieux », affirme t-il dans une interview accordée au magazine Séries TV. Dans un premier temps peu enthousiaste du choix de Michael C.Hall pour incarner son personnage fétiche, Jeff Lindsay a aussitôt changé d’avis en voyant l’acteur à l’écran : « Je n’étais pas convaincu avant d’aller sur le plateau, mais à la première seconde de la première scène où je l’ai vu jouer, je me suis dit : Mon dieu c’est Dexter ! » Le comédien arrive même à faire oublier David Fisher dans Six feet under qu’il a incarné pendant 5 saisons et pour lequel il a été nommé aux Emmy Awards en 2002. Mieux encore, il parvient avec son dernier rôle, à obtenir un plus grand nombre de nominations en l’espace de seulement 12 épisodes aux Screen Actors Guild Awards, Golden Globes ou encore aux Saturn Awards où il a été élu, le 10 mai dernier, « Meilleur acteur dans un programme à la télévision » face à Kiefer Sutherland (24) et Matthew Fox ( Lost).

Reste à savoir si le public français est prêt à adopter cet anti-héros si peu ordinaire, à laisser place à une certaine culpabilité d’apprécier ce tueur en série, de le voir assouvir ses pulsions et de se surprendre à être rassuré dès que Dexter se sort d’une situation qui met en danger le secret sur ses activités extra-professionnelles. Mais un premier indice laisse présager le meilleur pour cette série louée par la critique. En effet, jeudi 17 mai, ils étaient plus d’un million de téléspectateurs à suivre les deux premiers épisodes sur Canal +, une audience nettement supérieure à The Shield, précédemment diffusée dans cette case horaire...

PRESSE TV > Ce qu’ils en pensent  :

 Télé 2 semaines : « Une série noire géniale avec un Michael C. Hall formidable dans ce rôle ambigu »
 Télé Star : « Cette série originale peut être considérée comme une oeuvre à part entière, excellente dans l’interprétation et singulièrement perverse dans le scénario »
 Télérama : « A condition d’en accepter le dérangeant postulat, Dexter est un régal »