Toutelatele

Elisabeth Tchoungui

Alexandre Raveleau
Publié le 22/08/2005 à 00:08 Mis à jour le 09/05/2011 à 14:42

Elle incarne la culture sur la chaîne du savoir, France 5. Après TF1, M6 et Canal J, l’animatrice a rejoint les rangs de France 5 pour les Ecrans du savoir et Ubik nouvelle version. Le 10 juin dernier, la chaîne publique lui confiait un prime time d’avant-goût : Slash.TV ou comment les images numériques révolutionnent le monde des Arts. Sans faire trop de bruits, Elisabeth Tchoungui creuse son sillon dans le genre « cutlivée mais pas chiante » !

Alexandre Raveleau : Alors qu’Ubik a pris ses habits estivaux sur France 5, le sommaire de l’émission semble de plus en plus « décoincé » au fil des saisons. Simple impression ou réelle volonté ?

Elisabeth Tchoungui : Quand on fait de la télévision, c’est quand même pour toucher le plus grand nombre de téléspectateurs. Notre démarche consiste à démontrer que les arts ne sont pas élitistes. On peut aimer la comédie musicale comme une exposition tchèque ! Il faut décomplexer la culture.

Alexandre Raveleau : Quel est l’intérêt de promouvoir la sortie DVD du Jour d’après, blockbuster américain, par exemple ?

Elisabeth Tchoungui : Mais j’adore allez voir des grosses productions ! Je me bats aussi pour que nous continuions la rubrique livre de poche par exemple. Il faut que les gens comprennent que la culture ce ne sont pas forcément des gens qui ont fait Bac +12. Il suffit bien souvent de sortir tout simplement de chez soi. Les émissions qui marchent, ce sont celles qui font justement dans l’éclectisme. Par comparaison, je trouve qu’Arte est encore trop élitiste, même si les programmes restent de qualité.

Alexandre Raveleau : La renaissance d’Ubik s’est-elle traduite en part de marché ?

Elisabeth Tchoungui : L’audience a effectivement doublé depuis la rentrée 2002. C’est surtout un programme qui touche tout le monde, de 15 à 77 ans. Chacun y pioche ce qu’il veut. C’est amusant parce que dans la rue, je me fais héler maintenant ! (rires) Les gens se demandent ce que j’anime... « Lubrique » ?

Alexandre Raveleau : L’habillage est l’une des spécificités d’Ubik. C’est une discipline que vous avez mis également en lumière dans Slash.TV

Elisabeth Tchoungui : Je tiens à signaler que c’est Sébastien Turay qui est à l’origine de tout ça dans Ubik. Pour Slash.TV, le but est de rendre accessible les nouvelles technologies à tous les publics, les plus jeunes comme les adultes. C’est une brèche incroyable ! Le numérique offre des quantités d’ouvertures pour les arts. Selon moi, il s’agit du même phénomène que la musique avait connu avec la techno pour vous donnez un ordre d’idée.


Alexandre Raveleau : Un univers en tout cas très éloigné de la télévision camerounaise, où vous aviez fait votre premier stage en 1994 ?

Elisabeth Tchoungui : On peut dire que c’était épique ! (rires) Je travaillais sur le journal de la chaîne publique. Et il fallait lutter pour partir en reportage... C’était vraiment de la débrouille ! Mon premier jour, le téléphone ne marchait pas, donc on attendait que l’info vienne jusqu’à nous. Et la police de Yaoundé est arrivée pour nous prévenir qu’elle venait d’arrêter une bande de malfrats, recherchés depuis des mois. Nous sommes donc partis avec eux. Et ils avaient juste oublié de nous dire qu’ils en avaient zigouillé trois pour qu’on les filme...

Alexandre Raveleau : S’il y avait une chose à retenir de la télévision africaine ?

Elisabeth Tchoungui : Le manque de moyens est bien souvent synonyme de créativité. Au Burkina Faso par exemple, il y a des sitcoms incroyables. C’est un humour qui dépasse les frontières. Certaines comme Cadi Joli ont été diffusées sur les chaînes AB, d’autres sur TV5.

Alexandre Raveleau : Avec quel animateur pourriez-vous partager l’affiche aujourd’hui ?

Elisabeth Tchoungui : J’ai déjà fait la Nuit blanche avec Guillaume Durand pour France 2. Je ne refuserai pas de travailler avec Thierry Ardisson. Selon moi, c’est l’un des créatifs du moment. Sa recette de Tout le monde en parle est super ! Mais si je vous en dis trop de bien, Marc-Olivier Fogiel va me maudire ! Lui aussi, c’est un vrai bosseur. Nous avions travaillé ensemble sur les Ecrans du savoir pendant six mois. J’aime les gens exigeants.

Alexandre Raveleau : Où en est votre projet d’écriture ?

Elisabeth Tchoungui : Je dois rendre le roman à mon éditeur en septembre (Editions Plon). Ce sera un roman entre l’Afrique et la France, mais pas du tout une autofiction ! Il devrait sortir en janvier 2006.