Toutelatele

Elodie Frégé (Nouvelle Star) : « J’ai un côté espiègle et ironique que le public ne connait pas »

Marion Olité
Publié le 27/11/2014 à 19:36 Mis à jour le 20/01/2015 à 11:14

Plus de dix ans après avoir remporté la saison 3 de la Star Academy sur TF1, Elodie Frégé réintègre un télé-crochet, cette fois en tant que jury. La chanteuse aux mille projets est en effet l’attraction principale de la saison 11 de Nouvelle Star, qui débute ce 27 novembre sur D8. De ses attentes à ses appréhensions, en passant par sa relation avec le jury ou avec Jenifer, la star s’est confiée à Toutelatele.

Marion Olité : Avez-vous été tout de suite emballé quand on vous a proposé de participer au jury de Nouvelle Star ?

Élodie Frégé : Je n’ai pas dit oui tout de suite pour des raisons de planning. Je devais tourner un film, faire une pièce de théâtre, rallonger ma tournée ou continuer avec un autre album. J’avais donc différents projets en tête. Et je suis très lente à la détente (rires) ! Je mets beaucoup de temps à répondre aux sollicitations. J’ai même raté des choses à cause de ça, mais j’ai besoin d’avoir un temps de réflexion. Pour Nouvelle Star, il y a quelque chose qui m’émoustillait là-dedans : le fait de découvrir des gens, de partager des moments spontanés et authentiques avec des artistes en devenir, mais aussi avec le jury. Je me suis tout de suite très bien entendu avec eux. Je me suis décidée grâce aux gens de Fremantle qui produisent l’émission, et à Ara Aprikian de D8. Ils m’ont parlé de musique, et du fait que j’étais auteur/compositeur, que j’avais tracé un chemin personnel. Ces gens savaient à qui ils avaient à faire. Ils ne m’ont pas juste dit « T’es jolie, les gens t’aiment bien. La France sera contente de te revoir à la télé ! », comme certains peuvent le faire. Je trouve ça très vulgaire.

Pensez-vous dévoiler de nouvelles facettes de votre personnalité encore inconnues du grand public avec Nouvelle Star ?

Les gens de Fremantle savaient effectivement que j’avais un côté un peu espiègle et ironique que le public ne connait pas. Je peux être un Pierre Richard aussi de temps en temps (rires). Quand on me voit très apprêtée comme ça, on se dit « La fille, c’est Jessica Rabbit », mais je trébuche souvent aussi ! J’écris des chansons mélancoliques et sensuelles, mais j’adore l’humour, depuis que je suis toute petite. Je n’étais pas la plus jolie de la famille, j’avais le look de la première de la classe. Du coup, j’ai pris la place de gai luron de la famille. Je faisais marrer tout le monde. J’ai gardé ce côté rentre-dedans et pleine d’humour avec le temps, tout en embrassant ma féminité. Il y a un contraste entre les deux, que je ne maîtrise pas vraiment (rires).

N’avez-vous pas un peu peur d’être réduite à la femme fatale de ce nouveau jury ?

Je n’ai pas pensé à ça. J’adore être comme je suis maintenant. Je suis bien dans mes pompes. Je n’arriverai jamais en jogging et baskets à un rendez-vous de toute façon ! Ce n’est pas moi. Et si je ne suis pas moi, je ne vois pas l’intérêt de faire ce programme.

Pour Nouvelle Star, avez-vous demandé conseil à Jenifer que vous aviez assisté dans The Voice ?

Non, c’était un bon moment d’ailleurs avec elle, un peu court. Je l’avais fait pour l’expérience et pour lui faire plaisir. Ça m’avait touché que Jenifer pense à moi comme quelqu’un qu’elle admirait, et avec qui elle partageait assez de choses pour que l’on vive ce moment ensemble. On ne se connait pas beaucoup, mais il y a quelques jours, elle m’a envoyé un message pour me dire « J’ai vu que tu faisais Nouvelle Star, tu vas voir, tu vas t’éclater ! C’est pas le même programme que The Voice mais je suis sûre que tu seras super. » Elle était contente pour moi, et elle m’a même dit qu’elle regarderait Nouvelle Star cette année (rires).

« Je suis dure parce que je ne veux pas faire souffrir les gens inutilement »

Le fait d’avoir participé vous-même à un télé-crochet, Star Academy, vous a-t-il donné envie de découvrir l’autre côté du miroir ?

Ça ne m’a pas encouragé à y aller, mais je sais que l’on a pensé à moi aussi parce que je suis passée par là, et que j’en ai fait quelque chose. Maintenant, je peux le dire (sourire). J’ai ouvert une porte via la Star Ac’ et je l’ai refermé. Puis j’ai tracé ma route en gardant bien tout ce que le programme m’avait apporté. J’ai laissé de côté les aspects négatifs et oppressants. C’est un biais comme un autre et je trouve que je m’en suis bien tirée. Je ne me sens pas redevable.

