Toutelatele

Eric Buron (Directeur de production de Fort Boyard) : « J’ai les yeux grands ouverts à chaque instant ! »

Publié le 23/08/2014 à 19:16 Mis à jour le 03/09/2014 à 18:55

En plein tournage de l’avant dernier numéro de la saison de « Fort Boyard », Éric Buron, directeur de production depuis 15 ans de jeu d’aventures de France 2, a reçu Toutelatele sur le « plateau de pierres ». Des souvenirs de son arrivée en tant que simple candidat en passant par les coulisses du show, l’homme passionné se souvient de Jacques Antoine, le papa du Fort, et des différents jeux d’aventures qui ont marqué le petit écran.

Toutelatele : Quel est votre rôle exact sur le Fort depuis toutes ces années ?

Eric Buron : Je suis directeur de production depuis maintenant quinze ans. Je coordonne aujourd’hui tous les corps de métier. Mais la première année, je suis arrivé en tant que candidat. Puis, je suis passé par les différentes étapes sur le Fort. L’idée étant de faire avancer ce « plateau de pierres ».

Quel souvenir gardez-vous de cette première expérience sur Fort Boyard ?

La toute première fois que je suis arrivé sur le Fort en tant que candidat, on m’a bandé les yeux. A l’époque, on n’avait pas le droit de découvrir le Fort et ses entrailles. Je me suis donc retrouvé dans la loge avec Patrice Laffont. J’ai découvert le Fort les yeux bandés, mais, aujourd’hui, j’ai les yeux grands ouverts à chaque instant !

Et depuis 25 ans ont passé... Que vous inspire cet anniversaire ?

Je prends toujours le même plaisir, la même émotion. Le Fort n’est jamais le même, quelque soit les éléments c’est un endroit sublime, de jour comme de nuit. Et depuis 25 ans maintenant, on a ce bel outil de travail, un outil extraordinaire non seulement au niveau des infrastructures, mais aussi de la logistique. On est une petite poignée depuis 25 ans. La plupart des techniciens sont fidèles à cette production. On a cette chance. Et on commence à récolter toutes les années et les efforts consacrés par l’ensemble des techniciens.

Quelles sont les spécificités pour les tournages des versions internationales ?

Beaucoup de choses changent, car les comportements et les mentalités sont différents en fonction des pays. Seuls restent les personnages emblématiques, ceux qui ne parlent pas. En fait, lorsque l’équipe internationale arrive, elle s’appuie sur toute la logistique et l’installation technique. Ils viennent avec les candidats, le staff animation, et le cas échéant leur propre Père Fouras.

Peuvent-ils apporter des idées sur de nouvelles cellules ou épreuves ?

Non, ils récupèrent les idées en place. Les cellules de jeu restent les mêmes, mais ils apportent leurs propres personnages parlants. Certaines productions fonctionnent par contre en duel. Seuls les formats changent. En France, il s’agit du plus long avec 1h40. Le plus court dure 26 minutes.

Le format s’exporte-t-il toujours aujourd’hui ?

On co-produit encore dans 32 pays, mais Fort Boyard a été diffusé dans beaucoup plus. Cette année, on tourne avec la Suède, le Québec, le Maroc, l’Angleterre où il y a une version enfants en plus de la version adultes. Après le Maroc et d’autres pays émergents comme le Mexique, la Chine, le Brésil sont intéressés, tout comme les États-Unis. On n’a qu’une hâte, c’est de pouvoir partager ce produit purement français avec eux.

« Fort Boyard est devenu un mot générique à travers le monde »

Comment expliquez-vous ce succès à l’international ?

Fort Boyard est devenu un mot générique à travers le monde, il a une image internationale, il est devenu l’emblème de la Charente-Maritime... Tout le monde adhère et aime ce lieu, et c’est un véritable plaisir de le partager avec les téléspectateurs du monde. Les produits français sont reconnus à travers le monde. Le fait d’avoir une émission française qui dure dans le temps interpelle les producteurs étrangers. Fort Boyard a fait ses preuves, et c’est pour cette raison qu’aujourd’hui on récupère d’autres diffuseurs dans les pays émergents.

