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Esprits Criminels > Mandy Patinkin dit tout avant son départ de la série

Katia Blétry
Publié le 19/07/2007 à 14:26 Mis à jour le 11/04/2011 à 17:17

Au cours du 47eme Festival de Television de Monte-Carlo, Mandy Patinkin s’est distingué non seulement pour ses vocalises improvisées lors du dîner de gala mais également pour son franc parler. Considéré par les différents journalistes comme un des meilleurs orateurs lors du festival, l’acteur defraye actuellement le petit monde des séries en claquant la porte d’Esprits Criminels. Retour sur une interview accordée à Toutelatele.com, quelques jours avant l’annonce de son départ de la série...

Katia Blétry : Vous sembliez quelque peu réticent à l’idée de jouer à nouveau dans une série. Pourquoi avez vous changé d’avis pour Esprits Criminels ?

Mandy Patinkin : Dans un premier temps, je ne souhaitais pas accepter la proposition. Je me suis rapidement raisonné et me suis dit qu’il ne fallait pas refuser l’opportunité que m’offrait Mark Gordon, le producteur exécutif. J’ai voulu le rencontrer et nous sommes rapidement devenus amis.

Katia Blétry : La série correspondait-elle à ce que vous souhaitiez ou vos premières craintes se sont-elles confirmées ?

Mandy Patinkin : J’avoue ne pas avoir tout de suite apprécié le pilote mais j’ai quand même voulu tenter l’aventure. Il fallait simplement que je sois patient parce qu’un scénario, c’est un peu comme un enfant : il se développe et prend forme peu à peu. Je n’aime pas la violence donc ce qui m’a principalement intéressé c’est l’aspect psychologique d’Esprits Criminels, le fait d’analyser le comportements.

Katia Blétry : Avez-vous un droit de regard sur les scénarios ?

Mandy Patinkin : Je connais bien les scénaristes. Nous nous concertons beaucoup. Si un élément du script me déplaît, je n’hésite pas à leur en faire part. Parfois, certaines scènes sont si violentes qu’il m’est difficile de les accepter. Je déteste la brutalité. Tous les jours, les médias nous assomment d’images de barbarie et nous avons atteint un stade de non-retour. Lorsque les journaux annoncent la mort de plusieurs soldats en Irak ou une insurrection à Gaza, ça ne touche plus l’opinion publique. Je trouve ça vraiment malheureux.

Katia Blétry : La violence dans une fiction peut également apporter une certaine crédibilité...

Mandy Patinkin : Le problème, c’est qu’aujourd’hui les séries se sentent justement obligées d’aller de plus en plus loin dans la violence pour capter l’attention des téléspectateurs. Quelque part, la sauvagerie est devenue d’une banalité affligeante et ça me choque. Voilà pourquoi il m’est arrivé de dire aux scénaristes qu’il m’était insupportable de voir ce genre de scènes dans la série. Et heureusement, ils vont souvent dans mon sens. Nous travaillons main dans la main. C’est une véritable collaboration.


Katia Blétry : Quels sont, selon-vous, les messages qu’Esprit Criminels tentent de véhiculer ?

Mandy Patinkin : Je ne peux pas parler au nom de la série dans sa globalité mais je tente de faire passer certains messages par le biais de mon personnage. Je suis juif et il y a un passage dans la Tora que j’aime par dessus tout. Il explique que si nous sauvons une vie, nous sauvons le monde. C’est un principe que j’essaye de véhiculer tant bien que mal. Je pense également que le monde vit dans la peur et se cache derrière elle. C’est d’ailleurs ce qu’explique Al Gore dans un de ses ouvrages. Pourquoi tant de personnes passent leur temps libre à regarder cette violence à la télévision et comment cela se fait-il que les chaînes ne programment pas plus de comédies ou de musique ? Ma théorie est que si les séries comme Les Experts ou Esprits Criminels ont tant de succès, c’est parce qu’elles extériorisent cette peur en mettant en scène des hommes capables de résoudre les crimes les plus sordides.

Katia Blétry : Est-ce un aspect de la réussite du programme que vous avez du mal à comprendre ?

Mandy Patinkin : Les gens viennent souvent me voir en me disant qu’ils aiment la série mais je leur demande souvent pourquoi (rires). J’ai posé cette question la dernière fois à un homme de 70 ans qui était fan d’Esprits criminels et il m’a expliqué que les Etats-Unis avaient mauvaise presse de nos jours. Notre pays a perdu sa crédibilité aux yeux du monde notamment à cause de son irrespect de la convention de Genève à Guantanamo. C’est notre travail en tant que citoyen américain de réparer les erreurs commises et d’améliorer notre image. Dans la série, mon personnage a un rapport humain avec les criminels qu’il interroge et c’est ce que la série met en valeur.

Katia Blétry : Pour préparer votre personnage, vous auriez rencontré de vrais profilers comme Jim Clemente. Quelle expérience en tirez-vous ?

Mandy Patinkin : Je m’en suis fortement inspiré pour interpréter mon personnage. C’est une des personnes les plus extraordinaires que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Il est allé à Guantanamo pour interroger les prisonniers et les a traités avec dignité et respect. Il a demandé à ce qu’on enlève leurs chaînes et leur a fait apporter de l’eau. Il s’est comporté de la manière la plus humaine qu’il soit et les a écoutés avec la plus grande attention. Il a beaucoup communiqué avec eux et a tenté de comprendre qui ils étaient, pourquoi étaient-ils là et ce qui était arrivé. C’est de cette façon qu’on peut rapporter les informations nécessaires. Dans Esprits Criminels, les profilers procèdent de cette manière et c’est ce point en particulier qui me plaît et qu’apprécie le public.