Pensez-vous que vous allez être plus indulgente avec les candidats étant donné que vous avez été à leur place il y a longtemps ?

Je sais ce que c’est. Je suis une grande émotive. Quand j’étais plus jeune, rien que pour passer mes examens de guitare, c’était l’enfer. Je ne pouvais pas jouer. J’avais des trous de mémoire énormes sur les paroles. Je pense que c’est aussi pour ça que j’ai choisi ce métier. J’ai voulu dépassé un handicap énorme. Je suis admirative des gens qui se présentent devant nous. Quand je vois une Lana Del Rey qui se fait critiquer... Ça se voit qu’elle a peur ! C’est son premier concert. Ça ne veut pas dire que ce n’est pas une artiste, mais qu’elle doit canaliser son trop plein d’émotion. Je vais lui passer un coup de fil (rires). Même aujourd’hui, parfois je n’arrive pas à chanter mon premier titre de la soirée sur scène sans trembler. Je pense que je ne changerai pas. Pour en revenir à ceux qui se présentent devant nous, je ne sais pas si j’ai été plus indulgente. Quand vraiment ça ne va pas, je pense qu’il faut savoir dire non.

Avez-vous eu cependant du mal à dire non aux candidats ?

J’avais peur d’être maladroite. J’ai tendance à m’exprimer beaucoup mieux à l’écrit qu’à l’oral. J’avais peur que ça sorte mal. En tout cas, je suis exigeante. André Manoukian m’a fait la réflexion une fois. Il m’a dit : « Ah dis donc, tu es dure !  ». Je le suis parce que je ne veux pas faire souffrir les gens inutilement. Les épreuves du théâtre sont très dures si vous n’êtes pas prêt. Certains arrivent aux castings en étant déjà au bout du rouleau. Quand il y a un vrai talent, une voix, une musicalité, on leur donne leur chance. Il faut bien peser les choses. Et quand je dis non, j’essaie d’être délicate. Parce qu’on peut nous dire des choses très humiliantes pendant des castings.

Ce genre d’expérience vous est-elle déjà arrivée ?

Oui, et je ne l’ai pas vu que sur moi. Je me souviens du temps de la Star Ac’, de ces debrief du dimanche où Raphaëlle Ricci devait nous dire les choses les plus violentes. Elle essayait de nous marquer. Parfois ça marchait, et parfois pas du tout, et je me suis écroulée. Donc il faut rester exigeante, mais délicate et bienveillante. C’est très facile de bousiller un moment de vie de quelqu’un, d’autant plus qu’un artiste a énormément de sensibilité et de fragilité.

Partie 2 >Sa relation avec le jury et ses souvenirs de la Star Academy


D’ailleurs, on vous voit pleurer dans les premières images de Nouvelle Star. Vous y attendiez-vous ?

Je n’ai pas pleuré très souvent, une ou deux fois peut-être. Sur la scène qui a été diffusée, je m’en souviens bien parce que je voulais absolument me retenir ! Plus tu te retiens et plus ça monte. La candidate était une petite meuf au look de secrétaire des années 60 un peu coincée. Et puis elle s’assoit au piano et chante « Désert » d’Émilie Simon. C’est une de mes chansons préférées. C’est sensuel, beau et bien écrit. Elle chantait très simplement, sans aucun effet, et il n’y avait pas besoin de plus. Elle nous a livré cette chanson pleine de mélancolie et d’amour, de façon très généreuse. Je n’ai pas pu me retenir. Être aussi simple et intense à son jeune âge, c’était fou. Ça me fait penser aux papiers-cadeaux : parfois, il y a de super emballages. On a le package total de la Nouvelle Star : la bonne guitare, le bon style, la bonne voix parlée, mais tu déballes le paquet et il n’y a rien. Et elle, c’était un joyau caché dans du papier journal.

Recherchez-vous un profil de candidat en particulier ?

J’ai tendance à ne rien préparer et à ne m’attendre à rien. Je suis faignante (rires). J’aime aussi être surprise. Je connaissais l’émission et j’ai regardé des épisodes de la dernière saison. J’avais flashé sur Mathieu tout de suite. Je crois que j’ai quand même du nez (sourire). Je ne m’attends pas à un type d’artiste en particulier. Je ne me disais pas : « La nouvelle star, je veux qu’elle soit comme ci, ou comme ça... ». Je veux quelqu’un qui arrive avec sa petite bulle, la fasse grossir et nous fasse entrer dedans. Je m’attendais à des gens vrais, épris de musique et mots. On a eu pas mal d’auteurs / compositeurs cette année. Je voulais être renversée.

Les derniers candidats de Nouvelle Star n’ont pas vraiment percé. Qu’en pensez-vous ?