De quoi faire la fierté de Jacques Antoine, le papa de Fort Boyard, décédé en 2012...

Oui, et j’ai eu la chance de connaitre Jacques Antoine et d’avoir travaillé avec lui pendant 25 ans. Que ce soit sur Fort Boyard, mais également Le Trésor de Pago-Pago (TF1) et La piste de Xapatan (Antenne 2).

Partie 2 > Le trésor de Pago-Pago, La piste de Xapatan, Koh-Lanta et le devenir du Fort


Quel souvenir gardez-vous du Trésor de Pago Pago ?

De super souvenirs ! Il s‘agissait d’une belle aventure aquatique aux Bahamas. Il y avait une énorme cascade de perles et une salle de trésor aquatique sous la mer. Les décorateurs avaient même créé un village de pêcheurs avec des totems. C’était gargantuesque !

Même constat pour La piste de Xapatan ?

Oui, de très bons souvenirs aussi ! C’était vraiment une très belle idée et une belle aventure. C’est dommage que cela se soit arrêté aussi vite.

Pourrait-on imaginer un retour de La piste de Xapatan ?

Non, Fort Boyard est le dernier gros jeu d’aventure actuellement engagé et je ne pense pas que d’autres chaines télé puissent produire d’autres formats de ce type de nos jours. Tout va trop vite aujourd’hui, ce sont des productions très coûteuses, des machines de guerre auxquelles il faut laisser le temps au temps pour pouvoir arriver à faire aboutir un produit comme celui-ci. Et cela n’a pas été le cas pour Xapatan, Pago Pago et encore moins pour Les Forges du désert.

Koh Lanta est-il donc le digne successeur de ces jeux ?

Koh Lanta et Fort Boyard sont les deux grands jeunes d’aventures de la télévision, et c’est la même maison (Koh-Lanta est également produit par ALP, ndlr). Ça nous fait rêver aussi. Ce sont nos copains ! On sait ce qu’ils endurent et ce qu’ils vivent !

Jacques Antoine aurait-il pu inventer Koh-Lanta ?

Oui c’est sûr ! Jacques était un précurseur et avait une idée à la seconde. Le Fort est son bébé, on a réussi tous ensemble à le faire évoluer. Maintenant, l’objectif est d’être dans la continuité pour lui et pour nous, pour tout ceux qui aiment le Fort, pour le département de la Charente-Maritime et France Télévisions qui, depuis 25 ans, nous a toujours fait confiance. Et puis, pour tous les fans ! On est très reconnaissant du succès de cette émission.

« Fort Boyard est copié à travers le monde, mais jamais égalé »

Fort Boyard est-il reparti pour 25 ans d’antenne ?

J’aimerais bien, ne serait-ce que pour les enfants des techniciens, et tout ceux qui viendront par la suite. On avance tous ensemble... Nous formons une famille, et le Fort est une institution. L’objectif pour chacun d’entre nous est d’avoir une continuité, de transmettre le bébé à deux ou trois nouveaux techniciens chaque année, pas plus, car les anciens sont là et s’attachent à ce site insolite. L’idée est de passer le relais comme il faut, en laissant derrière nous quelque chose de propre et fonctionnel, qui puisse s’inscrire dans la continuité.

Le Fort a cependant vécu des menaces de fermeture après quelques remous d’audience...

Oui il y a eu des phases... Chaque année, il faut se renouveler, se remettre sans cesse en question, par rapport aux cellules, aux résultats, au retour des blogueurs ou autres. L’ensemble est assez compliqué au niveau artistique. Mais nous remarquons que Fort Boyard est copié à travers le monde, mais jamais égalé.

Que va t-il se passer selon vous quand le Fort devrai définitivement fermer ses portes ?

Il se passera forcément quelque chose, car il a une image internationale, c’est l’image d’un département, d’une région. J’espère qu’il y aura une continuité. Si jamais l’émission devait s’arrêter, j’espère qu’on pourra faire visiter le Fort à tout ceux qui en rêvent...