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Eric Braeden (Les Feux de l’amour) : « Il m’arrive d’être en désaccord avec les scénaristes »

Claire Varin
Publié le 21/11/2013 à 13:57 Mis à jour le 05/12/2013 à 18:04

Cette année 2013 a marqué le quarantième anniversaire des Feux de l’amour. Venu au Festival de Monte-Carlo pour promouvoir le soap opera Eric Braeden, alias Victor Newman, a fait le point sur le feuilleton et son personnage.

Claire Varin : Êtes-vous encore surpris par ce que les scénaristes font vivre à Victor Newman ?

Eric Braeden : De temps en temps. Il arrive également que je sois en désaccord avec eux. Mais en tant qu’acteur, ma responsabilité est de jouer ce qu’ils ont décidé.

Melody Thomas Scott a dit qu’elle détestait Nikki. Avez-vous les mêmes sentiments envers Victor ?

Parfois, je n’aime pas ce qu’il fait. Mais j’apprécie particulièrement la complexité de mon personnage. Victor a de nombreux défauts, et c’est un plaisir de l’interpréter. C’est aussi un homme combatif. Il a un sens de la famille que je partage. Il a beaucoup d’enfants et s’est marié de nombreuses fois. Il est très riche et peut se permettre de subvenir aux besoins de ce petit monde. Pas moi.

Quelles sont, pour vous, les évolutions majeures du feuilleton depuis quarante ans ?

À l’évidence, il y a de grandes difficultés financières dans l’industrie. C’est la même chose partout dans le monde. Les budgets sont de plus en plus réduits. C’est inévitable, il faut faire avec. Tout en essayant de faire le mieux possible.

Ces conditions sont-elles devenues difficiles pour vous ?

Oui, parce que parfois on tourne plus d’épisodes dans un temps très court. Il y a quelques semaines, j’ai battu mon record. J’ai joué soixante-deux pages de textes en une seule journée. Ça fait beaucoup de textes à mémoriser. Et tout va de plus en plus vite. On fait une prise, parfois deux. C’est tout. Ce changement de rythme est la seule chose que je n’aime pas dans ce travail.

Pensez-vous que le soap opera peut encore se réinventer ?

On me demande souvent pourquoi Les Feux de l’amour a autant de succès. Pour moi, le soap opera continue d’exister uniquement parce qu’il aborde les problèmes des vraies gens et de vraies émotions. Et Les Feux de l’amour font ça très bien. Dès que vous êtes dans un genre fantastique, les émotions et conflits doivent être réels. On le voit avec de gros films à succès comme Star Wars ou Superman. Mais ce genre ne m’intéresse pas du tout. J’ai besoin de choses vraies. Ce sont les Français qui ont fait ça les premiers avec Truffaut et Godard. Ils ont commencé à traiter des vraies émotions dans leurs films. Dans Les Feux de l’amour, on parle des relations humaines, des relations père-fils, père-fille, etc. En plus, à la différence des films et des séries de prime time, qui ont un début et une fin, le soap avance sans fin. Nous sommes donc plus proches de la vie.

« Il est possible que je joue Victor Newman jusqu’à la fin de mes jours »

Pourquoi continuez-vous à évoluer dans ce soap ?

Pour l’argent. Et parfois, il faut savoir aller aux négociations.

Avez-vous déjà envisagé de quitter Les Feux de l’amour ?

Ça m’est arrivé quelques fois, mais seulement pour de courtes périodes.

Vous imaginez-vous interpréter Victor Newman jusqu’à la fin de vos jours ?

Qui sait ? C’est possible…