Sans doute parce qu’ils avaient trop de personnalité ! Mais j’ai entendu Mathieu à France Inter. Sophie Tith, je ne sais pas, mais le dernier album de Camélia Jordana est magnifique. Évidemment, ils ne vont pas passer sur les grosses radios qui diffusent toujours la même chose. Même moi, avec mon dernier disque, je suis passée sur France Inter, Europe 1 ou RFM, mais ce ne sont pas radios avec une grande rotation de chansons. Et en même temps, je ne vois pas NRJ diffuser ma musique. De toute façon, quand j’écoute la radio, je m’ennuie : on passe toujours les mêmes hits, les mêmes personnes. J’ai l’impression que les programmateurs n’ont pas d’ambition. Pourquoi ne pas prendre une heure dans la journée pour passer des artistes en développement ?

Est-ce aussi la réputation de Nouvelle Star, centrée sur la musique et appréciée des pros, qui vous a fait choisir ce télé-crochet et pas un autre ?

Oui, et en même temps, je n’ai jamais eu dans mes projets de faire un autre télé-crochet. Effectivement, l’émission est vraiment centrée sur la musique. Il n’y a pas de drames et de mises en scène avec un grand-oncle malade qui arrive pour embrasser un candidat sur le plateau, ou le chien qui est mort pendant les castings... (rires). C’est beaucoup plus brut que ça. Je trouve que Nouvelle Star est assez « roots ». Elle est plus proche de notre métier, de l’ambiance en studio ou en tournée.

« Je ne ferai jamais Danse avec les stars ! »

Comment s’est déroulée la collaboration avec les autres membres du jury ?

Très bien. On est tous des bons vivants et des gens assez sensibles. Yarol est quelqu’un de très animal, de très brut de décoffrage. Quand il a envie de dire quelque chose, il le fait savoir tout de suite et avec force. C’est un homme très honnête, que j’apprécie beaucoup. Et un grand musicien. Avec André, ça a été une super rencontre. On n’arrête pas de rigoler ensemble. Il est complètement lunaire. Il plane à des kilomètres au-dessus de la stratosphère ! Sinclair peut paraître un peu froid de prime abord, mais c’est parce qu’il est hyper exigeant. Il ne supporte pas la fabrication de fausses émotions. Moi non plus d’ailleurs. À un moment de ma carrière, j’ai dû en rajouter des caisses, de la meringue, de la tristesse... Maintenant, je n’accepte que des chansons qui me correspondent. Bref, on supporte tous mal la fabrication d’éléments. Ça parasite la musique. Et pour en revenir à Sinclair, c’est un grand sensible en fait. Et comme je suis une éponge à émotions, je sens quand ça lui plaît et en même temps, je vois qu’il reste stoïque (rires).

Commencez-vous à appréhender les primes en direct ?

Pour le moment non, mais je pense que je vais appréhender une semaine à l’avance. Je me demande comment ça se passe et surtout je ne suis pas maîtresse de mes émotions. Et en live, tout est plus fort. Il y a une ambiance de concert. Et puis on a une responsabilité. Ça va être éprouvant, je pense, mais je vais prendre beaucoup de plaisir à voir les candidats chanter. Le moment à la Gaîté lyrique, où on va les entendre pour la première fois, m’intrigue aussi. C’est dur de tenir un concert. Je pense que je vais être indulgente pour cette épreuve.

Quels sont vos projets pour les mois à venir ?

J’ai des envies de cinéma, qui est mon deuxième amour après la musique. J’ai la chance d’avoir un bon agent dans ce domaine, le même que Romain Duris. Il m’a encouragé à faire du cinéma. Je n’y pensais pas au début. Je trouve ça dur de dire des mots que l’on n’a pas écrits. Et j’avais un problème avec la caméra. Finalement, j’ai commencé par un petit rôle que m’avait donné François Ozon sur Potiche et puis j’ai tourné dans L’art de la fugue, qui sort en mars 2015. Une fois que j’y suis, je prends du plaisir. En tant qu’artistes, on est tous capables de faire plusieurs choses. Quand j’étais petite, je voulais être peintre, créatrice de BD ou illustrer des livres pour enfants. Finalement, je me suis tournée vers la musique, et j’ai dansé pendant douze ans. Pour en revenir à mes projets, je vais me remettre à écrire des chansons, peut-être finir un album rapidement pour une fois (rires). On reprend les live de Nouvelle Star en janvier. Après, j’ai d’autres choses en route, comme du théâtre. J’ai aussi envie de reprendre la danse. Ça fait partie de ma vie.

Ne seriez-vous pas tentée par une participation à Danse avec les stars ?

Je ne ferai jamais Danse avec les stars ! Ça fait des années qu’ils me le demandent, mais c’est encore un concours. Je ne me vois pas redevenir une bête à concours sur TF1. C’est bon, j’ai déjà donné ! Je ne veux plus me retrouver dans cette situation. C’est trop dur sur tous les plans. C’est vraiment les jeux du cirque. Le programme est sympathique au demeurant, mais je ne veux pas être confrontée à d’autres artistes. Je trouve ça un peu humiliant. J’adorerais refaire de la danse, mais ce sera sans les caméras !